| * Dans l'article "INÉBRANLABLE,, adj." INÉBRANLABLE, adj. A. − 1. [En parlant d'un inanimé concr.] Qui ne peut être ébranlé, dont la solidité, l'équilibre ne peuvent être compromis. Synon. fixe, résistant, robuste, solide; anton. ébranlable, fragile.Colonne, construction, roc inébranlable. Des bâtisses assises sur des masses inertes et inébranlables (Viollet-Le-Duc, Archit.,1872, p. 70).Ils [les Normands] ne devaient fournir au peuple anglais que les fondations inébranlables des temples et des châteaux forts (Faure, Hist. art,1912, p. 303). 2. P. anal., domaine milit.Que l'attaque ennemie n'ébranle pas, ne met pas en déroute. Bataillon inébranlable. Les soldats du Dieu jaloux, moins fougueux mais non moins fermes que les nôtres, demeuraient inébranlables (France, Révolte anges,1914, p. 195). B. − Au fig. 1. Qui ne se laisse pas abattre ni décourager. a) [En parlant d'une pers.] Synon. courageux, ferme, impassible, stoïque.On les mit à la question [les moines]. Deux furent inébranlables sous les plus cruelles tortures, mais le troisième faiblit et demanda grâce (Mérimée, Faux Démétrius,1853, p. 131): 1. Mais tu ne sais donc pas, mon amour, que je t'aime pour les souffrances de ta vie passée? Tu ne sais donc pas que j'adore en toi l'âme inébranlable qui a subi sans plier les orages de la vie?
Sand, Lélia,1833, p. 222. b) [En parlant d'une attitude, d'un sentiment] Synon. imperturbable.L'affection profonde, dévouée, tendre, inébranlable de mon amant (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Testament, 1882, p. 665).Je ne ferai qu'affirmer ma confiance inébranlable dans le principe d'une activité qui ne m'a jamais déçu (Breton, Manif. Surréal., 1erManifeste, 1924, p. 12): 2. Quelquefois seulement cet inébranlable courage trahissait non l'hésitation, mais la souffrance. Le stoïque Augustin n'en disait rien. Son attitude était la même, sa ferme raison toujours aussi claire. Il continuait d'agir, de penser, de résoudre, comme s'il n'avait jamais reçu la moindre atteinte...
Fromentin, Dominique,1863, p. 152. − Inébranlable à + subst.Mais l'austère bonheur que tu nous as donné, Semblable au vaste mont qui plonge aux mers profondes Demeure inébranlable aux secousses des ondes (Leconte de Lisle, Poèmes ant.,1852, p. 65). 2. [En parlant d'une pers.] Qui ne change pas; qui ne se laisse pas détourner de ses idées ou de ses projets. Synon. constant, déterminé, ferme, inflexible, têtu.Elle est douce et pleine de fermeté, inébranlable et implacable dans ses idées, dans ses répulsions (Balzac, Lettres Étr., 1, 1850, p. 530).Harriet resta inébranlable et opposa à ma fougue un secouement de tête patient mais résolu (Gobineau, Pléiades,1874, p. 46): 3. Au lieu d'un peuple gai, sociable, insouciant et brillant, il voyait des esprits concentrés, (...) mais baignant dans un pessimisme profond et serein, possédés d'idées fixes, de passions intellectuelles, des âmes inébranlables, qu'il eût été plus facile de détruire que de changer.
Rolland, J.-Chr., Maison, 1909, p. 988. 3. [En parlant d'un inanimé abstr.] Qui est solidement fondé; que l'on ne peut discuter. Synon. certain, incontestable, indéniable, irréfutable.L'indépendance de mon esprit, la liberté la plus absolue dans mes opinions sont des privilèges inébranlables de ma noble origine (Gobineau, Pléiades,1874p. 19): 4. ... lorsque je cherchai par quel bien positif elle [la sagesse des Stoïciens] rendoit la vie heureuse, et sur quelle vérité inébranlable s'élevoit son sublime édifice, je dis avec découragement : la sagesse elle-même est vanité.
Senancour, Rêveries,1799, p. 4. REM. Inébranlabilité, subst. fém.,rare. Caractère de ce qui est inébranlable. Des hommes soucieux, préoccupés, inquiets, affectant de croire à l'inébranlabilité de la République (Goncourt, Journal,1883, p. 228).Les émeutes primitives exprimaient déjà un certain éveil de conscience : les ouvriers perdaient leur foi séculaire dans l'inébranlabilité du régime qui les accablait (Lénine, Que faire?1933, p. 437). Prononc. et Orth. : [inebʀ
ɑ
̃labl̥]. Att. ds Ac. 1694, 1718 : inesbranslable, ensuite -ébranlable. Étymol. et Hist. 1. 1606 « qu'on ne peut faire changer de dessein, d'opinion » (Saint François de Sales, Lett. ds Delb. Matér. : ma fille, (...) de laquelle je sens le cœur inesbranlable en la saincte amitié qu'elle me porte); 2. a) 1654 au fig. « qui est certain, solidement fondé » (Cyrano de Bergerac, Le Pédant joué, éd. Fr. Lachèvre, 276); b) 1680 au propre « qu'on ne peut ébranler, dont on ne peut compromettre la solidité » (Rich.). Dér. de ébranlable*; préf. in-1*. Fréq. abs. littér. : 502. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 882, b) 960; xxes. : a) 636, b) 484. DÉR. Inébranlablement, adv.De façon inébranlable. Synon. fermement.a) [Correspond à inébranlable A] Les différents os de la tête sont inébranlablement unis (G. Gérard, Anat. hum.,1912, p. 31).Les architectes utilisaient, pour sceller inébranlablement les pierres les unes aux autres, des liants comme l'argile, le bitume, le plâtre ou le mortier (P. Rousseau, Hist. techn. et invent.,1967, p. 225).b) [Correspond à inébranlable B] Il était inébranlablement décidé à exiger de n'importe qui (...) la restitution de son Éden disparu (Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 598).Les cubistes stricts, Braque, Picasso, Juan Gris, ne sont-ils pas demeurés inébranlablement fidèles à la figuration? (Dorival, Peintres xxes., 1957, p. 118).− [inebʀ
ɑ
̃labləmɑ
̃]. Ac. 1718 inesbranslablement, ensuite -ébranla-. − 1resattest. a) 1718 au fig. (Ac. : homme inesbranslablement attaché à son devoir), b) 1866 au propre (A. Pommier, Paris, CXXXIX ds Guérin 1892); de inébranlable, suff. -ment2*. − Fréq. abs. littér. : 18. BBG. − Delb. Matér. 1880, p. 175. |