| INVESTITURE, subst. fém. A. − HISTOIRE 1. Mise en possession officielle d'un fief, d'un apanage, se déroulant le plus souvent par une cérémonie symbolique. Investiture d'un fief. Le Roi (...) demanda à son frère de lui remettre sa lettre impériale d'investiture (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 1, 1821-24, p. 109).L'Empereur fut si satisfait de son courage et de son dévouement qu'il lui accorda l'investiture du margraviat de Misnie (Montalembert, Ste Élisabeth,1836, p. 101): 1. − Chevalier de Sonneck, lui dit-il, je te donne le fief de Rhineck, mouvant de ma tour de Gutenfels. Tu vas me suivre à Stahleck pour recevoir l'investiture et me prêter le serment d'allégeance, en mail public et en présence des échevins...
Hugo, Rhin,1842, p. 190. 2. DR. CANON. Mise en possession d'une juridiction en faveur d'un dignitaire ou d'un bénéficiaire ecclésiastique, se déroulant le plus souvent au cours d'une cérémonie symbolique. − Investiture de + subst. précisant la juridiction.Investiture d'un bénéfice, d'un évêché. Conrad (...) étendit les nouvelles possessions de l'ordre, et reçut du pape l'investiture de cette province (Montalembert, Ste Élisabeth,1836p. 325). − Investiture de + subst. précisant le destinataire.Investiture d'un évêque. Rien d'aussi beau dans l'histoire des institutions civiles et religieuses, que ce qui concerne l'autorité, les devoirs et l'investiture du prélat, parmi les chrétiens (Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 371).Il prône l'investiture de gens dont on ne voudrait pas dans le dernier des séminaires (Huysmans, Oblat, t. 1, 1903, p. 84).Saint Bernard (...) parle de plusieurs sacrements, (...) le lavement des pieds, l'investiture des chanoines, des abbés et des évêques (Théol. cath.,t. 14, 1, 1938, p. 546). − Querelle des investitures. Conflit d'autorité qui opposa l'Église aux souverains temporels, notamment à l'empereur germanique, aux xieet xiiesiècles, à propos de l'investiture des abbés et des évêques. La querelle des investitures; (...) la lutte du sacerdoce et de l'empire. Les diverses situations des chefs de l'Église et la difficulté de les concilier ont été la vraie source de l'incertitude et du combat de toutes ces prétentions (Guizot, Hist. civilisation, Leçon no5, 1828, p. 34).La querelle des investitures et les conflits entre les deux puissances, pape et empereur, qui avaient grandi côte à côte en se donnant la main (Le Dantec, Savoir!1920, p. 52).Après la brillante soutenance d'une thèse sur la querelle des Investitures, l'évêque de Bayeux (...) avait daigné faire le voyage de Courville, pour féliciter de vive voix le jeune docteur (Bernanos, Joie,1929, p. 537).P. anal. Conflit d'influence. Les nouveaux chefs politiques prétendent au gouvernement de l'esprit. (...) Thomas Mann contre Hitler. Gide contre Staline, Ferrero contre Mussolini, c'est une querelle des Investitures (Malraux, Espoir,1937, p. 763). B. − P. ext., mod., POL. 1. Acte par lequel une autorité accorde sa confiance à une ou plusieurs personnes pour une mission de gouvernement, de représentation. Confier le pouvoir à M. Soubachitch, lequel avait au préalable reçu l'investiture de Tito (De Gaulle, Mém. guerre,1956, p. 202).M. Roosevelt professait ouvertement que l'autorité en France relèverait de son investiture (De Gaulle, Mém. guerre,1956p. 219). − DR. CONSTIT. (sous la IVeRépublique, dans la Constitution française de 1946). ,,Vote par lequel l'Assemblée nationale accordait sa confiance au Président du Conseil désigné par le Président de la République et l'autorisait à former le Gouvernement`` (Jur. 1971). L'investiture du Président du Conseil par l'Assemblée; accorder, donner, obtenir, recevoir, refuser, solliciter l'investiture. Dans sa déclaration d'investiture du 31 janvier 1956, Guy Mollet (...) déclara : (...). Faut-il créer une industrie européenne pour permettre la fabrication de bombes atomiques (...)? (Goldschmidt, Avent. atom.,1962, p. 130): 2. Aussitôt après l'élection de M. Vincent Auriol, (...) le Président de la République désigna M. Ramadier comme Président du Conseil des Ministres. Celui-ci, après avoir reçu l'investiture de l'Assemblée Nationale, forma le premier gouvernement selon la Constitution nouvelle.
Vedel, Dr. constit.,1949, p. 331. 2. Acte par lequel un parti politique ou un syndicat désigne un candidat à une fonction élective. Obtenir son investiture; avoir l'investiture de tel parti; accorder l'investiture à qqn aux élections législatives. Le fait que les élus, investis par un parti et qui redemanderont cette investiture aux élections suivantes, sont sous la surveillance du parti a eu pour effet de resserrer la discipline (Vedel, Dr. constit.,1949p. 417). Prononc. et Orth. : [ε
̃vεstity:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1475 (Ordonn. des rois de France, éd. Pastoret, t. 18, 122 ds Bartzsch, p. 19). Empr. au lat. médiév. jur.investitura « id. » (ixes. ds Nierm.), dér. de investire (investir1*); en a. fr. envesture (1249-64 ds Gdf.). Fréq. abs. littér. : 45. |