| LARDON, subst. masc. A. − Morceau de lard long et mince servant à larder une pièce de viande; petit morceau de lard, généralement frit, servant à assaisonner certains plats. Mettre des lardons dans un bœuf à la mode (Ac.1935).Il avait baissé la voix, et les lardons qui sifflaient joyeusement dans la marmite la couvraient de leur bruit de friture bouillante (Zola, Ventre Paris,1873, p. 687).Je retirai le civet du feu (...) la sauce fut aux trois quarts renversée sur le carreau avec nombre de lardons et de petits oignons (France, Pt Pierre,1918, p. 127).V. lardoire ex. de Viard. B. − P. anal. 1. Pop. et fam. a) Enfant. Une nourrice portant quatre lardons (Barbusse, Feu,1916, p. 37).Les parents sont bien fiers d'avoir produit un lardon (...) mais lorsqu'il s'agit de l'élever avec un peu d'intelligence, adieu (Montherl., J. filles,1936, p. 954): 1. ... Marcelle (...) a eu un client qu'avait un bébé sur les bras, un petit môme encore tout plissé, (...) il hurlait, (...) eh bien! le père, il gueulait (...) qu'elle le foute dans la cheminée s'il chialait, le lardon, ce n'était pas le moment de rigoler...
Aragon, Beaux quart.,1936, p. 358. Rem. On relève un ex. du fém. lardonne. Des porcs à lunettes se penchaient vers leur lardonne (car on voyait dans la salle [de concert] des enfants de six ans, amenés là sans doute en punition de quelque faute très grave) (Montherl., op. cit., p. 1043). b) Personne obèse et petite. Le vieux lardon se trémousse (...) tout autour de la barrière... il voulait regarder par-dessus... il était nabot (Céline, Mort à crédit,1936, p. 298).Ce bon gros lardon qu'est le petit paysan napolitain (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 95). 2. Emplois techn. a) AGRIC. Pincée de mycélium prise sur des pains de blanc de champignon de couche et introduite dans le fumier servant à sa culture (d'apr. J.-L. Carpentier, Le Champignon de couche, Paris, Baillière, 1971, p. 89). V. aussi champignon ex. 3. b) JEUX. ,,Carte insérée frauduleusement dans un jeu`` (Littré). c) TECHNOLOGIE − ,,Morceau de fer rapporté sur une crevasse formée sur une pièce en la forgeant`` (Barb.-Cad. 1963). Il craignait qu'au bout la soudure ne soit pas nette; (...) je lui ai dit : Si c'est ça que tu crains, mais, mon vieux, j'y collerai un bon lardon (Poulot, Sublime,1872, p. 169).Il est (...) nécessaire de boucher hermétiquement le vide [laissé entre le cadre en cornière et le bord tombé des tôles d'une cloison étanche d'un navire] en y refoulant une cale de forme convenable ou lardon et en matant (Croneau, Constr. nav. guerre, t. 2, 1892, p. 40). − ,,Pièce longue et étroite qui fait partie de la potence dans une montre à roue de rencontre`` (Chesn. 1857). C. − Au fig., vx. Raillerie, sarcasme piquant. Que voulez-vous? nous sommes dans les lazzis, dans les lardons, dans ce qui est éternel en France contre tout pouvoir qui y donne prise (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 7, 1864, p. 182).Le président Devienne lui a répondu [au Prince Napoléon] spirituellement et lui a sanglé en douceur quelques lardons abominables (Mérimée, Lettres duchesse de Castiglione,1869, pp. 112-113): 2. ... le mari n'était déjà plus très jeune, et peu après le bruit vola qu'Ami servait d'enfant de chœur à ce nouvel office que le vieil apostat disait. De quoi les gens faisant maints brocards et lardons.
Tharaud, Chron. frères enn.,1929, p. 161. Prononc. et Orth. : [laʀdɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1erquart xiiies. « petit morceau de lard qu'on introduit dans une viande » (Reclus de Molliens, Roman de Carité, 102, 11 ds T.-L.); 2. 1460-66 « raillerie piquante » (Martial d'Auvergne, Les Arrêts d'Amour, éd. J. Rychner, 41, 74, p. 180); 3. 1713 « carte insérée frauduleusement dans un jeu » (Hamilton, Grammont, 3 ds Littré); 4. 1765 technol. « pièce de métal introduite dans une fissure pour la boucher » (Encyclop.); 5. 1878-79 arg. « enfant » (La Petite lune, no6, p. 2). Dér. de lard*; suff. -on*. Fréq. abs. littér. : 30. DÉR. Lardonner, verbe trans.,,Découper un morceau de lard en (...) lardons`` (Clém. Alim. 1978). − [laʀdɔne], (il) lardonne [laʀdɔn]. − 1resattest. a) 1432 « garnir » (Enq., Arch. Ind.-et-Loire ds Gdf.), b) 1530 « se moquer, railler » (Débat de Charité et d'Orgueil, Poé. fr. des 15eet 16es., XI, 302, ibid.), c) 1803 « lancer des lardons » (Boiste); de lardon, dés. -er. |