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JUCHER, verbe
A. − Emploi intrans. [Le suj. désigne une volaille ou autre oiseau] Être perché sur une branche ou sur une perche :
1. ... ils remarquèrent un objet pyramidal dressé à l'horizon dans une cour de ferme. On aurait dit une grappe de raisin noir monstrueuse, piquée de points rouges çà et là. C'était, suivant l'usage normand, un long mât garni de traverses où juchaient les dindes se rengorgeant au soleil. Flaub., Bouvard, t. 2, 1880, p. 87.
1. P. anal.
a) [Le suj. désigne un chat ou un singe] N'y ai-je point paru, pour jeter avec bénignité aux singes au-dessous de moi juchés sur les branches extrêmes des poignées de letchis secs tels que des grelots rouges! (Claudel, Connaiss. Est,1907, p. 96).
b) [Le suj. désigne un être humain] Être assis ou être debout sur. Jucher sur un dictionnaire, sur un tabouret, sur ses talons. Les enfants, les petites filles étaient juchées sur des bois et des tas de pierres pour mieux voir (Balzac, Paysans,1844-50, p. 343).
Pop. Synon. de crécher (dér. s.v. crèche).[Le rôdeur des champs :] Nul ne peut dire où je juche; Je n'ai ni lit ni hamac (Richepin, Chans. gueux,1876, p. 60).
c) [Le suj. désigne une chose inanimée qui est perchée comme l'est un oiseau] Être situé sur une hauteur. J'avais en face de moi (...) un promontoire (...) terminé du côté de la mer, par un précipice; c'est sur cette falaise qu'est juchée la ville fortifiée de Grandville (Stendhal, Mém. touriste, t. 2, 1838, p. 88).Tout le château était juché dans la tour et se tassait contre la porte inébranlable (Boylesve, Leçon d'amour,1902, p. 136).
2. Au fig. Occuper une situation importante. Nous nous voyions [à Sainte-Barbe] tous assez bien juchés dans la vie sur une échelle comme Donatello sur son échafaudage (Tharaud, Péguy,1926, p. 26).
B. − Emploi trans. Mettre quelque chose ou quelqu'un en un lieu surélevé, souvent au prix d'un effort. Mon cousin me prenait sous les bras et me juchait d'un coup sur le rebord de pierre [le parapet du pont]. Debout et la respiration coupée par l'effroi, je fermais les yeux et crispais les doigts (Green, Autre sommeil,1931, p. 1).
Au fig. Placer quelqu'un dans une situation sociale ou morale supérieure. Les pauvres vieux avaient tout fait pour nous jucher au-dessus d'eux. Et nous nous étions abandonnés à notre enfantine supériorité. Nous nous avouions qu'ils nous choquaient, nous dépitaient, nous répugnaient, nous consternaient. Sous l'effet du chagrin, de l'âge, de la solitude, ils s'étaient laissé aller (Drieu La Roch., Rêv. bourg.,1939, p. 281).
C. − Emploi pronom. Se mettre sur un perchoir :
2. ... puis c'est un encombrement de voitures à bras, roulées par les marchands des quatre saisons, où les animaux de la cour et de la maison, pigeons, poules et chats, perchent, se juchent, ronronnent, bruissent et remuent... Goncourt, Ch. Demailly,1860, p. 385.
P. anal. Se mettre comme sur un perchoir, être placé sur une hauteur. Quelques forteresses affamées de prisonniers, se juchent sur des rocs comme de vieux vautours (Chateaubr., Mém., t. 4, 1848, p. 212).Il poussait Gaulupeau, l'aidait à se jucher en selle (Genevoix, Boîte à pêche,1926, p. 254):
3. Dans le bureau de Rivière, je me juche sur une chaise et regarde par une fenêtre haut placée d'où je vois la place du Trocadéro sous la pluie. Avec son kiosque à musique et les petits arbres qui font la ronde tout autour, c'est une charmante place de province (...); j'oublie, en effet, que je la vois de l'intérieur de ce monstrueux palais marron, qui déshonore cette partie de la ville. Green, Journal,1932, p. 108.
Au fig. Se placer dans une situation élevée. M. Delcassé avait répondu sans hésitation qu'il était prêt à tout quitter, bureaux, directions, commissions, arsenaux et escadres, pour se jucher un peu plus haut sur le degré de nos fonctions publiques (Maurras, Kiel et Tanger,1914, p. lxxiii).
REM.
Juché, -ée, part. passé adj.Cheval juché. ,,Cheval dont le boulet se porte tellement en avant qu'il marche et repose sur la pince`` (Littré).
Prononc. et Orth. : [ʒyʃe], (il) juche [ʒyʃ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1174-77 intrans. « se poser, se percher en un lieu élevé pour dormir (en parlant d'une poule) » (Renart, éd. M. Roques, III a, 4131); 1342 pronom., au fig. « s'élever » (Jacques Bruyant, Pauvreté et richesse ds T.-L.); xives. [ms.] au propre « se placer en un lieu élevé » (Modus et Ratio, éd. G. Tilander, 134, 51, var. du ms. Z). Prob. issu, par croisement avec hucher2* (qui n'est attesté qu'au xviiies., mais doit être plus ancien), de l'a. fr. jochier, intrans. « se percher » (xiiies. [ms.], Wace, Brut, 13602 ds T.-L., var. du ms. H), dér. de joc « perchoir » (1376, ibid.), issu de l'a. b. frq. *jŭk, cf. le m. néerl. joc, juc « joug; pieu », a. h. all. joh, m. h. all., all. joch « joug », équivalent germ. du lat. jugum (v. joug). Fréq. abs. littér. : 205. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 107, b) 380; xxes. : a) 317, b) 382.