| JONC, subst. masc. A. − 1. BOT. Plante herbacée, à tige longue et flexible qui croît dans les lieux humides. Quelquefois ces marais sont plantés de joncs desséchés, qui donnent à la stérilité même, l'air des plus opulentes moissons (Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 182).Au milieu, un petit champ doré, blés tardifs, et joncs couleur de rouille (Rolland, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1427).Adieu l'espace, la lumière éparse, l'eau stagnante piquée de joncs, l'eau courante ombragée d'aulnes! (Pesquidoux, Chez nous,1921, p. 47): 1. Ils ont eu un moment d'espoir quand ils ont vu une touffe de joncs. Mais c'étaient des joncs que la vieille source faisait vivre et qui sont en train de mourir...
Giono, Colline,1929, p. 79. − Expr. Se plier comme un jonc (Sand, Mauprat, 1837, p. 292); (n') être (pas) souple comme un jonc ou un brin de jonc (cf. Dumas père, Reine Margot, t. 1, 1845, I, 2, p. 6); être mince comme un jonc ou un brin de jonc (cf. Sand, F. le Champi, 1848, p. 37); être droit comme un jonc (cf. Loti, Matelot, 1893, p. 135). Rem. En poésie l'homme ou le poète sont comparés au jonc, symbole de fragilité. Cf. Hugo, Contempl., t. 2, 1856, p. 401 et Année terr., 1872, p. 246. − P. anal. Jonc d'Inde ou des Indes. Synon. de rotin. (Dict. xixeet xxes.). ♦ Canne de jonc ou absol. jonc. Canne de rotin : 2. ... on le voyait, à l'heure du gottesdienst (du service divin), faire sentinelle devant la porte de l'église, avec un brassard blanc à raies noires et gland d'argent, appuyé sur un jonc à bec recourbé.
Rolland, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1393. 2. P. ext. Tige de toute plante flexible pouvant servir en vannerie ou en sparterie : 3. Ce tabouret convenait mal à l'emploi qu'en faisait M. Bergeret (...) le treillis de jonc, relâché par un long usage, se creusait au milieu...
France, Anneau améth.,1899, p. 184. − P. anal. ♦ HABILL. ,,Ficelle ou fil plastique placé à l'intérieur d'un repli, d'un passe-poil ou d'un bourrelet, pour donner de l'épaisseur`` (Rama 1973). ♦ MÉCAN. Fil rond en acier dur de forme circulaire servant de frein d'axe. Jonc en corde à piano (Boissier1975). ♦ TECHNOL. Monobrin de plastique de faible épaisseur (Dict. xxes.). B. − 1. JOAILL. Bague en or sans chaton ou bracelet dont le cercle est à surface convexe et partout de même grosseur : 4. ... d'une main délicate elle décrochait le téléphone, un bras posé sur la table; au poignet, sous la manche un peu relevée, le bracelet de sa grand-mère fait de deux joncs d'or enchevêtrés en torsade légère.
Chardonne, Ciel,1959, p. 45. 2. Arg. Or et p. ext., somme d'argent. Des diamants à sa limace et du jonc plein ses poches (Méténier, Lutte pour amour,1891, p. 161).Les pendeloques (...) c'est du jonc (...) et les diams! (...) Mince alors, es' pas qu'ils vous iraient? (Carco, Jésus-la-Caille,1914, p. 187). REM. 1. Joncacées, subst. fém. plur.,bot. Famille de plantes monocotylédones, annuelles ou vivaces, comprenant notamment les joncs. (Dict. xxes.). Les dict. du xixes. donnent Joncées et Jonchées (cf. Bern. de St-P., Harm. nat., 1814, p. 69). 2. Joncé, -ée, adj.Qui a la souplesse du jonc. Un soir, elle rencontra dans un bal où elle cherchait fortune en compagnie d'une grande gaupe, à la taille joncée et aux yeux couleur de terre de sienne, un jeune homme qui semblait en quête d'aventures (Huysmans, Marthe,1876, p. 28). Prononc. et Orth. : [ʒ
ɔ
̃]. [ʒ
ɔ
̃:k] devant voyelle ds Fér. Crit. t. 2 1787 et Gattel 1841, rejeté par Land. 1834 et Littré. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1165-70 bot. (Chr. de Troyes, Erec et Enide, éd. M. Roques, 2308); 2. a) 1631 « bague qui est partout de même grosseur » (Les La Trémoille t. 4, p. 54); b) 1790 arg. « or » (Rat du Châtelet, p. 14). Du lat. juncus « jonc, tige semblable à un jonc ». Fréq. abs. littér. : 652. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 056, b) 1 349; xxes. : a) 770, b) 684. DÉR. Jonceux, -euse, adj.a) Qui ressemble au jonc. Seule ma mère semblait recueillir mélancoliquement le bonheur de compter, gisants contre elle, sur l'herbe fine et jonceuse rougie de bruyère, ses bien-aimés (Colette, Sido,1929, p. 93).b) Peuplé de joncs. Parfois la plaine devenait jonceuse et marécageuse (Arnoux, Rossignol napol.,1937, p. 133).− [ʒ
ɔ
̃sø], fém. [-ø:z]. − 1resattest. a) 1580 joncheux « de jonc (en parlant d'un panier) » (M. de La Porte, Epithètes, 300 rods Hug.), b) α) 1588 joncheux « parsemé de joncs » (Du Chesne, Six. liv. du Grand Miroir du monde, p. 74 ds Gdf.),
β) 1901 jonceux « id. » (Colette, Claudine à Paris, p. 105); de jonc, suff. -eux*; cf. pour le sens b, la forme anc. jonchu (Hug., Cotgr.). BBG. − Chautard (É.). La Vie étrange de l'arg. Paris, 1931, p. 419. - Quem. DDL t. 3; 16 (s.v. jonceux). - Spitzer (L.). Junk < Fr. jonc. Rom. R. 1950, t. 41, pp. 206-207. |