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JUPE, subst. fém.
A. − HABILLEMENT
1. HIST. DU COST. Robe de dessous à l'usage des femmes, formée de deux pièces, le corps de jupe ou corsage, et le bas de jupe, allant de la taille aux pieds et généralement visible. Dona Josefa Duarte, vieille, en noir, avec le corps de sa jupe cousu de jais, à la mode d'Isabelle la Catholique (Hugo, Hernani,1830, I, 1, p. 1).
2. Vêtement féminin de dessus, qui descend de la taille vers les pieds, plus ou moins bas selon la mode. Des paysannes vêtues d'une jupe de bure (Gautier, Fracasse,1863, p. 26).La Zia (...) habillée comme le sont ces vagabondes d'un caraco à fleurs et d'une longue jupe plissée qui traîne derrière elle sur le sol (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 129).
SYNT. Jupe droite, froncée; jupe de laine, de soie, de taffetas; jupe à godets, à lés, à plis, à volants; jupe écossaise; jupe portefeuille; mini-jupe; jupe de tennis; lever, trousser sa jupe.
En partic., vieilli, au plur. Ensemble formé par la jupe de dessus et un ou plusieurs jupons. Dans les jupes de leur mère, les petits ouvraient de grands yeux et contemplaient la brioche (Zola, Germinal,1885, p. 1211).J'ai rêvé qu'elle perdait ses jupes et que je voyais son derrière (Sartre, Mots,1964, p. 87).
Loc. verb., au fig., fam. Être (encore, toujours) dans les jupes de sa mère, ne pas quitter la/les jupe(s) de sa mère. Ne pas pouvoir se passer de sa mère, dépendre étroitement d'elle :
1. Jamais il n'avait été un de ces garçons qui restent dans les jupes de leur mère, tranquilles, rangés, économes, qu'on cite partout en exemple, et dont les filles se moquent en dessous... Moselly, Terres lorr.,1907, p. 133.
COUT. Partie inférieure de la robe, à partir de la ceinture. La jupe de sa robe lui battit les jambes (Reider, MlleVallantin,1862, p. 99).Ce dimanche, elle avait une robe à double jupe, en mousseline blanche, brodée de petits bouquets de roses, qui s'étendait sur une « cage » modérément large (Gyp, Souv. pte fille,1927, p. 211):
2. ... si les tissus classiques de bal se plaisent à nous envelopper comme d'une brume envolée et faite de toutes les blancheurs, la robe elle-même, au contraire, corsage et jupe, moule plus que jamais la personne... Mallarmé, Dern. mode,1874, p. 797.
3. Vêtement analogue porté par les hommes dans certains pays. D'autres [Anglais] avaient les genoux nus sous une jupe à carreaux, et des bonnets à grosses chenilles vertes (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 189).
Vieilli. ,,Partie de vêtement d'homme plus ample dans sa partie inférieure`` (Quillet 1965). Il [Barbey d'Aurevilly] est vêtu d'une redingote à jupe, qui lui fait des hanches comme s'il avait une crinoline (Goncourt, Journal,1885, p. 454).
4. P. méton., fam., vieilli. Une/la jupe. Une/la femme, une/la fille. V. culotte A 1 a ex. de Duhamel.
B. − TECHNOLOGIE
1. ,,Partie latérale d'un piston qui s'adapte à la paroi interne du cylindre`` (Rob. Suppl. 1970). Le piston a sa jupe découpée, afin de faciliter le transvasement du mélange air-carburant (Chapelain, Techn. automob.,1956, p. 262).
2. ,,Carénage de tôle, aérodynamique, de la partie inférieure d'une locomotive ou d'un wagon`` (Rob. Suppl. 1970; dict. xixeet xxes.).
3. ,,Cylindre flottant de matière souple qui enferme le coussin d'air permettant le fonctionnement d'un aéroglisseur`` (Rob. Suppl. 1970).
REM. 1.
Jupaille, subst. fém.,pop. Tirelirette (...) descendant jusqu'à Vuillard : Tu te moques pas mal de moi, toi!... me faire droguer à t'attendre!... Camerlin : Bon!... allez donc!... la jupaille! (Sardou, Rabagas,1872, II, 6, p. 67).
2.
Juper, verbe trans.,rare. Vêtir d'une jupe. Au passif. Ces femmes (...) par un raffinement de coquetterie un peu décadente, sont jupées comme autrefois chez nous les Merveilleuses (Loti, Chât. Belle-au-bois-dorm.,1910, p. 279).
3.
Juperet, subst. masc.,hapax. Elles [les pastourelles] les montrent [les bergers] en des accoutrements ridicules (...) et démesurément fiers quand ils se pavanent dans une cotte rayée à pan ou dans un juperet à pointes, serré d'une ceinture de cuir blanc (Faral, Vie temps st Louis,1942, p. 121).
Prononc. et Orth. : [ʒyp]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Ca. 1188 « pourpoint d'homme rembourré ajusté sur le buste » (Aspremont, éd. L. Brandin, 215; cf. aussi éd. A. de Mandach, p. 91, 934); av. 1188 désigne le même vêtement porté par une femme (Partonopeus de Blois, éd. J. Gildea, 7490). B. a) 1603 « vêtement féminin dont le haut est ajusté à la ceinture, et qui descend plus ou moins bas selon la mode » (Invent. au château de Chenonceaux, éd. A. Galitzin, p. 25); 1690 jupe de dessus, jupe de dessous (Fur.); b) 1665 plur. « ensemble des jupes et des jupons » (La Fontaine, Joconde ds Contes, éd. H. Régnier, t. 4, p. 46); 1846 p. méton. courir après les jupes (Balzac, Cous. Bette, p. 74); c) spéc. 1839 (Id., Fille Ève, p. 110 : Blondet félicita Paul de rencontrer une femme [...] cousue pendant dix-huit ans à la jupe maternelle); 1878 (Zola, Page amour, p. 160 : ce petit brun que l'on voit toujours dans les jupes de sa mère). C. 1952 technol., ici mar. « manche de toile épaisse ou de tôle, de grand diamètre, servant de sas de sauvetage dans les sous-marins » (Gruss). Empr. à l'a. ital. du Sudjupa « veste d'homme ou de femme d'origine orientale » (1053 d'apr. FEW t. 19, p. 58b; lat. médiév. juppum attesté à Gênes en 1165, ibid.; ital. giubba, fin xiiie-début xives., doc. florentin ds Batt.), lui-même empr. à l'ar. ǧubba « veste de dessous ». Au sens B a supplanté cotillon*. Fréq. abs. littér. : 1 894. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 493, b) 5 564; xxes. : a) 4 064, b) 2 207.
DÉR.
Jupette, subst. fém.a) Jupe très courte s'arrêtant à mi-cuisse. Jupette de tennis. Une girl-scout, en jupette plissée (H. Bazin, Lève-toi,1952, p. 75).b) Partie d'un maillot de bain féminin qui couvre le haut des cuisses à la manière d'une jupe. Maillot de bain à jupette. [ʒypεt]. 1reattest. 1894 (Sachs-Villatte, Französisch-deutsches Supplement-Lexikon d'apr. Quem. DDL t. 4); de jupe, suff. dimin. -ette (-et*).
BBG. Greimas Mode 1948, p. 77. − Quem. DDL t. 4 (s.v. jupette); 16, 18.