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LABYRINTHE, subst. masc.
I. − MYTH. et HIST. ANTIQUE. Vaste enclos antique comportant un réseau de salles et de galeries, souterraines ou en surface, enchevêtrées de manière qu'on puisse difficilement en trouver l'issue. Le labyrinthe de Lemnos; le labyrinthe de Crète ou dédale. Ainsi le fameux labyrinthe d'Égypte représentait les douze maisons du soleil, auquel il était consacré par douze palais, qui communiquaient entre eux (Dupuis, Orig. cultes,1796, p. 36).Lorsqu'Ariane (...) accompagna Thésée aux portes du labyrinthe pour l'aider à tuer le monstre (Balzac, Physiol. mar.,1826, p. 70).
[P. allus. à la légende du labyrinthe de Crète] Un labyrinthe où, pour se diriger, il n'était pas besoin du fil d'Ariane (Sandeau, Sacs,1851, p. 33).Lamarck a véritablement trouvé le fil d'Ariane du labyrinthe universel (Martin du G., J. Barois,1913, p. 289).
II. − P. anal. [Gén. avec un adj. déterminatif ou un compl. prép. introd. par de précisant l'ensemble désigné (au sing.) ou la nature de ses éléments constitutifs (au plur.)] Ensemble formant un réseau compliqué d'éléments dans lesquels il est possible de se perdre.
A. − Cour. Synon. littér. dédale, lacis.Labyrinthe inextricable, immense, tortueux.
1. [Dans l'espace]
a) [Le labyrinthe concerne une construction] Labyrinthe de corridors, d'escaliers, de chambres; labyrinthe de carrefours; le labyrinthe du métro. En revenant, je me suis perdu dans ce prodigieux labyrinthe d'une ville de 1.500 mille âmes (Michelet, Journal,1834, p. 749).Battant d'un pied pressé, (...) l'écho mort de ce labyrinthe de maisons sans nom et d'hôtels borgnes (Goncourt, Ch. Demailly,1860, p. 343).Mon œil a parcouru ces docks, ce labyrinthe d'entrepôts inquiétants où la taille humaine ne peut s'évaluer (Cocteau, Crit. indir.,1932, p. 130).
SYNT. Labyrinthe de colonnes, de couloirs, de cabinets secrets, de salons, de vestiaires, de galeries; labyrinthe d'édifices, de petites rues, de jetées, de môles, de digues.
b) [Le labyrinthe concerne un paysage naturel ou aménagé] Labyrinthe de chemins, de sentiers, de vallées, de grottes, de rivières; labyrinthe aquatique, lacustre et marécageux, montagneux, souterrain. Labyrinthe de jardins, de vergers, de palais, de ruisseaux, où l'œil se perdait (Lamart., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 208).Ils s'enfonçaient de plus en plus, au milieu d'un labyrinthe de buissons (Zola, Faute Abbé Mouret,1875, p. 1411).V. dédale ex. 3 et Hugo, Rhin, 1842, p. 204.
c) [Le labyrinthe concerne le corps humain] Si nous nous engageons dans l'inextricable labyrinthe du cerveau et des fonctions nerveuses (Carrel, L'Homme,1935, p. 68).Cela exige un cœur, des viscères, tout un labyrinthe de tubes et de fils (Valéry, Variété V,1944, p. 52).
d) [Le labyrinthe concerne des objets accumulés] Comme il traversoit un labyrinthe de câbles, il fut hélé (Chateaubr., Natchez,1826, p. 352).Nous avons circulé dans un labyrinthe de sacs de farine (Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p. 71).
2. [Dans le temps] Labyrinthe d'événements obscurs; labyrinthe d'affaires, d'intrigues. On y retourne dans les songes de la nuit (...) quand on va au bout des labyrinthes du sommeil (Bachelard, Poét. espace,1957, p. 29).Nous réfugier et nous perdre dans les labyrinthes glacés, impersonnels du temps mathématique (Arnoux, Visite Mathus.,1961, p. 50).
B. − Spécialement
1. DÉCORATION EXTÉRIEURE. Petit bosquet aux allées entrelacées formant des méandres compliqués, au milieu d'un parc ou d'un jardin. Le labyrinthe de Versailles; le labyrinthe du Jardin des Plantes. (Dict. xixeet xxes.).
2. ARCHIT. Dallage en méandres du pavement de certaines églises au Moyen Âge. Synon. dédale, chemin de Jérusalem (Dict. xixeet xxes.).
3. ANAT. Système de canaux et de cavités communiquant entre eux (d'apr. Méd. Biol. t. 2 1971). Labyrinthe de l'oreille (interne); labyrinthe membraneux, osseux. Labyrinthe du rein (d'apr. Méd. Biol. t. 2 1971).
4. Labyrinthe optique. Ensemble de petits cabinets enchevêtrés et recouverts de miroirs sur toutes les faces de manière à égarer celui qui s'y est engagé (d'apr. Lar. Lang. fr.).
C. − Au fig. Enchevêtrement inextricable d'éléments d'une grande complexité pour l'esprit. Synon. dédale, imbroglio, maquis.
1. Domaine des instit. ou des créations intellectuelles.Labyrinthe de la chicane, de la jurisprudence, de la loi, des règlements. Mon père me jeta dans le labyrinthe inextricable de ce vaste procès d'où dépendait notre avenir (Balzac, Peau chagr.,1831, p. 88).C'est avec étonnement que je l'ai vu (...) s'enfoncer dans le labyrinthe de la psychiatrie (Duhamel, Terre promise,1934, p. 126).
2. Domaine de l'action.Labyrinthe de difficultés. Cet épineux labyrinthe d'idées ou d'affaires qui font l'existence de l'homme (Michelet, Journal,1858, p. 403).Il parut dire (...) qu'on s'était jeté de gaieté de cœur dans l'embarras et le labyrinthe où l'on était (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 5, 1859, p. 543).
3. Domaine de l'esprit ou du cœur.Labyrinthe des conjectures, des déductions; labyrinthe des contradictions, des erreurs, des incertitudes; labyrinthe de la passion, des sentiments. Elle s'engagerait dans un labyrinthe de vexations et d'iniquités, qui n'aurait plus de terme (Constant, Princ. pol.,1815, p. 142).Ils ne se glorifient pas de leur labyrinthe intérieur (...); ils ne s'y perdent pas (Mauriac, Vie Racine,1928, p. 228).
REM.
Labyrinthé, -ée, adj.,hapax. Qui se présente sous la forme d'un labyrinthe. Des liens invisibles se renouant d'eux-mêmes, artistement tissus, labyrinthés et redoublés (Chateaubr., Mém., t. 3, 1848, p. 227).
Prononc. et Orth. : [labiʀ ε ̃:t]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1418 labarinte « édifice, composé d'un grand nombre de pièces disposées de telle sorte qu'il était difficile d'en trouver l'issue » (Caumont, Voy. d'Outrem., p. 42 ds Gdf. Compl.); 1553 (Du Bellay, Antiquitez de Rome, éd. H. Chamard, II, 8 : Et son vieux Labyrinth' la Crete n'oublira); 2. 1540 fig. labyrinthe (Amadis de Gaule, éd. H. Vaganay, 1erlivre, p. 87); 3. 1677 labyrinthe « (dans un parc) petit bois coupé d'allées entrelacées » (Perrault ds Havard); 4. 1690 anat. (Fur.). Empr. au lat.labyrinthus « bâtiment dont il est difficile de trouver l'issue », attesté au sens fig. dès le b. lat., du gr. λ α β υ ́ ρ ι ν θ ο ς de mêmes sens. Au sens 3 l'angl. labyrinth est attesté dès 1611 ds NED; le fr. utilise le mot dedalus en 1477 : Extraits des comptes et mémoriaux du Roi René, éd. A. Lecoy de la Marche, p. 92, no253. Fréq. abs. littér. : 584. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 081, b) 698; xxes. : a) 593, b) 829. Bbg. Zographakis (G.). Labrys et labyrinthe. Salonique, 1933, pp. 1-23.