| LANCHE, subst. fém. MAR. [Au xviies., en Espagne et en Amérique latine] Petit bateau de faible tirant d'eau possédant deux mâts gréant chacun une voile carrée, le grand mât étant très incliné vers l'arrière. Les premiers [Bouckmann et Biassou] contractaient des marchés avec les lanches espagnoles (...) et leur vendaient d'avance les dépouilles des malheureux [colons] qu'ils forçaient à fuir [Saint-Domingue] (Hugo, Bug-Jargal,1826, p. 90).Rem. Littré note que le mot ,,se dit encore aujourd'hui [en Espagne] de certains bâtiments de pêche``. Une lanche de pêche de ce port [La Corogne, en Espagne], montée par 21 hommes d'équipage (J. des débats, 30 janv. 1867, ibid.). Prononc. : [lɑ
̃:ʃ]. Étymol. et Hist. 1678 (Colbert à Arnoul, 7 mai in Ordres du Roy, vol. XLIV, p. 243 vo, ms. Arch. de la Mar. ds Jal : Lanches ou doubles Felouques). Prob. empr. à l'esp. lancha « sorte de chaloupe » (1587, lettre d'un amiral de l'Invincible Armada), lui-même empr., de même que l'angl. launch (dep. 1697) et l'ital. lancia (dep. 1642 d'apr. Vidos, p. 457), au port. lancha (ca 1540, Mendes Pinto d'apr. Cor.), forme abrégée de lanchara « petit bateau à rames » (dep. 1515, P. de Faria ds Dalg.), empr. au malais lančár-an « rapide, légère » (pĕrahu lancharan « embarcation légère », ibid.) : v. Cor.; NED et FEW t. 18, p. 78; DEI; Dalg. et Mach. L'hyp. de Vidos, loc. cit. et FEW t. 5, p. 152a (lanche empr. à l'ital. lancia, issu p. métaph. de lancia « lance ») et celle de F. Lecoy ds Romania t. 68, pp. 9-12 (lanche empr. au génois lancia, issu p. métaph. du lat. lancula « petite balance », dimin. de lanx « plateau de balance ») ne rendent pas compte du fait que le mot est d'orig. port. et attesté d'abord dans des récits de voyage en Malaisie. Bbg. Kemna 1901, p. 212. - Vidos 1939, p. 36, 47, 100; pp. 457-458. |