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IRONIE, subst. fém.
A. − Figure de rhétorique par laquelle on dit le contraire de ce qu'on veut faire comprendre. Les Jésuites ont reproché à Pascal de recourir, dans ses Provinciales, à l'ironie, ce qui, selon eux, est un manque de charité (Morier1961).
P. ext. Moquerie sarcastique qui utilise, le ton ou l'attitude aidant, cette figure de style. Dans l'ironie, l'homme anéantit (...) ce qu'il pose, il donne à croire pour n'être pas cru, il affirme pour nier, il nie pour affirmer, il crée un objet positif mais qui n'a d'autre être que son néant (Sartre, Être et Néant,1943, p. 85):
1. Plus que les paroles, l'accent gouailleur achève de déconcerter Mouchette. Elle a peu l'habitude de l'ironie et lorsqu'elle arrive à saisir quelque chose de ce langage inconnu, le mouvement de son âme n'est pas de colère, mais d'effroi. Bernanos, Mouchette,1937, p. 1323.
Par ironie. Par antiphrase, par plaisanterie. Louis « le Pieux » fut encore surnommé par ironie le Débonnaire (Bainville, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 40).
Sans ironie. Sans plaisanter, sérieusement. Sans aucune ironie, sans ombre d'ironie. Il se dérobait poliment avec un air de chat échaudé, qui n'allait pas sans ironie (Aymé, Mais. basse,1934, p. 99).
Point d'ironie (). Signe de ponctuation proposé par Alcanter de Brahm pour indiquer au lecteur les passages, les phrases ironiques. Alcanter de Brahm imagina sur la fin du xixesiècle un signe [] qu'il nomma point d'ironie (A. Doppagne, La Bonne ponctuation, Paris, Duculot, 1978, p. 57).
SYNT. Ironie agressive, amère, amusée, atroce, brillante, cinglante, cruelle, féroce, méprisante, mordante; esprit, expression, mots, moue, nuance, pointe d'ironie.
P. méton. Actes, paroles qui manifestent cette disposition d'esprit. À quoi servent ces ironies déplacées? À vous amener à de perpétuelles capitulations (Duranty, Malh. H. Gérard,1860, p. 196).
Au fig. Fait qui, par sa dérision, par sa contradiction, semble être une mauvaise plaisanterie. Je revois cette après-midi radieuse, − elles furent si nombreuses dans ce tragique été de 1914, quelle ironie! (Bourget, Sens mort,1915, p. 82).
Ironie du sort. Il était toutefois amusant de se dire que ces béotiens amorphes (...) étaient par une ironie du sort apparentés à Luc Pontdebois, l'écrivain si profond, si nuancé (Aymé, Travelingue,1941, p. 249).
B. − Ironie socratique ou ironie. Ignorance simulée, s'exprimant en des interrogations naïves, que Socrate employait pour faire découvrir à ses interlocuteurs leur propre ignorance :
2. ... il [Socrate] laissait à l'étrangeté des conséquences auxquelles il vous avait conduit, le soin de vous ouvrir les yeux sur ses véritables intentions, se contentant de les marquer par un sourire. C'est la fameuse ironie (...) qui n'avait de sceptique que l'apparence. Cousin, Hist. gén. philos.,1861, p. 124.
Prononc. et Orth. : [iʀ ɔni]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin xiiies. « raillerie qui consiste à dire le contraire de ce qu'on veut faire entendre » (Chron. de S. Den., ms. Ste Gen. [782], fol. 58d ds Gdf. Compl. : Il li dist tels paroles ausi come par yronie); 2. 1656 « parole ironique » (Pascal, Provinciale XI ds Œuvres, éd. J. Chevalier, p. 781); 3. av. 1680 (Cost. [P. Costar ✝ 1660?] ds Rich. : l'ironie étoit la figure favorite de Socrate); 1840 ironie socratique (Ac. Compl. 1842); 4. 1807 (Staël, Corinne, t. 4, p. 73 : cette amère ironie du malheur [en parlant du rire du désespoir]). Empr. au lat. class.ironia, gr. ε ι ̓ ρ ω ν ε ι ́ α « ironie socratique; réticence, ironie ». Fréq. abs. littér. : 2 057. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 649, b) 3 238; xxes. : a) 3 809, b) 3 314.