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LANGUIR, verbe intrans.
A. − [Le suj. désigne une pers.]
1. Vx. et littér. Vivre diminué (par la souffrance, la maladie, les privations) en perdant graduellement ses facultés physiques et intellectuelles. Vous savez bien, François, qu'après la guérison, L'homme languit encore des effets du poison (M. de Guérin, Poésies,1839, p. 67).Vivre seule, on s'en tire, on s'y fait; mais languir seule et fiévreuse, tousser dans la nuit interminable (Colette, Vagab.,1910, p. 77):
1. Elle languit et se meurt d'épuisement (...). Le ciel même de leur Espagne ne sauverait plus cette malheureuse enfant dont les jours sont comptés... Sardou, Patrie!1869, I, 1ertabl., 2, p. 14.
P. anal. [Le suj. désigne une plante, la nature] S'étioler, dépérir. Si vous en retranchez une [une racine], vous voyez languir les branches qui y correspondent (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 261).Un jardinier arrose une plante qui languit (Chateaubr., Natchez,1826, p. 392).
2. P. ext.
a) [La cause de la langueur est extérieure] Demeurer longtemps dans une situation inconfortable qui ronge la santé morale et physique. Languir de chagrin, de désespoir, de douleur, de malheur; languir en captivité, en exil, en prison. On conseilloit à Tibère de faire mourir un de ses anciens amis, qui languissoit en prison (Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 582).On les mit [l'évêque et les prêtres] dans un cul de basse-fosse, où ils languirent quelques semaines, puis on les condamna à être brûlés vifs (Tharaud, Mille et un jours Islam, II, 1938, p. 13).
b) [La cause de la langueur est intérieure] Attendre avec beaucoup d'impatience quelqu'un que l'on désire avoir près de soi, quelque chose que l'on convoite.
Languir après qqn/qqc. Languissant après des boissons fraîches (Blanche, Modèles,1928, p. 83).Vous craignez que la « Ville éternelle » vous semble désormais bien vide et que vous y languissiez après cette femme qui vous y attirait (Butor, Modif.,1957, p. 71).
Languir de qqc. Ce nom, devenu pour moi presque mythologique, de Swann, quand je causais avec mes parents, je languissais du besoin de le leur entendre dire (Proust, Swann,1913, p. 144).
En partic. Languir d'amour, et absol., languir. Être amoureux, souffrir les tourments d'une passion insatisfaite. Hélas! je me lamente, J'appelle, je languis (Hugo, Cromwell,1827, p. 229):
2. Vole [une tourterelle] et que ton pied rose Sur l'arbre ou sur la tour Jamais ne se repose, Car je languis d'amour. Gautier, Émaux,1872, p. 126.
Ne pas languir (fam.). Ne pas rester longtemps à la même place, ne pas rester inactif. Synon. ne pas moisir*.Il a écrit hier qu'il a donné rendez-vous ce matin à Potier. Ainsi, nous ne languissons pas (Balzac, Lettres Étr., t. 3, 1846, p. 337).Je crois que vous me reverrez, sous peu. Je ne languirai pas ici (Rolland, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1473).
Faire, laisser languir qqn. Faire attendre quelqu'un, laisser quelqu'un dans l'attente. Danse bien, va, ne fais pas languir la petite Ledu (Butor, Passage Milan,1954, p. 99).
c) Pop. ou région. (Provence, Savoie). Se morfondre, être malheureux de l'absence de quelqu'un, de quelque chose.
Languir.Je commençais à languir, tu sais (Giono, Regain,1930, p. 165).
Languir de + inf.Ah! Je languissais de t'embrasser! Serre-moi contre toi, voyons! (Pagnol, Marius,1931, III, 2etabl., 1, p. 176).
Se languir.Lui-même, tout seul à Paris, il se languirait pour sûr (A. Daudet, N. Roumestan,1881, p. 83).
Se languir de qqn.Je me languissais de Lewis (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 440).
Se languir de + inf.Et alors, peuchère, il se languit de l'avoir! (Pagnol, Fanny,1932, I, 1ertabl., 2, p. 12).
Se languir que.Dis que tu te languis que je clamse (Musette, Cagayous poilu,1919, p. 3).
B. − P. anal. [Le suj. désigne une chose]
1. Dépérir, manquer de force, de vivacité. Il me pria de nourrir le feu qui languissait. Je jetai quelques morceaux de bois dans le fourneau (France, Rôtisserie,1893, p. 233):
3. le comte : Vous avez vu le roc? le commandant : Parbleu! je n'aime pas les choses qui languissent. Dumas père, Mariage sous Louis XV,1841, III, 20, p. 174.
2. En partic. [Le suj. désigne une forme d'expression, un ouvrage littér.] Comme la conversation languissait (France, Vie fleur,1922, p. 522):
4. On s'aperçoit pourtant, à mesure qu'on avance dans cette lecture, et quand on est sorti du service avec La Fare, que sa narration languit et devient vague, inexacte. Sainte-Beuve, Caus. lundi, t. 10, 1851-62, p. 402.
[P. méton.] J'achève le Rasselas de Johnson, dont l'intérêt languit vite et s'épuise bien avant la fin (Gide, Journal,1943, p. 185).
Prononc. et Orth. : [lɑ ̃gi:ʀ], (il) languit [lɑ ̃gi]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1130 « être abattu par une peine épuisante, affaiblissant le corps et l'esprit », spéc. « souffrir les tourments de l'amour » (Cantique des cantiques, 51 ds T.-L. : d'amors languis [amore langueo, Cant., 2, 5]) : 1288, [ms. A] faire languir (Floire et Blancheflor, 2186, ibid.); 1487 part. prés. adj. « abattu physiquement et moralement » (L. Garbin, Vocab. fr.-lat. ds FEW t. 5, p. 162 a); b) 1280 yex languissans (Clef d'amors, éd. A. Doutrepont, 2037); c) 1869 se languir « se morfondre, s'ennuyer » (A. Daudet, Lettres de mon moulin, Chèvre de M. Seguin, Paris, Bibl. Charpentier, Fasquelle, s.d., p. 41); 2. a) ca 1140 « être abattu physiquement, souffrant, malade; dépérir » (Geoffroi Gaimar, Estoire des Engleis, éd. A. Bell, 3288); 1remoitié xiies. (Ps. Oxford, 87, 9 ds T.-L.); ca 1274 faire languir (A. Le Roi, Berte, éd. A. Henry, 1543); b) mil. xives. « (d'une chose) manquer de force, d'activité » (Bersuire, [Bibl. nat. fr. 20 312 ter] fol. 106 vods Littré); 1606 part. prés. adj. « (d'une œuvre de l'esprit) qui manque de force, de fermeté » (M. Regnier, Satire IX, 60, éd. G. Raibaud, p. 95 : ... un vers trop languissant); c) 1690 « (de végétaux) s'étioler » (Fur.); 3. ca 1465 languir de + inf. « désirer avec impatience » (Folie des gorriers, 512 ds E. Picot, Recueil gén. des Sotties, t. 1, p. 169); 1645 faire languir « faire attendre » (Corneille, Théodore, IV, 2); 1671, 23 mars languir après (qqc.) « attendre impatiemment » (Sévigné, Lettres, éd. Gérard-Gailly, t. 1, p. 234); Du lat. vulg. languire (apr. le vieds TLL s.v. VII, 2, 921, 23, v. aussi Vään. § 313; cf. ital. languire) class. languere « être languissant, abattu; être nonchalant, mou, indolent, languir ». La forme pronom. se languir est due à l'infl. du prov. se langui « s'ennuyer, avoir le mal du pays » (Mistral). Fréq. abs. littér. : 669. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 654, b) 936; xxes. : a) 670, b) 527.