| JADE, subst. masc. A. − MINÉR. Pierre très dure du genre amphibole, à plusieurs variétés, dont la jadéite et la néphrite, de couleur vert sombre, olivâtre ou blanchâtre, et plus ou moins translucide. Jade vert, blanc; jade impérial, jade du Mexique. Malgré « vos connaissances acquises », vous confondez le jade, qui est une néphrite d'un vert brun et qui vient de Chine, avec le jaspe (Flaub., Corresp.,1863, p. 85).Ce jade [la néphrite de Chine], comme le jade oriental de la Chine de l'Asie centrale et des îles du Pacifique, doit sa grande ténacité à l'enchevêtrement de fibres très fines (Lapparent, Minér.,1899, p. 454).Tantôt elles [les molécules] se mettent en files, comme dans le jade. Tantôt elles s'étalent en plans, comme dans le mica (Teilhard de Ch., Phénom. hum.,1955, p. 67). B. − BIJOUT., ORFÈVR. 1. Cette pierre, servant à la confection de bijoux et d'objets d'art. Collier, vase, statuette de jade. Un précieux guéridon incrusté de malachite, d'onyx, de jade et de lapis-lazuli, fragments polis, bien ajustés (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 413).Des garnitures de robes en jade, en corail, en ivoire, en onyx (Van der Meersch, Invas.,1935, p. 154): 1. Voici seulement deux petits objets en yu, en jade, la pierre de prédilection des Chinois, la pierre d'amour ainsi qu'ils l'appellent (...) si laiteusement blanche, si limpidement vert d'eau de mer, et dont la variété jaune orange est la plus estimée des pierres dures de l'Empire du Milieu.
E. de Goncourt, Mais. artiste, t. 2, 1881, p. 303. 2. P. méton. Objet précieux en jade. Jades chinois; collection de jades. Nous voilà rue Pigalle, à inspecter dans les remises l'entassement des objets qui arrivent de Pékin, à examiner dans les cachettes des greniers les porcelaines, les jades, les bronzes (Goncourt, Journal,1875, p. 1073).Un pied nu (...) et d'un grain de peau si uni et si pâle qu'on eût dit un précieux objet d'art, un albâtre ou un jade posé sur le tapis (Lorrain, Sens. et souv.,1895, p. 126).L'antiquaire, d'un œil amoureux, considérait ses jades par transparence (Morand, New-York,1930, p. 81). C. − Jade, adj. invar. ou de jade, loc. adj., littér. Dont la couleur rappelle celle du jade. Yeux de jade; vert jade. L'est (...) s'éclaire des nuances blêmes de la nuit − bleu de lune et vert de jade (Farrère, Homme qui assass.,1907, p. 299): 2. ... une prairie paradisiaque, non pas verte mais d'un blanc si éclatant à cause du clair de lune qui rayonnait sur la neige de jade, qu'on aurait dit que cette prairie était tissue seulement avec des pétales de poiriers en fleurs.
Proust, Temps retr.,1922, p. 736. − P. méton. Couleur vert jade. Une longue file d'ânes, noir sur jade, qui traversent mélancoliquement le fleuve (T'Serstevens, Itinér. esp.,1933, p. 175). Prononc. et Orth. : [ʒad]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. 1633 fém. éjade « pierre très dure de couleur verte » (Voiture, Lettre à MllePaulet ds
Œuvres, éd. A. Ubicini, t. 1, p. 98); 2. 1661 masc. jadde « id. » (Invent. de Mazarin, fo49 ds Gay). Empr. à l'esp.(piedra de la) ijada, proprement « pierre des flancs », attesté dep. 1569 (Monardes d'apr. Cor., s.v. jade; v. texte cité par W. Meyer-Lübke ds Z. rom. Philol. t. 29, p. 408) : les conquistadores espagnols avaient donné ce nom au jade parce que les Indiens croyaient que cette pierre les préservait des coliques néphrétiques; l'esp. ijada « flancs » est issu du lat. īlia « id., ventre ». 2 est issu de 1 par confusion de l'é- avec l'art. masc. le. Voir Thomas (A.) Mél. Étymol.1, p. 94. Fréq. abs. littér. : 94. Bbg. Boulan 1934, p. 76. |