| INVOLONTAIRE, adj. A. − [En parlant d'un acte (ou de ce qui en résulte), d'une attitude] 1. Qui s'accomplit sans l'intervention de la volonté ou qui échappe à son contrôle. Synon. instinctif, irréfléchi, machinal, mécanique; anton. conscient, réfléchi, volontaire, voulu.Geste involontaire de recul; attitude involontaire de mépris; cri involontaire de frayeur. Un frisson involontaire lui passa entre les épaules (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 50).Il n'était pas rare en effet qu'un mouvement involontaire du dormeur (...) inclinât le goulot d'un bidon ou renversât une gamelle (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 253): 1. Le violoncelliste dominait l'instrument qu'il serrait entre ses genoux, inclinant sa tête à laquelle des traits vulgaires donnaient, dans les instants de maniérisme, une expression involontaire de dégoût...
Proust, Prisonn.,1922, p. 251. ♦ Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. L'esprit, comme l'amour, n'a de charme que lorsqu'il est involontaire. En général, on fait grand cas de la volonté, on admire une belle volonté. Nous, au contraire, nous n'admirons que l'involontaire, parce que l'involontaire c'est l'inspiration (Mme De Girardin, Le Vicomte de Launay, Lettres parisiennes, Paris, M. Lévy, 1863 [1840], p. 12). − PHYSIOL. [En parlant d'un mécanisme appartenant à la vie neuro-végétative] Qui n'est pas soumis à l'action de la volonté. Synon. automatique, inconscient, réflexe, spontané.Battements, contractions involontaires du cœur : 2. Qu'est-ce qu'un réflexe? C'est une réaction involontaire causée directement par une excitation externe. Sur la patte d'une grenouille décérébrée, on place une goutte d'acide; la patte se retire, voilà un réflexe moteur.
J. Rostand, La Vie et ses probl.,1939, p. 88. − [P. méton.] Commande des muscles involontaires dans l'accouchement (Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 2, 1964, p. 112). 2. P. ext. Qui n'est pas accompli à dessein, volontairement. Anton. délibéré, intentionnel, prémédité, voulu.Faute, négligence, omission involontaire. Je crains que vous ne commettiez ici une erreur involontaire (Bernanos, Imposture,1927, p. 392).Ce dégât involontaire (...) a été payé au-delà des prétentions manifestées (La Hêtraie, Chasse, vén., fauconn.,1945, p. 137): 3. Le Dieu est si sévère qu'il n'admet aucune excuse; il ne distingue pas entre un meurtre involontaire et un crime prémédité.
Fustel de Coul., Cité antique,1864, p. 116. − DR. Homicide involontaire. Fait de donner la mort sans intention de la donner. Synon. homicide par imprudence; anton. homicide volontaire (v. homicide2). B. − [En parlant d'une pers.] Qui se trouve, sans l'avoir voulu, dans telle situation, ou qui, malgré soi, est l'auteur d'un acte donné. Synon. forcé.En Piémont, je me suis trouvé l'involontaire témoin d'un fait à peu près semblable (Stendhal, Amour,1822, p. 78).La confidente involontaire d'une anecdote graveleuse (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Corresp., 1882, p. 1231): 4. ... il y a des amitiés plus belles que celle de Bloch pour moi, qui se sont trouvées détruites, sans que l'auteur involontaire de la brouille ait jamais pu expliquer au brouillé ce qui sans doute eût guéri son amour-propre...
Proust, Sodome,1922, p. 1102. Prononc. et Orth. : [ε
̃vɔlɔ
̃tε:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1370-72 « qui n'est pas fait à dessein » (Oresme, Ethiques, éd. A. D. Menut, p. 179); 2. 1690 (Fur. : la digestion est une action involontaire). Empr. au lat.involuntarius : 1 à la lang. scolast. (xiiies. Th. d'Aquin ds Blaise Latin. Med. Aev.), 2 à celle de basse époque, à l'emploi physiologique. Fréq. abs. littér. : 1 327. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 983, b) 1 286; xxes. : a) 1 251, b) 2 510. Bbg. Quem. DDL t. 17. |