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IRRITABILITÉ, subst. fém.
A. − BIOL., PHYSIOL.
1. Propriété des tissus et des organes vivants de réagir à une excitation interne ou, le plus souvent, externe. Irritabilité des fibres musculaires, des fibres nerveuses. Chez les animaux à sang froid (grenouilles), les muscles perdent moins vite leur irritabilité que chez les animaux à sang chaud (Cl. Bernard, Princ. méd. exp.,1878, p. 153):
1. Dans cette période de la lèpre, la peau a déjà perdu de sa sensibilité; et si l'activité du virus n'est point ralentie par un régime ou un traitement approprié, les parties engorgées ne tardent pas à perdre leur irritabilité et sensibilité absolue... Voy. La Pérouse,t. 4, 1797, p. 16.
2. ,,État pathologique d'un tissu ou d'un organe qui réagit à l'excès à une faible stimulation`` (Méd. Biol. t. 2 1971). Il était normal [le comportement du voyageur], mais il finit par s'avérer être celui d'un cyclothymique paranoïaque légèrement hypotendu dans un état d'irritabilité hypergastrique (Queneau, Exerc. style,1947, p. 80).
B. − Cour. Disposition à s'irriter. Il est d'une grande irritabilité (Ac.). L'irritabilité qui accompagne un extrême épuisement (Constant, Journaux,1805, p. 215).Hans Ulric, jadis la patience même, devint irritable et nerveux (Bourges, Crépusc. dieux,1884, p. 133):
2. ... à la première occasion, il éclatait de plus belle; et cette extrême irritabilité, augmentant avec l'âge, finit par rendre sa position difficile. Rolland, J.-Chr., Aube, 1904, p. 28.
Irritabilité nerveuse. Depuis quinze jours, ma petite mie souffrant trop de maux de dents, j'évitai tout ce qui pouvait augmenter l'irritabilité nerveuse (Michelet, Journal,1849, p. 48).Le docteur Lambrou, le médecin d'ici, m'a conseillé de moins fumer, afin de diminuer mon irritabilité nerveuse (Flaub., Corresp.,1872, p. 396).
PSYCHOL. ,,Trait caractériel désignant une propension aux réactions coléreuses`` (Piéron 1973). Les autres phénomènes que M. Freud ajoute : l'irritabilité générale, (...) se rapportent plutôt aux troubles psychologiques (Janet, Obsess. et psychasth.,1903, p. 218).Le sentiment de porter ses pensées à vif, sans pouvoir les cacher aux regards d'autrui, est un aspect essentiel de l'irritabilité paranoïaque (Mounier, Traité caract.,1946, p. 647).
Prononc. et Orth. : [iʀitabilite]. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. 1. 1755 physiol. (Condillac, Traité des animaux, p. 447, note ds Gohin, p. 272 : une dissertation de M. Haller sur l'irritabilité); 1756 (S. Tissot [trad. de A. de Haller], Diss. sur l'irritabilité d'apr. le Catal. gén. des impr. de la Bibl. nat.); cf. 1769 (L'Année littér., t. 7, p. 239 ds Mack. t. 1, p. 176b : Mais il [Glisson] n'a pas désigné ce phénomène par une expression claire. Le mot irritabilité ne l'explique pas et il a été diversement interprété); 2. ca 1778 (Abbé Royou ds Fér. Crit. 1787 : d'une irritabilité peut-être trop grande [de J.-J. Rousseau]). 2 empr. au lat. imp. irritabilitas « irritabilité, susceptibilité ». Le terme de physiol. (1) : lat. sc. irritabilitas, forgé par le médecin angl. Fr. Glisson dans son Tractatus de natura substantiae energica, 1672, a été utilisé par les médecins suisses A. von Haller (1708-77), cf. supra et J.G. Zimmerman (1728-95), v. NED; le terme apparaît en 1755 à la fois en fr., supra, et en angl. chez l'anatomiste R. Whytt (1714-66) en réf. à Haller, NED. Fréq. abs. littér. : 282. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 767, b) 682; xxes. : a) 91, b) 123.