| * Dans l'article "INÉVITABLE,, adj." INÉVITABLE, adj. A. − Qu'on ne peut éviter; qui se produit nécessairement. Synon. certain, fatal, immanquable, inéluctable, nécessaire.Catastrophe, chute, dénouement, événement, évolution, fin, guerre, mort inévitable. Il est des lois inévitables, des heures fatales qui se déclarent pour nous en avançant. Nul n'y échappe (Sainte-Beuve, Poisons,1869, p. 7).Un peuple ne vit pas sur une négation; il ne saurait se refuser, dans ses générations successives, au contact inévitable, fatal, humain, avec qui l'administre, le gouverne (Barrès, Cahiers, t. 5, 1907, p. 228).Ce qui, hier encore, semblait impossible, odieux, est devenu inévitable, nécessaire, légitime! (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 688). ♦ Il est inévitable que + subj.Il est inévitable que cet équilibre se rompe (Durkheim, Divis. trav.,1893, p. 277).Pour nous, l'amour ne pouvait aller qu'avec l'argent. Il était naturel, nécessaire, inévitable qu'Yves aimât une fille riche (Drieu La Roch., Rêv. bourg.,1939, p. 261). − Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. Se résigner à l'inévitable. Nous nous résignons encore à l'inévitable, à ce qui frappe tous les humains (Amiel, Journal,1866, p. 316).Sa résignation fataliste qui prenait vite son parti de l'inévitable (Vogüé, Morts,1899, p. 383): Il faudra dire ce qu'est subir, éprouver l'incoercible, l'inévitable, l'irrémédiable; de différentes façons l'existence nous est imposée : seule cette nécessité éprouvée en nous-même peut être appariée à la liberté de consentement, car seule une expérience intérieure peut être partielle au regard de la liberté et appeler un acte de volonté qui l'achève.
Ricœur, Philos. volonté,1949, p. 329. B. − [Avec une intention plaisante; en parlant d'une pers. ou d'un inanimé concr.] Qu'on ne peut manquer de rencontrer ou de trouver. Synon. fatidique, immanquable, indispensable.Son inévitable compagnon; son inévitable chapeau, imperméable. L'inévitable Z, qui a été le joli cœur de la société (Flaub., Corresp.,1877, p. 3).Autour d'elle, des amis et des amies : le vieil abonné à figure rose, le vieux général inévitable (Renard, Journal,1897, p. 444).Un buffet froid avec pâtés, puddings et l'inévitable agneau à la sauce menthe (Morand, Londres,1933, p. 200).V. billard ex. 2. REM. Inévitée, adj. fém.,hapax. Plus la première [éducation] a été grande, profonde, inévitée, ou du moins incorrigée par la seconde, plus elle doit laisser de sédiments dans les créations de l'esprit (Barbey d'Aurev., Memor. 1,1837, p. 102). Prononc. et Orth. : [inevitabl̥]. Att. ds Ac. 1694, 1718 : inevitable, ensuite -né-. Étymol. et Hist. 1377 « qu'on ne peut éviter » (Oresme, Livre du ciel et du monde, éd. A. D. Menut et A. J. Denomy, 1968, p. 208, 50). Empr. sav. du lat.inevitabilis « inévitable ». Fréq. abs. littér. : 1 672. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 177, b) 1 627; xxes. : a) 2 855, b) 2 663. DÉR. Inévitabilité, subst. fém.,rare. Caractère de ce qui est inévitable. Synon. inéluctabilité.Tels sont à la fois l'illogisme et l'inévitabilité de mes réactions (Du Bos, Journal,1923, p. 217).L'idée de l'inévitabilité de la mort apparaît (Bergson, Deux sources,1932, p. 144).− [inevitabilite]. − 1resattest. xves. [date du ms.] (Chron. et hist. saint. et prof., Ars 3515, fo18 vods Gdf.), attest. isolée, de nouv. 1731 [date d'éd.] (Fénelon, Lami, Boulainvilliers, Réfut. de Spinoza, p. 138 ds Littré), 1802 (Nouv. dict. françois-allemand et allemand-françois, Bâle, Flick); dér. sav. de inévitable, suff. -(i)té*. |