| LAZARONE, LAZZARONE, subst. masc. Napolitain du peuple, oisif et nonchalant. La dernière classe du peuple à Naples est célèbre, dans toute l'Europe, sous le nom de lazzaroni. Ce mot vient de lazzari, nom qu'on leur donnait à cause de leur nudité (Stendhal, Journal,1811, p. 155).Pensez-vous donc que le métier de lazzarone soit un métier d'honnête homme? − Il n'y en a pas de plus honnête; on n'est ni maître ni valet; on ne dépend que de soi; on ne travaille que lorsqu'il y a urgence, et il n'y a jamais urgence, tant qu'on a un bon soleil (Janin, Âne mort,1829, p. 107).Melons d'eau que l'on fend, que l'on débite en tranches rouges dans lesquelles tous les lazzaronis qui lézardent au bord de la mer mordent à belles dents en faisant de l'œil aux femmes et aux filles grasses et rieuses, étalées sur les coussins des fiacres et des calèches (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 96).Prononc. et Orth. : [ladzaʀ
ɔn(e)] et [laza-]. Ac. dep. 1878, Littré : lazarone; Rob. : -z- ou -zz-; Lar. Lang. fr. : -zz- ou -z- Plur. it. -ni ds Ac., Littré, Rob., mais -ni ou plur. francisé -rones [-ʀ
ɔn] ds Lar. Lang. fr., -nis supra ex. de Cendrars. Étymol. et Hist. 1782 lazzaron (S. Mercier, Tableau de Paris, t. 3, p. 65); 1783 plur. lazzaroni (Id., ibid., t. 8, p. 5). Empr. à l'ital.lazzarone « homme de condition misérable [à Naples] » (dep. fin xviiies., Fabbroni ds Batt.), dér. augm. du napolitain laz(z)aro « gueux, mendiant », de Lazzaro, nom ital. de Lazare (cf. lazaret et ladre). Fréq. abs. littér. : 42. DÉR. Lazaronisme, lazzaronisme, subst. masc.Tendance à l'indolence caractérisant le lazarone. Elle demeura quelque temps amollie, détendue, dans une délivrance de ses idées, un paresseux lazzaronisme d'âme (Goncourt, MmeGervaisais,1869, p. 37).− [la(d)zaʀ
ɔnism̥]. Cf. lazarone. − 1resattest. [1841 (Les Français peints par eux-mêmes d'apr. Lar. Lang. fr.)], 1867 (Goncourt, Man. Salomon, p. 238); de laz(z)arone, suff. -isme*. BBG. − Dub. Pol. 1962, p. 329 (s.v. lazzaronisme). - Hope 1971, p. 362. |