| JAFFE, subst. fém. Arg. Soupe. Dans ces inhumains séjours au mitard − une jaffe et un bout de brignolet deux fois par semaine (Le Breton, Rififi,1953, p. 22).− P. ext. Nourriture, repas. Synon. bouffe (pop.), boustifaille (pop.).Le soir après la jaffe, le capitaine d'armes [vint me mettre aux fers] (Dussort, Journal,janv. 1930, p. 10).Les gentilles mômes (...) s'en vont (...) chercher la jaffe de midi chez l'Italien (Simonin, Touchez pas au grisbi,1953, p. 86). ♦ Loc. À la jaffe! À table! (Cellard-Rey1980). Prononc. : [ʒaf]. Étymol. et Hist. 1. 1628 « potage » (O. Chéreau, Le Jargon ou Langage de l'argot réformé, p. 20); 2. 1918 « pitance, repas » (20eChass. ds Esn.). Terme d'arg., à l'origine forme de l'Ouest (Chéreau) qui s'est maintenue dans les parlers de cette région (poit., ang., tourang. et h. bret.), issue d'un gaul. tardif *jefa « écume, embrun », d'un plus anc. *jesta « id. », cf. le gallois ias « ébullition »; cf. aussi les correspondants germ. : m. néerl. gest « levure, levain; marc, fèces, vapeur »; néerl. gist « levure, levain », à rapprocher de l'all. Gischt « embrun ». Comme terme d'arg., on trouve plus anciennement le hapax jafflier « employé qui distribuait la soupe aux détenus » (xvies., Tenebres des pauvres prisonniers de la conciergerie du Palais, 90 ds Cl. Marot,
Œuvres, éd. G. Guiffrey, t. 2, p. 526). DÉR. Jaffer, verbe intrans.,arg. Manger. Synon. bouffer (pop.), bri(f)er (pop.).Ils commençaient à se tâter pour savoir dans quel restau ils iraient jaffer (Le Breton, Rififi,1953, p. 215).J'ai enfin trouvé une taule (...) (un lieu de rencarts pour idylles) (...) un seul couple [ − vers minuit − ] finissait de jaffer (Simonin, Touchez pas au grisbi,1953, p. 101).− [ʒafe]. − 1reattest. 1824 (Mémoires de la Société des Antiquaires de France, p. 166); de jaffe, dés. -er. BBG. − Dauzat Ling. fr. 1946, p. 293. - Sain. Arg. 1972 [1907], p. 4, 164, 200. - Spitzer (L.). Nochmals französisch biffe, schweizerfranzösisch jaffer. Neuphilol. Mitt. 1924, t. 25, pp. 7-14 (s.v. jaffer). |