| JOVIAL, -ALE, -AUX, adj. A. − [En parlant d'une pers., de sa disposition d'esprit] Qui est gai, enjoué, enclin à rire, à plaisanter, de bonne humeur. C'est certainement un jovial garçon, car sa voix, sans aucun éclat, a un accent de gaieté secrète, véritablement irrésistible (Bernanos, Soleil Satan,1926, p. 168).Gros homme jovial, les joues pleines, le rire facile, il aimait parler guerre et politique (Roy, Bonheur occas.,1945, p. 49): ... un homme rouge, jovial, à la fois parce que la fréquentation de la déchéance nerveuse ne l'empêchait pas d'être très bien portant, et aussi pour rassurer ses malades par le gros rire de son bonjour et de son au revoir...
Proust, Sodome,1922, p. 797. SYNT. Gaillard jovial; gros paysan jovial; grosse fille joviale; religieuse joviale et rebondie; être coloré, gros et jovial; nature joviale; être naturellement jovial; être d'esprit jovial. − Emploi subst. « Veux-tu, lui demanda-t-il, me serrer un peu la colonne et me secouer le chapiteau, comme si nous luttions? » « Oui, répliqua ce jovial, très-volontiers » (Cladel, Ompdrailles,1879, p. 154).V. amuser ex. 9. B. − [P. méton.] 1. [En parlant (d'une partie) du visage] Qui dénote la bonne humeur, la gaieté, l'enjouement, la joie de vivre. Face, figure joviale et épanouie; physionomie joviale; lèvres joviales; nez jovial. Le chapeau cavalièrement campé sur la hure, la mine joviale et satisfaite, il va au marché (Huysmans, Art mod.,1883, p. 217).On voyait apparaître au-dessus de son pupitre sa bonne tête chenue que fendait, sous les lunettes d'or, le large rire silencieux de sa bouche joviale (G. Leroux, Parfum,1908, p. 44). 2. [En parlant du comportement humain] Qui manifeste la bonne humeur, la gaieté, l'enjouement. Air, ton jovial; balourdise, bonhomie, boutade joviale. La sympathie se manifestait par les interpellations joviales des paysannes à fortes croupes, leurs rires gaillards (Vercel, Cap. Conan,1934, p. 73).Joseph s'était pris à pérorer de manière joviale et volubile (Duhamel, Combat,1941, p. 152). C. − [En parlant d'un inanimé concr., de phénomènes physiques] Qui dispose à la bonne humeur, à la gaieté par ses qualités agréables (beauté, douceur). Autant que tu le pourras, ne lui laisse lire aucun livre jovial. Il y a quelques traités de dévotion que tu peux lui permettre (Balzac, Physiol. mar.,1826, p. 93).L'hiver n'a pas été gai, n'est-ce-pas? Espérons que l'été sera plus jovial! (Flaub., Corresp.,1875, p. 168).L'arrière-saison, qui est presque toujours belle, ajoute encore à la joviale physionomie du pays (Theuriet, Mar. Gérard,1875, p. 193). Prononc. et Orth. : [ʒ
ɔvjal], masc. plur. [-o]. Att. ds Ac. dep. 1694. Masc. plur. -als (var. de -aux) ds Dub., Lar. Lang. fr., Davau-Cohen 1972, Lexis 1975. Étymol. et Hist. 1. 1546 « influencé par la planète Jupiter » (Rabelais, Tiers Livre, éd. M. A. Screech, chap. 38, p. 262 : f. [ol] celeste, f. jovial, f. mercurial); 1588 « de Jupiter » (Du Bellay, trad. de Frascator, Syphil., I, 132-152 ds
Œuvres, éd. H. Chamard, t. 6, p. 411 : L'Astre Jovial); 2. 1549 « bon, qui aime la gaieté (parce qu'influencé par la planète bénéfique de Jupiter) » (A. Du Moulin, Chirom., p. 250 ds Gdf. Compl.). Empr. à l'ital.gioviale, attesté au sens de « qui concerne la planète Jupiter » dep. 1317-21 (Dante, Paradis ds Batt.) au sens de « soumis à l'influence bénéfique de la planète Jupiter » dep. le xives. (chez un commentateur anonyme de Dante, ibid.) et au sens de « joyeux » dep. av. 1566 (A. Caro, ibid.), lui-même empr. au lat. tardif jovialis « de Jupiter », dér. de Jovis, génitif de Jupiter. Fréq. abs. littér. : 245. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 239, b) 246; xxes. : a) 572, b) 361. DÉR. Jovialement, adv.D'une manière joviale. Le curé de Saint-Henri satisfit tous ses consultants, certains en quelques mots rapides, au milieu de la conversation générale à laquelle lui-même prenait part jovialement (Hémon, M. Chapdelaine,1916, p. 156).Le commissaire du bord me reçut jovialement à la coupée et m'attribua la cabine numéro 13, la seule qui soit toujours libre jusqu'à la dernière minute (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 41).− [ʒ
ɔvjalmɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1878. − 1reattest. 1831 (A. de Musset, art. publié dans le journal Le Temps, 28 mars ds
Œuvres, t. 9, p. 76); de jovial, suff. -ment2*. − Fréq. abs. littér. : 16. BBG. − Hope 1971, p. 203. - Migl. Nome propr. 1968 [1927], p. 144. |