| * Dans l'article "LATINISER,, verbe trans." LATINISER, verbe trans. A. − Emploi trans. 1. Donner une forme latine (à un mot, un nom ou un affixe). Tite-Live a latinisé tous les noms étrangers qui entrent dans son Histoire. Beaucoup de nos vieux auteurs qui ont latinisé leurs noms les ont rendus tout à fait méconnaissables (Ac.). Shah-Poor, que les Latins ont latinisé en Saper selon leur folle coutume d'euphonie (Vigny, Journal poète,1857, p. 1364).Jargon napolitain qui porte l'accent et traîne sur la dernière syllabe des prénoms familiers ce qui les latinise comme un chant d'église (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 144): 1. Comment s'appelle le village? Le plus souvent, il porte un nom qui caractérise sa situation géographique accompagné du suffixe gaulois « ialos » latinisé en « ialum » que l'on peut traduire par « terroir »...
Menon, Lecotté, Vill. Fr., 1, 1954, p. 11. 2. Le plus souvent au part. passé a) Soumettre (quelqu'un) à l'influence de la civilisation latine. Ce sont des Grecs latinisés qui construisirent et décorèrent Pompéi (Faure, Hist. art,1909, p. 113).La Gaule a volontiers appris de Rome et lui a beaucoup pris : elle n'a pas été radicalement transformée. L'écroulement de l'empire d'Occident la trouvera latinisée, certes, mais encore profondément celtique (Encyclop. éduc.,1960, p. 9): 2. ... il a toujours existé (...) une radicale différence entre les gens de la rive droite du Rhin et ceux de la rive gauche, latinisés et civilisés infiniment plus vite.
Loti, Vertige mond.,1917, p. 72. b) Faire adopter (à quelqu'un) le rite latin. Grec latinisé (Ac.) : 3. Les chrétiens du Levant (...) ont des formes extérieures de religion très différentes des nôtres. Qu'ils soient schismatiques ou orthodoxes, ils ont des rites à eux. Pendant longtemps, on a essayé de les latiniser.
Barrès, Cahiers, t. 14, 1922, p. 134. B. − Emploi intrans. 1. Connaître le latin; affecter de parler le latin, abuser de latinismes. Ne s'arrêtant plus de latiniser, il [l'écolier limousin, cf. Rabelais, Pantagruel, VI] révèle en ces termes la province de France dont il est natif : − L'origine primève de mes aves et ataves (France, Rabelais,1909, p. 75).Rabelais (...) n'a pas travaillé pour les lettrés de son temps : il aurait dans ce cas rédigé en latin. Il a écrit pour ceux qui ne latinisaient pas, ou guère (L. Febvre, Combats pour hist., L'Homme, la légende, l'œuvre, 1931, p. 261). 2. [En parlant d'un catholique de rite grec] Suivre le rite latin. (Dict. xixeet xxes.). REM. 1. Latinisant, -ante, adj. et subst.a) (Personne) qui connaît la langue et la littérature latines; (personne) qui affecte de parler le latin, qui abuse de latinismes. Comme l'idée de fourmi-lion se retrouve dans beaucoup de langues d'Europe, son absurdité doit sans doute être mise à la charge des latinisants (Gourmont, Esthét. lang. fr.,1899, p. 205).Un pauvre diable de prosodiste latinisant, un chevalier sans gloire du dactyle et du spondée, Nicolas Bourbon (L. Febvre, Combats pour hist., L'Homme, la légende, l'œuvre, 1931p. 252).b) (Personne) qui pratique le rite latin. Grecs latinisants (Littré). 2. Latiniseur, subst. masc.,fam. Personne qui affecte de parler le latin, qui abuse des latinismes. L'accent d'enthousiasme et de fierté des Renaissants français du xviesiècle, face aux latiniseurs et aux italianisants de leur temps (R. Milliex, Le Grec mod., lang. « barbare »,1959, p. 14 ds Quem. DDL t. 7). Prononc. et Orth. : [latinize], (il) latinise [latini:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1551 intrans. « donner une forme latine à un mot, à une tournure » latiniser en françois (B. Aneau [?], Le Quintil Horatian sur la defence et illustration de la langue francoise, 196 [Lyon, J. Temporal] ds Quem. DDL t. 5); 1558 trans. (B. des Périers, Nouv. recreat., XIV ds
Œuvres francoises, éd. L. Lacour, II, 66); 2. 1580 intrans. « affecter de parler latin » (Montaigne, Essais, éd. A. Thibaudet, I, XXVI, p. 209); 3. 1718 « pour les Chrétiens de rite grec, suivre le culte de rite latin » grec latinisé (Ac.); 1840 grec latinisant (Ac. Compl. 1842). Empr. au b. lat.latinizare « traduire en latin », dér. de latinus, v. latin. DÉR. Latinisation, subst. fém.Action de latiniser. a) [Correspond à A 1 supra] Il est possible (...) que Paul, à l'exemple d'un grand nombre de juifs, eut deux noms, l'un hébreu, l'autre obtenu par grécisation ou latinisation grossière du premier (Renan, St-Paul,1869, p. 19).b) [Correspond à A 2 a supra] La latinisation de la Gaule (L. Febvre, Combats pour hist., Temps naissance géogr. ling., 1906, p. 152).− [latinizasjɔ
̃]. Att. ds Ac. 1932. − 1resattest. 1722 « action de latiniser un mot » (P. D. Huet, Huetiana ds Fr. mod. t. 14, p. 289), 1906 « action de marquer d'un caractère latin » (L. Febvre, loc. cit.); de latiniser, suff. -(a)tion*. |