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LARDER, verbe trans.
A. − Le plus souvent au part. passé. Garnir (une pièce de viande) de morceaux de lard longs et minces enfoncés dans toute l'épaisseur. Synon. piquer.Larder de la viande dru et menu, la larder de gros lard (Ac. 1835, 1878); larder un morceau de bœuf à la mode (Ac.1935).Les aides recevaient les pièces lardées, troussées, épicées, pour les porter aux fourneaux qui (...) ressemblaient plutôt aux forges de Vulcain qu'à des officines culinaires (Gautier, Fracasse,1863, p. 279).Une savoureuse portion de veau, généreusement lardée, fricassée dans la poêle et garnie de carottes (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 696).
Emploi abs. Un rôtisseur qui larde bien, qui larde proprement (Ac.1835, 1878).
P. anal. Garnir d'ingrédients divers. À la maison on larde les gigots d'échalote et d'ail; le père les aime ainsi (Huysmans, Sœurs Vatard,1879, p. 310).Gigot à la languedocienne (...) lardez toute la chair avec du céleri cuit à moitié dans du bouillon (Audot, Cuisin. campagne et ville,1896, p. 562).
B. − P. anal.
1. Fam. Transpercer, piquer (quelqu'un ou quelque chose). Larder qqn à/de coups de baïonnette, de couteau, d'épée; larder d'entailles, de piqûres. Une voiture de foin que les douaniers lardèrent avec des tiges de fer à toutes les étapes (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 311).Un nid de guêpes (...) J'ai la peau lardée d'aiguillons (Genevoix, Boîte à pêche,1926, p. 170):
1. ... Lampourde et Scapin recevaient les laquais de la belle manière; Lampourde les lardait de sa longue rapière comme des rats, et Scapin leur martelait la tête avec la crosse d'un pistolet... Gautier, Fracasse,1863p. 420.
Emploi pronom.
réfl. indir. Ce bonhomme qui travaillait (...) le soir, à la bibliothèque Sainte-Geneviève, et qui, pour s'empêcher de sommeiller, se lardait le dos de la main à coups de canif (Duhamel, Journal Salav.,1927, p. 69).
réciproque. Dans une obscurité complète (...) les deux hommes se cherchèrent, s'évitèrent, s'étreignirent, en se lardant à coups de lame (Zola, Rome,1896, p. 35).
En partic. Piquer violemment (un cheval, les flancs d'un cheval) des éperons. La main tordait les rênes comme un garot, sciait les lèvres; les longues jambes lardaient le ventre à grands coups d'éperon (Vercel, Cap. Conan,1934, p. 184).Il se tenait à la crinière, lardant son roussin (La Varende, Trois. jour,1947, p. 10).
Au fig. Blesser, irriter. Larder qqn d'épigrammes, de questions, de perfidies, de traits. Mmede Boufflers avait le talent ou la manie des couplets satiriques, alors en vogue; elle lardait son monde à merveille (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 4, 1862, p. 11).Soupe, (...) entêté à obtenir une réponse, insistait, le lardait tout vif d'une obsession de litanies (Courteline, Ronds-de-cuir,1893, 2etabl., I, p. 58).V. allusion ex. 14 et appointer2ex. 3 :
2. ... Marcel (...) nous mettait tous « dans un même sac » (...) nous supposant hypnotisés, invulnérables comme les fakirs (...) quand il nous lardait d'impertinences... Blanche, Modèles,1928, p. 131.
2. Littér. Garnir, décorer de place en place. Albums japonais (...) aux couvertures de papier de toutes les nuances, et gaufrés, et sablés d'or, et lardés de petits carrés d'argent (E. de Goncourt, Mais. artiste, t. 1, 1881, p. 194).Un ciel noir tout lardé de feux blêmes (Leconte de Lisle, Poèmes trag.,1886, p. 93):
3. Cet impénétrable rideau n'a rien de monotone, grâce à la divergence des feuillages, et si nous avons la précaution de le larder de quelques épines-vinettes, on ne pourra jamais y mettre l'œil... Gressent, Créat. parcs et jardins,1891, p. 495.
En partic., gén. péj. Émailler (son style, un écrit) de citations, de mots d'esprit trop fréquents. Larder ses discours, ses écrits de citations, de mots grecs ou latins (Ac.). Il écrivait dans un style prétentieux, bariolé de calembours, et lardé de pédantismes agressifs (Rolland, J.-Chr., Foire, 1908, p. 677):
4. Il aimait (...) feuilleter (...) les œuvres de Sidoine Apollinaire dont la correspondance lardée de saillies, de pointes, d'archaïsmes, d'énigmes, le tentait. Huysmans, À rebours,1884, p. 48.
3. Emplois techn.
a) JEUX. Larder une carte. ,,L'introduire frauduleusement dans un jeu`` (DG).
b) MAR. Garnir (une voile, un morceau de toile à voile) de filins effilochés et enduits de suif pour en faire un tampon servant à aveugler une voie d'eau. Larder une voile. On a travaillé (...) à larder une bonnette pour aveugler la voie d'eau qui pourrait se déclarer (Gaimard, Voy. Islande,1852, p. 137).
c) TECHNOL. Garnir (une pièce de bois) de nombreux clous servant à retenir une couche de plâtre. [Les] clous à bateaux [sont] des clous à grosse tête (...) avec lesquels on larde les bois en contact avec le plâtre pour faciliter son adhérence (Robinot, Vérif., métré et prat. trav. bât., t. 1, 1928, p. 128).
d) TISS. Larder un tissu. ,,Engager à faux la navette dans les fils de la chaîne`` (DG).
e) TYPOGR. Composition lardée. Composition où les caractères différents de ceux du texte de base sont nombreux. Une composition en romain peut être lardée d'italiques, de gras, de petites capitales (Comte-Pern. 1963).
REM. 1.
Lardage, subst. masc.Action de larder. Cette fille de ruisseau (...) au ventre couturé d'une cicatrice violette, opération ou lardage (Arnoux,Rêv. policier amat.,1945,p. 280)Spéc. ,,Introduction du blanc [de champignon], de place en place, dans le compost utilisé pour la culture du champignon de couche`` (Plais.-Caill. 1958). Pour procéder au lardage, le champignonniste fractionne le pain de blanc en petits fragments de la grosseur d'une noix et les introduit dans le compost en soulevant le fumier avec les doigts à une profondeur de 2 à 3 cm seulement, afin de favoriser la pénétration de l'air puis, il appuie le compost pour assurer le contact de l'ensemble (J.-L. Carpentier, Le Champignon de couche, Paris, Baillière, 1971, p. 89).Le lardage avec un blanc issu immédiatement de chambre froide est généralement à l'origine d'un retard d'envahissement (J.-M. Olivier, J. Guillaume, La Croissance mycélienne du champignon de couche et les problèmes qui s'y rattachent ds B. de la Fédération Nationale des Syndicats Agricoles des Cultivateurs de champignons1978, 13, p. 1341).
2.
Lardure, subst. fém.,,Défaut dans un tissu, venant de ce que la navette a lardé la chaîne`` (DG).
Prononc. et Orth. : [laʀde], (il) larde [laʀd]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1155 « introduire (dans une viande) un morceau de lard » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 14119); 1393 « piquer d'ingrédients divers » ici du persil (Ménagier de Paris, éd. Soc. Bibliophiles français, II, 177); fig. 1654 « entremêler » (Cyrano, Pédant joué, 174 ds IGLF : les descriptions de nos écrivains d'aujourd'hui ne sont lardées d'autre chose que des faits d'armes de ces deux gladiateurs [l'Art et la Nature]); 2. 1176-84 « piquer, transpercer » (Gautier d'Arras, Eracle, éd. G. Raynaud de Lage, 3020); au fig. 2etiers xiiies. (Poire, 621 ds T.-L.); 3. ca 1200 p. anal. « garnir » (Escoufle, 2984, ibid.); 4. technol. 1678 mar. larder la bonnette (Guillet, p. 205); 1690 jeux larder une carte (Fur.); 1765 rubanerie, soierie (Encyclop.); id. larder un cheval (ibid); 1794 typogr. copie lardée d'italique (Momoro, Impr., p. 222); 1867 « planter une multitude de clous dans une pièce de bois afin de faire tenir le plâtre qu'on y applique » (Littré). Dér. de lard*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 52.