Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
JUS, subst. masc.
A. − Domaine alim.
1. Suc d'un fruit ou d'un végétal obtenu par pression, cuisson, décoction, macération. Jus d'ananas, de pamplemousse, de pomme, de raisin; extraire, exprimer le jus; le jus coule, jaillit. Arrosez-le [un morceau de beurre] du jus d'un citron (Brillat-Sav., Physiol. goût,1825, p. 316).Le jus concentré des cerises (Gide, Nourr. terr.,1897, p. 214).J'ai ouvert le frigidaire : une carafe de jus de tomate, une autre pleine de jus d'orange (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 526):
1. Les jus de fruits, s'ils sont bien préparés, peuvent avoir une bonne valeur nutritive, par les sucres, les sels minéraux et les vitamines qu'ils renferment. Les jus frais sont toujours préférables aux jus de conserve, car ces derniers ont été traités par divers procédés pour éviter les fermentations... Lalanne, Alim. hum.,1942, p. 85.
Rem. 1. ,,Un jus de fruit n'a droit à l'appellation de jus de fruit pur que s'il n'est additionné d'aucun des produits autorisés`` (Clém. Alim. 1978). 2. Le subst. qui détermine jus se met tantôt au sing., tantôt au plur. La seconde graph. est préférable chaque fois qu'il s'agit d'un produit déjà préparé, où plusieurs fruits (ou légumes) sont mêlés (d'apr. Colin 1970).
Fam. Jus de la treille, de la vigne. Vin. Burette que le jus de la vigne rendait amoureux (Benjamin, Gaspard,1915, p. 44).
En partic. Jus de réglisse. Extrait de réglisse utilisé comme adoucissant, expectorant. (Ds Littré, Rob.).
Loc. verb., pop. Avoir du jus de navet dans les veines. Être sans énergie, manquer de courage. Pour moi tous les héros de tragédie ne sont que des philosophes flegmatiques, sans passions, qui n'ont que du jus de navet au lieu de sang dans les veines (Mérimée, Jaquerie,1828, p. 318).
2. Suc d'une substance animale obtenu par cuisson, pression, macération (et souvent allongé d'eau, de vin, de beurre). Elle cherchait le moyen de préparer un morceau de veau au jus sans dépenser plus de quinze sous (Huysmans, Sœurs Vatard,1879, p. 99).Cayrouse ricane, en trempant des mies spongieuses dans le jus de son aloyau (Martin du G., Devenir,1909, p. 34):
2. L'oie y fut solennellement déposée [dans un plat], répandant autour d'elle, sous le couteau, un jus sanguinolent du plus délicieux fumet. Gautier, Fracasse,1863, p. 160.
P. ext. Sauce. Les moules servies, Zazie se jette dessus, plonge dans la sauce, patauge dans le jus (Queneau, Zazie,1959, p. 66).
Au fig., pop.
Laisser cuire, mariner, mijoter qqn dans son jus. Laisser quelqu'un dans l'embarras, dans l'attente. Le frère sceptique conseille de la laisser cuire dans son jus (Goncourt, Journal,1855, p. 180).
Cuire dans son jus. Avoir très chaud. (Ds Delvau 1866, s.v. cuire).
B. − P. anal.
1. Liquide de nature diverse (plus ou moins douteuse). Jus de chique. Le simple jus d'une chique de tabac trompant le martyre de leur faim grandissante (Courteline, Train 8 h 47,1888, 2epart., 9, p. 197).J'entre dans la cité. Je cherche les jardins. Je marche dans un jus noir (Claudel, Connaiss. Est,1907, p. 33).
a) Pop. Café. Il est maintenant devant un jus bouillant sur un zinc (Queneau, Pierrot,1942, p. 55).
Jus de chaussette*.
Arg. milit.
[Cri d'un soldat appelant les autres à boire le café] Au jus là-dedans! Quelqu'un crie Au jus là-dedans (...) Et le caporal chante Au pont de Minaucourt (Aragon, Rom. inach.,1956, p. 59).
Du tant au jus. Tant de jours avant la libération du contingent. (Dict. xxes.).
Premier jus, deuxième jus. Soldat de 1re, de 2eclasse (Dict. xxes.).
b) Pop. Eau (dans laquelle on peut tomber, plonger). Ils auraient bien pu me balancer au jus les porteurs pendant que nous franchissions un marigot (Céline, Voyage,1932, p. 223).
2. Pop. Courant électrique. Là-dedans [au bistrot], on y voit à peine le bout de son nez. Ils s'éclairent à la bougie. L'usine électrique a coupé le jus (Giono, Gds chemins,1951, p. 241).
3. Loc. pop.
a) Loc. adj. Du même jus, dans ce jus. De même espèce, de cette sorte. Vous en avez beaucoup des comme ça, dans ce jus-là? (Alain-Fournier, Corresp. [avec Rivière], 1911, p. 267).
b) Loc. verb.
Avoir du jus, jeter du/son jus. Avoir de l'éclat, du prestige; faire de l'effet. Tout de même, ça jetait son petit jus (Le Breton, Rififi,1953, p. 33).
Valoir le jus. Valoir la peine (d'être vu ou entendu). Synon. fam. valoir le coup.Tiens, là, i' vaut l'jus. Oui, tu vaux l'jus, mon vieux! (Barbusse, Feu,1916, p. 50).
4. Arg. scol. Exposé, discours (ennuyeux). Synon. laïus, topo. (Dict. xxes.).
Rem. Jus apparaît comme 2eélém. de qq. mots composés d'orig. pop. comme court-jus* et tire-jus*.
Prononc. et Orth. : [ʒy]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1165 « suc extrait d'un fruit » ([Chr. de Troyes], Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 1356); 2. 1538 « sauce (de viande) » (Est.); 1671 jus de gigot cuit (Pomey); 3. 1828 avoir du jus de navet dans les veines (Mérimée, loc. cit.); 4. a) 1866 avoir du jus « être élégant » (Delvau, p. 216); 1916 jeter son jus « id. » (ds Esn.); 1889 de même jus (ibid.); 1918 premier jus « soldat de 1reclasse » (Dauzat, Arg. guerre, p. 266); b) 1867 « profit, bénéfice que rend une affaire » (Delvau, p. 268); 1883 ça vaut le jus (ds Esn.); c) 1884 « eau » (Gazette des tribunaux, ibid.); 1914 « eau acidulée d'accumulateur » (ibid.); 1918 « courant électrique » (ibid.); 1895 « café noir » (ibid.). Du lat. jus, juris « jus, sauce, brouet ». Fréq. abs. littér. : 532. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 543, b) 595; xxes. : a) 826, b) 982. Bbg. Chautard (É.). La Vie étrange de l'arg. Paris, 1931, p. 223. - Quem. DDL t. 5, 17.