| KINESTHÉSIE, subst. fém. PSYCHOL. Sens du mouvement; forme de sensibilité qui, indépendamment de la vue et du toucher, renseigne d'une manière spécifique sur la position et les déplacements des différentes parties du corps. La kinesthésie exploratrice avec les modifications synchrones des impressions cutanées, renseignant sur la forme, l'état des surfaces, le volume, le poids, etc. (...) [intervient] pour permettre l'identification (Piéron, Sensation,1945, p. 41).− En partic. Représentation dynamique d'un objet tactile qui peut constituer un schéma directeur dans la composition artistique : ... la grande psychologue (...) Françoise Minkowska reconnaissait le mouvement de la maison. Dans la maison dessinée par un enfant (...) [elle] note qu'à la porte, il y a « une poignée; on y entre, on y habite ». (...) « c'est une maison-habitation ». La poignée de la porte désigne évidemment une fonctionnalité. La kinesthésie est marquée par ce signe, si souvent oublié dans les dessins des enfants « rigides ».
Bachelard, Poét. espace,1957, p. 78. Prononc. : [kinεstezi], [-ne-]. Étymol. et Hist. [Fin xixes. d'apr. Dauzat 1964-73; vers 1900 d'apr. Bl.-W.4-5]; 1945 (Piéron, loc. cit.). Composé, d'abord sous la forme angl. kinaesthesis (1880 ds NED), des élém. kin- « mouvement, mise en action » du gr. κ
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ν
ε
́
ω « je meus, je stimule » et -esthésie « sensibilité physique » (au mouvement, comme le désigne kin-), gr. -α
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α (cf. ε
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α
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α « sensibilité vive ») de α
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ς « sensation ». |