| LÉGER, -ÈRE, adj. I. A. − 1. Qui a peu de poids par rapport à un ensemble d'objets de poids comparable. Anton. lourd, pesant.Léger de, léger en poids. La truffe est un aliment facile à mâcher, léger de poids, et qui n'a en soi rien de dur ni de coriace (Brillat-Sav., Physiol. goût,1825, p. 100).Bien que la jeune miss fût légère, il m'eût été absolument impossible de la transporter (Toepffer, Nouv. genev.,1839, p. 353): 1. Mes pauvres os sont creux, légers comme des plumes − Au-dedans et au-dehors il n'y a que du vide − Oui! tout est vide et flottant, hors de cette affreuse tête de plomb.
Bernanos, MmeDargent,1922, p. 6. − Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. Non seulement le lourd et le léger contituent pour notre conscience des genres différents, mais les degrés de légèreté et de lourdeur sont autant d'espèces de ces deux genres (Bergson, Essai donn. imm.,1889, p. 48). − Locutions ♦ Être léger d'argent (vx). Manquer d'argent. P. anal. Léger d'espoir, d'amour. Je retourne chez moi, léger d'espoir, léger d'argent, comme dit la chanson (Mérimée, Colomba,1840, p. 12). ♦ Être armé à la légère (vx). Être armé de façon sommaire et peu pesante (infra V A 1 à la légère). Soldats armés à la légère avec des boucliers en peau de lynx, d'où dépassaient les pointes des javelots qu'ils tenaient dans leur main gauche (Flaub., Salammbô, t. 1, 1863, p. 167).P. anal., littér. Être vêtu à la légère. Être vêtu de façon sommaire. Vêtue à la légère, coiffée d'un chapeau de paille, n'ayant ni manteau ni habits de rechange lorsqu'elle était mouillée, elle n'avait pourtant pas eu le plus léger enrouement (Sand, Consuelo, t. 3, 1842-43, p. 136). ♦ Être en tenue légère. Être vêtu de façon sommaire ou porter des vêtements peu épais; p. ext. être quasiment nu. Femmes parées en tenues légères, beaucoup de frou-frous blancs, nuancés de bleu pâle ou de rose attendri (Fromentin, Maîtres autrefois,1876, p. 149). ♦ Être vêtu de léger (littér.). Être vêtu de façon sommaire ou porter des vêtements peu épais. Un pays où, comme disaient nos ancêtres, on est vêtu de léger, où les pantalons sont en mousseline plissée (Balzac,
Œuvres div., t. 3, 1842, p. 532). ♦ Que la terre lui soit légère (vx) : 2. On lui souhaitait [à l'âme du mort] de vivre heureuse sous la terre. Trois fois on lui disait : porte-toi bien. On ajoutait : que la terre te soit légère. Tant on croyait que l'être allait continuer à vivre sous cette terre et qu'il y conserverait le sentiment du bien-être et de la souffrance.
Fustel de Coul., Cité antique,1864, p. 9. 2. Qui se déplace ou peut être déplacé facilement. Anton. lourd, pesant.Bagage léger; léger à porter, à soulever. Le pinceau lui semblait un instrument léger à manier (Zola, T. Raquin,1867, p. 28).Nécessité d'un matériel léger pouvant être traîné à bras (Joffre, Mém., t. 2, 1931, p. 19): 3. ... un vieil adjudant d'artillerie ouvrait et refermait souvent, avec inquiétude, la porte très légère d'une petite tour, poudrière et arsenal, appartenant à l'artillerie à pied...
Vigny, Serv. grand. milit.,1835, p. 72. ♦ Terre légère. Terre peu compacte et qui se laisse travailler facilement. Anton. lourd, gras.Il faut (...) que la terre soit un peu forte, mais en même temps assez légère (Carrière, Pépinières,1878, p. 14). − En partic. ♦ [À propos d'une embarcation] Qui a un faible tirant d'eau. Vers 1875, les chaloupes employées jusque-là (difficiles à manier) furent remplacées par des embarcations plus légères (Boyer, Pêches mar.,1967, p. 12).Un dériveur léger, à un équipier (Jeux et sports,1967, p. 1553).Léger (ère) de voiles (vx). Qui peut se déplacer rapidement à l'aide de ses voiles. Planches étonnantes où la frégate légère de voiles, la flûte, l'ourque, la galéasse et le chebek sont à l'ancre (Valéry, Corresp. [avec Gide], 1891, p. 116). ♦ [À propos d'un véhicule] Qui a peu d'importance ou peut se déplacer rapidement. Petite charrette légère, traînée par un joli cheval noir (Delécluze, Journal,1825, p. 195).Des autorails légers et des automotrices légères destinés à circuler à grande vitesse (Bailleul, Matér. roulant ch. de fer,1951, p. 159): 4. ... la rareté de l'essence et son prix élevé devaient inciter les constructeurs à rechercher l'économie de consommation. Ils ont atteint leur but en réalisant des voitures légères, aérodynamiques, pourvues de petits moteurs à haut rendement et à régime rapide.
Tinard, Automob.,1951, p. 367. 3. Spéc. [Léger est ici souvent directement postposé au subst. auquel il se rapporte] a) BÂT. Ouvrages légers. Travaux de maçonnerie pour lesquels le plâtre est le matériau principal. La valeur des ouvrages [dits : légers ouvrages en plâtre] est prévue à la série en évaluation de légers (Robinot, Vérif., métré et prat. trav. bât., t. 1, 1929, p. 126). b) CHIMIE − [En parlant d'éléments chim.] Dont le poids atomique est faible. La diffraction des neutrons, qui permet de voir les atomes légers et de préciser les structures magnétiques, est également très utilisée en radiocristallographie (Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 2, 1964, p. 471). − Carburant* léger, huile* légère. c) ÉCON. Industrie* légère. d) MÉTALL. Alliage* léger. e) Dans le domaine milit. − [En parlant d'engins, de bâtiments, de matériel] D'un poids ou d'une importance inférieure aux autres unités de même type. Anton. lourd.Croiseur léger; armes légères. Organisation de sections d'avions légers (Joffre, Mém., t. 1, 1931, p. 171).Une brigade blindée à deux régiments, l'un de chars lourds, l'autre de chars moyens, et un bataillon de chars légers (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 8). − [En parlant d'une arme] Qui se déplace facilement. Anton. lourd.Infanterie légère. La cavalerie légère fit plusieurs charges sur le gravier du torrent (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 677).Corps léger d'intervention, destiné à être transporté au moment voulu (par avions ou sous-marins) (De Gaulle, Mém. guerre,1956, p. 682). ♦ Emploi subst. fém., rare. Nous étions là, trois escadrons de légère, pliés depuis peu au métier de fantassins, fractionnés sur des côtes voisines, en soutien de l'artillerie (Pesquidoux, Livre raison,1932, p. 155). f) SPORTS. Lancer* léger, poids* léger. B. − P. anal. 1. [En parlant d'un aliment (infra IV C thé, café léger)] Qui ne pèse pas sur l'estomac, facile à digérer. Synon. digestible; anton. lourd.Le potage est une nourriture saine, légère, nourrissante, et qui convient à tout le monde (Brillat-Sav., Physiol. goût,1825, p. 75).Il le ménageait, le rationnait, choisissait une alimentation légère pour cet organisme en ruine, incapable de soutenir le combat qu'est la nutrition (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 448). 2. [À propos (d'une partie) du corps] Dont l'absence de maux donne une impression de bon fonctionnement et parfois, de gaieté ou de bonheur. Anton. lourd, pesant.Il m'arrive un matin et par un beau soleil De me sentir léger et dispos au réveil (Sainte-Beuve, Poésies,1829, p. 77).Voilà Lucien gabant, sautillant, léger de bonheur, qui débouche sur la terrasse des Feuillants et la parcourt (Balzac, Illus. perdues,1839, p. 175): 5. Il se sent léger; s'il court, il lui semble qu'il vole. Dans son cerveau bondit voluptueusement sa pensée.
Gide, Faux-monn.,1925, p. 976. − Avoir l'estomac léger. Avoir l'estomac vide, ne pas avoir assez mangé. Anton. avoir l'estomac lourd.Il rentra chez lui le cœur gros néanmoins, mais l'estomac léger. Il chercha dans une armoire s'il n'y avait pas quelques reliefs à manger (Murger, Scènes vie boh.,1851, p. 175). C. − Au fig. − [À propos de qqc. d'abstrait ou de l'aspect abstrait de qqc.] Dont le poids moral ou psychologique n'est pas accablant. Anton. lourd, pesant.Charge, peine légère. L'on trouve la vie ou lourde ou légère à porter (Balzac, Lys,1836, p. 213).L'heure nous sera-t-elle ou pesante ou légère? (Muselli, Travaux et jeux,1914, p. 27). − Littér. (Se sentir), (avoir) le cœur léger; la tête, l'âme légère (infra V A (avoir, être) une tête légère). Être débarrassé de tout chagrin, de toute préoccupation; se sentir heureux. Je me sens une âme légère, mon ami. Jamais âme n'a été à ce point délacée, éparse; étrange impression d'avoir une âme pour écharpe (Giraudoux, Simon,1926, p. 162).La tête vide et le cœur léger, sans résistance contre le bien-être animal qui les envahissait (Martin du G., Thib., Mort père, 1929, p. 1302). II. − [La notion de poids à laquelle il est fait référence est associée à des valeurs quantitatives très générales] Qui n'a pas une très grande importance. Anton. important, grave.Léger changement; léger retard. Une légère différence constitue-t-elle une méthode différente? (Say, Écon. pol.,1832, p. 200).Foch eut un léger accident d'auto qui l'obligea à se faire porter à Meaux pour y recevoir des soins (Joffre, Mém., t. 2, 1931, p. 220): 6. ... j'ai un léger service à vous demander que vous devez pouvoir me rendre par la vertu de vos mauvaises fréquentations.
Nizan, Conspir.,1938, p. 72. − En partic. Qui a peu de force, d'intensité. Synon. superficiel, faible.Léger mal de tête; blessure légère. Quelques personnes de son équipage avaient de légers symptômes de scorbut (Voy. La Pérouse,t. 3, 1797, p. 193).Voix nette, aérienne, avec un léger accent du Midi qui me fit frissonner (Fromentin, Dominique,1863, p. 80): 7. ... le rouge reflet du poêle (...) teignait de rose léger jusqu'à la blancheur de la nappe.
Van der Meersch, Empreinte dieu,1936, p. 158. − Blessé, malade léger. Qui n'est pas grièvement atteint. Un mort, deux blessés graves, tous les autres blessés légers, avait dit l'officier de service au téléphone (Malraux, Espoir,1937, p. 824). − Brise légère. De faible intensité. Il y eut une légère brise du sud-ouest avec laquelle j'appareillai (Voy. La Pérouse,t. 2, 1797, p. 71). − Repas léger. Repas peu copieux. Les repas qui précédaient ses rencontres avec Solange, Costals les prenait très légers (Montherl., Pitié femmes,1936, p. 1110). − Sommeil léger. Sommeil peu profond. Ils dormaient d'un sommeil si léger que le son de chaque heure les réveillait (Rolland, J.-Chr., Matin, 1904, p. 201). − Imperceptible; fugace. Un léger détail; un léger doute; un léger sourire. Une grande demoiselle qui, les pieds serrés, la bouche pincée, tout pincé, décrivait une légère courbe (Balzac, Théor. démarche,1833, p. 635).Légère grimace aussitôt dissimulée (Gide, Journal,1916, p. 564): 8. ... ils étudient l'arrivée des réserves... Ils parlent, ils parlent... Ils donnent même tant de précisions, qu'un léger doute commence à me gagner.
Dorgelès, Croix de bois,1919, p. 80. III. − Un léger + subst. + de + subst.[Léger est antéposé à des subst. exprimant souvent une quantité vague et indéterminée de qqc. et a une valeur de quantificateur au sens de ,,une sorte de``, ,,une quantité vague de``] Un léger goût de + subst.; un léger parfum de + subst.; une légère teinte (sens fig.) de + subst. L'appétit s'annonce par un peu de langueur dans l'estomac et une légère sensation de fatigue (Brillat-Sav., Physiol. goût,1825, p. 59).N'est-ce pas de la cuisine que s'échappe une légère odeur de gaz? (Duhamel, Notaire Havre,1933, p. 147). IV. − [La notion de poids à laquelle il est fait référence n'est pas directement liée à celle de force physique mais est plutôt associée à des échelles de valeur liées à des sensations et des phénomènes perceptifs] A. − [À propos d'une odeur] Qui a peu de force, agréable. Anton. lourd : 9. Elle sentait bon, sans qu'il pût déterminer quelle odeur vague et légère voltigeait autour d'elle. Ce n'était pas un des lourds parfums de sa mère, mais un souffle discret où il croyait saisir un soupçon de poudre d'iris, peut-être aussi un peu de verveine.
Maupass., Contes et Nouv., t. 2, Yvette, 1884, p. 509. B. − [À propos d'un bruit] De faible intensité. Synon. faible.Toute la nuit, dans l'obscurité du corridor coururent comme des frémissements, des bruits légers, à peine sensibles, pareils à des souffles, des effleurements de pieds nus, d'imperceptibles craquements (Maupass., Contes et Nouv., Boule de suif, 1880, p. 149). C. − Qui a peu de force, de goût, qui est peu concentré. Anton. fort.Cigarette légère. Légère infusion de quelque plante aromatique (Geoffroy, Méd. pratique,1800, p. 217).Café (...) à la française ou à la turque, fort ou léger, sucré ou non sucré, passé ou bouilli? (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 407). ♦ Vin léger. Vin généralement peu épais, dont la teneur d'alcool est faible. Des vins légers, des vins de femme, qui s'en vont tout en mousse et ne laissent pas de flamme au front! (Barb. d'Aurev., Mémor. 1,1837, p. 128).On est heureux de trouver les petits vins légers de la Moselle; ils sont fermes, secs et fort innocents (Du Camp, Hollande,1859, p. 223). D. − [À propos d'un ensemble de gens] Dont le nombre est peu important. Anton. lourd.Nos pertes sont légères et, depuis le début, ne dépassent pas 150 dont beaucoup sont des blessés (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 387): 10. Napoléon , qui le suivait [Kléber] à une demi-journée, vint donner, à la nuit tombante, avec une légère escorte, dans le milieu du camp des Turcs...
Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 135. E. − [À propos de qqc. de concr.] Qui est peu épais. La mousseline était si légère que Julien voyait à travers (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p. 405).Nuages légers assez peu épais pour permettre le passage d'une lumière suffisante (Maurain, Météor.,1950, p. 126): 11. Ce cabinet n'étoit séparé de la chambre d'Olivier que par une légère cloison, de manière qu'il étoit impossible qu'une plainte ou un mouvement d'Olivier pût échapper à la vigilante curiosité d'Isambard, qui, l'oreille collée sur la cloison, écoutoit avec une attention égale à son inquiétude.
Genlis, Chev. Cygne, t. 1, 1795, p. 37. − En partic. [À propos d'une couche étalée sur une surface] Synon. Mince.Légère couche + de + subst. Jusqu'à ce que toute la superficie soit recouverte d'une légère couche de vernis (Nosban, Manuel menuisier, t. 2, 1857, p. 190). F. − [À propos d'un espace dans le temps] De courte durée. Anton. important.Non, reprit-il après une légère pause (Balzac, E. Grandet,1834, p. 161). G. − [La notion de poids est associée à la perception ou à la sensation d'un mouvement] 1. [En parlant d'un animé] Qui se meut avec aisance, donne une impression de mouvement, de souplesse ou de délicatesse. Synon. agile, preste; anton. lourd, gauche.Ces chasseurs de chamois poursuivant leur légère proie à travers les abîmes (Staël, Allemagne, t. 3, 1810, p. 7).Et il se traînait à ses pieds. Mais, légère comme une ombre, elle s'échappa de ses mains et disparut (Karr, Sous tilleuls,1832, p. 149).Elle montait une bête légère et la maniait de façon à décupler sa vitesse (Fromentin, Dominique,1863, p. 262): 12. ... on eût dit, à les voir tous deux, elle, svelte et légère, lui, pesant et refrogné, Diane menant en laisse un vieux lion demi-privé qui eût aimé mieux dormir en son antre qu'être ainsi promené de par le monde, mais qui cependant s'y résigne.
Gautier, Fracasse,1863, p. 263. − P. métaph. Une chaleur légère, une chaleur ailée, nous caressait la peau (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Mohammed-Frip., 1884, p. 268). − [P. méton. du déterminé] Sein léger, taille légère; subst. + aux pieds légers. Féfé se mit à rire, d'un rire léger tout de surface (Estaunié, Bonne Dame,1891, p. 290).Sylvains aux pieds légers, entraînés à battre le pays sans voiture (Colette, Sido,1929, p. 93).Je glissai, à pas légers, le long du mur, jusqu'à cette porte si calme (Bosco, Mas Théot.,1945, p. 220). ♦ Léger de (la) main (vieilli et littér.). Habile. Cocteau, « léger-de-main », nous emmenait chaque samedi soir (...) dans des sites surprenants et mystérieux qui nous ravissaient (Morand, Eau sous ponts,1954, p. 16). ♦ (Avoir la) main légère (littér.) Être habile. Tracer d'une main légère une ligne mince et pure comme un cheveu sur ce papier blanc (Musset, Lorenzaccio,1834, II, 1, p. 123).Au fig. Contrôler une situation sans faire sentir son autorité. Maurice est un cheval de sang qu'il faut connaître comme je le connais : il exige à la fois une main légère et une poigne solide (Mauriac, Feu sur terre,1951, II, 1, p. 67). ♦ Ténor léger, voix légère. Qui peut produire les sons les plus aigus. Le ténor léger a plus de facilité sur les sons aigus que le ténor de demi-caractère. Mais le timbre est moins ample, plus doux (Arger, Init. art chant,1924, p. 83). 2. [En parlant d'un inanimé] Dont la nature donne une impression de souplesse, de grâce, d'élan ou de fluidité. Synon. aérien; anton. lourd, empâté, massif.Bâtiment léger. Colonnes légères de loin, et massives de près (Staël, Corinne, t. 1, 1807, p. 163).Ainsi la parole angélique, à jamais stable, c'est le contraire des paroles légères, ailées, (...), qui sont le faible des mortels (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 2, 1842, p. 326): 13. Cette promenade dans le circuit de cette cathédrale qui, si légère et si fluette pendant le jour, grossissait avec les ténèbres et devenait farouche, n'était pas faite pour dissiper la mélancolie de Durtal.
Huysmans, Cathédr.,1898, p. 220. − En partic., littér. [À propos d'un liquide] Qui donne une impression de fluidité, limpide, clair. Anton. visqueux, épais.L'eau (...) après avoir passé par les deux ou trois décompositions connues de tous les marins, lesquelles la rendent puante pendant quelques jours, redevient ensuite excellente, et aussi légère peut-être que l'eau distillée (Voy. La Pérouse,t. 4, 1797, p. 237).Ajouter à la dérobée deux ou trois œufs à la pâte à crêpe afin de la rendre plus légère (Guèvremont, Survenant,1945, p. 50). V. − [La notion de poids n'est pas directement liée à celle de force physique mais est plutôt associée à une échelle de valeurs intellectuelles; léger est gén. postposé au subst.] A. − Qui a peu de valeur intellectuelle, qui a peu de sérieux. 1. [À propos d'une pers.] Synon. superficiel; anton. profond.Esprit léger. Jeune prince, léger de caractère et ambitieux sans prudence (Thierry, Récits mérov., t. 2, 1840, p. 219).Je vous trouve léger de nous appeler pour voir ça (Zola, Nana,1880, p. 1120). − Emploi subst., rare. Ils [les Normaliens] font les légers, les entendus, les impertinents (Goncourt, Journal,1865, p. 171). − En partic. Qui change facilement d'opinion. Il est léger et changeant dans ses sentiments (Cottin, Cl. d'Albe,1799, p. 192): 14. Il est dans la nature de la femme d'être légère, volage, étourdie, changeante, elle doit l'être, il le faut, et c'est bien.
Borel, Champavert,1833, p. 185. − Locutions ♦ À la légère. Avec peu de sérieux, avec précipitation. Prendre les choses à la légère (anton. au sérieux). Ce titre, ayant été d'abord publié un peu à la légère, n'a pu être ensuite retiré (Sainte-Beuve, Volupté, t. 1, 1834, p. 3). ♦ Avoir la cuisse* légère (fam.). ♦ Avoir la langue légère. Être prompt à s'emporter, tenir des propos peu sérieux sur quelqu'un ou quelque chose. Si je ne craignois d'avoir la langue aussi légère que celle d'un blanc, je vous demanderois si vous avez entendu parler de Chactas, le natché? (Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 273). ♦ Avoir, être une tête légère; avoir la tête légère. Manquer de sérieux. Cette mère, disent nos auteurs, a la tête un peu légère, comme tous ceux qui n'ont rien à faire, elle est capricieuse, volage (Michelet, Insecte,1857, p. 349). 2. [À propos de quelque chose d'abstr.] Caprice mélodieux de la pensée légère et superficielle (Lamart., Destinées poés.,1834, p. 413).La frivolité est moins légère et insouciante qu'on ne croit (Alain, Propos,1921, p. 289). − En partic. [Sans valeur péj.] Qui n'est pas très approfondi. Le no14 des procès-verbaux des séances (...) vient de paraître; (...) nous allons en donner un léger extrait (Le Moniteur,t. 2, 1789, p. 339).Une étude très-légère suffit pour apprendre l'italien et l'anglais (Staël, Allemagne, t. 2, 1810, p. 101). − MUS., LITT. [À propos d'une œuvre artistique destinée au divertissement] La vraie poésie française est la poésie légère, la chanson, répondit Du Châtelet (Balzac, Illus. perdues,1837, p. 97): 15. Seules, la musique classique utilisée pour l'enseignement, ou les méthodes d'enseignement proprement dites, ou encore la musique légère, danses ou chansons, dont le succès est éphémère mais la diffusion très grande...
Civilis. écr.,1939, p. 14-13. − En partic. Poésie légère. Genre poétique mineur, particulièrement en honneur au xviiiesiècle. B. − Libertin. Il pouvait se montrer tel qu'il croyait être : affranchi de son calvinisme, léger en amour, libre enfin (Maurois, Byron, t. 1, 1930, p. 142).Elle avait une exquise façon de conter des histoires légères en baissant pudiquement des paupières frangées (Maurois, Disraëli,1927, p. 71).La police s'est immédiatement rendue à son domicile (...) et a trouvé dans son lit une jeune femme de mœurs légères (Aymé, Nain,1934, p. 145). ♦ Femme* légère. Prononc. et Orth. : [leʒe], fém. [-ε:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Qui pèse peu A. poids phys. 1. a) ca 1100 « de peu de poids » (Roland, éd. J. Bédier, 2171 : le blanc osberc leger), qualifie fréquemment les pièces de l'armement; 1527 armez... a la legiere (Seyssel, Trad. de Thucydide, III, 14, 107 vods Hug.); b) 1erquart xiies. « de faible densité » d'une pierre (1retrad. fr. du Lapidaire de Marbode, éd. P. Studer et J. Evans, 424); 2. 1589 « (d'une monnaie) qui n'a pas le poids voulu » (Adieu fait à la ville de Bloys ds Anc. Poésies fr., éd. A. de Montaiglon, t. 6, p. 220 : s'ils sont légers d'un grain (les escus); 3. p. anal. a) 1690 repas léger, viande légère (Fur.); b) id. vent léger (ibid.); c) 1775 « difficilement perceptible par les sens » bruit léger (Beaumarchais, Barbier, II, VIII). B. fig. 1. « qui ne présente pas de difficulté » a) 1erquart xiies. legier a + inf. « qui subit, supporte facilement » d'une chose (1retrad. fr. du Lapidaire de Marbode, éd. citée, 388 : E. est [Ametiste] a entallier legiere); 1155 d'une pers. (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 4799); ca 1170 de legier « facilement, sans difficulté » (Béroul, Tristan, éd. E. Muret 544); b) ca 1165 « (d'une chose) facile à supporter » (Benoît de Ste-Maure, Troie, 1423 ds T.-L.); xiiies. [ms.] poinne legiere Chansons du Chastelain de Coucy, éd. A. Lerond, XXIX, 46); c) 1280 « facile à apprendre » (Clef d'amor, 78 ds T.-L.); 2. 1erquart xiiies. « de peu d'importance » coupe legiere (Reclus de Molliens, Miserere, 237, 7, ibid.); 3. 1269-78 « qui est pratiqué, qui agit légèrement » depuracion legiere (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 16069); 1314 legier clistere (Chir. de H. de Mondeville, 1804 ds T.-L.). II. Qui se meut aisément en raison de sa légèreté A. activité phys. 1. ca 1100 « agile, habile » d'une pers. (Roland, 1312 : ... chevalers, E bels e forz e isnels e legers), très fréquemment employé pour qualifier le chevalier; ca 1170 de legier (Béroul, op. cit., 950 : Tristan y saut mot de legier); 2. ca 1165 d'un cheval (Benoît de Ste-Maure, Troie, 21278 ds T.-L.); 3. ca 1200 « (d'une femme) gracieuse » (Bueve de Hanstone, I, 2689 : la bele au cors legier); 4. 1690 d'un cavalier, d'un chirurgien avoir la main légère (Fur.). B. p. anal. 1) ca 1210 « (de l'esprit, de la pensée) délié, subtil » (Dolopathos, 50 ds T.-L.); 1692 « plaisant, agréable » conversation légère (Callières, Mots à la mode, p. 167-171 ds Brunot t. 4, p. 577); 1751 en bonne part ouvrages légers [de Fontenelle] (Voltaire, Siècle de Louis XIV ds
Œuvres hist., éd. R. Pomeau, p. 1162); 2. ca 1340 a vois clere et legiere (Bâtard de Bouillon, 1775 ds T.-L.). C. domaine des sentiments, du comportement 1. ca 1165 « irréfléchi » (Benoît de Sainte-Maure, Troie, 15535 ds T.-L.); 1668 à la légère (La Fontaine, Fables, III, 5); 2. « frivole (d'une femme) » (Benoît de Ste-Maure, op. cit., 24093 ds T.-L. : Tu cuides que nous seions tans Come autres femmes comunaus, Que les cors ont vains e legiers; Ço n'est mie nostre mestiers. Puceles somes); 1188 (Aimon de Varennes, Florimont, 9112, ibid. : Se je quis vostre amor premiere, Ne m'en tenez pas por legiere); ca 1190 legieres murs (d'un clerc) (Adgar, Légendes de Marie ds Romania, t. 32, p. 404, 3); xives. (?) legieres femmes « prostituées [d'apr. Gdf.] » (Chr. de S. Den., ms. S. Gen. [782?], fol. 18 c ds Gdf.); 3. a) 1erquart xiiies. « changeant » langue legiere (Reclus de Molliens, Carité, 19, 1 ds T.-L.); 1692 esprit léger « changeant, sans jugement » (Callières, Mots à la mode, p. 169-171 ds Brunot t. 4, p. 537) : b) ca 1210 « inconstant » femme legiere (Bible Guiot, 2123 ds T.-L.). Du lat. vulg. *leviarius, class. levis « peu pesant » (qualifiant fréquemment des armements, des soldats en armes : levis armatura, levis armaturae milites), d'où divers emplois pour qualifier notamment terra, cibus, tactus; « léger à la course, rapide, agile »; fig. « de peu d'importance » (auditio; dolor); « léger, inconstant » (homo; amicitiae). Fréq. abs. littér. : 6 539. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 9 368, b) 9 907; xxes. : a) 10 008, b) 8 487. Fréq. abs. littér. : 3 309. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 4 968, b) 4 548; xxes. : a) 4 339, b) 4 786. Bbg. Blumenthal (P.). Die Linguistik des Weingeschmacks... Z. fr. Spr. Lit. 1979, t. 89, no2, p. 109. - Duch. Beauté. 1960, p. 153. - Grundt (L.-O.). Ét. sur l'adj. invarié en fr. Bergen-Oslo-Tromsø, 1972, p. 212, 236. |