| * Dans l'article "INTIMIDER,, verbe trans." INTIMIDER, verbe trans. A. − Impressionner fortement (quelqu'un). 1. (Le) remplir de crainte, de peur. a) [En usant de manifestations agressives, de la force physique, matérielle] Intimider l'adversaire, l'ennemi, les malfaiteurs. [Le capitaine] essaya, pour intimider les sauvages, de tirer un coup de fusil en l'air (Voy. La Pérouse,t. 3, 1797, p. 211).Quand je voulus, malgré l'obscurité profonde, faire quelques pas à l'air (...) des chiens hurlant m'intimidèrent (Barrès, Homme libre,1889, p. 125).Rien ne l'intimide [le rapace], ni cris ni pierres. Chassé, il s'éloigne d'un vol mou, se pose un peu plus loin, et revient (Pesquidoux, Chez nous,1923, p. 185): 1. ... il s'en sert comme d'une sorte de boutoir quand, rentrant la tête entre les pattes de devant, à la manière des hérissons, et faisant le gros dos, il s'avance, ainsi que je l'ai vu faire, pour intimider un ennemi peu redoutable (c'était un petit chien) ou pour foncer sur un obstacle.
Gide, Feuillets,1949, p. 1114. − P. anal. [Le suj. désigne une chose] Cette vieille maison, perdue dans la campagne, intimidait l'enfant, même en plein jour. Il oubliait ses craintes, quand le grand-père était là (Rolland, J.-Chr., Aube, 1904, p. 49).Ce gouffre, le silence, scandé par le tic tac de l'horloge, m'intimidaient. Les livres me rassuraient (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 52). b) [En usant de coercitions, de contraintes, de pressions morales] Intimider la volonté de qqn. Octave souhaitait la conduire vivante à Rome, et triompher en elle de tout l'Orient; il l'intimida par la menace barbare de faire tuer ses enfans, si elle mourait (Michelet, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 326).En première instance, M. Morandi fut condamné; le gouvernement avait intimidé les juges (About, Grèce,1854, p. 86).Il essayait de m'intimider par la perspective de scandaleuses calomnies (De Gaulle, Mém. guerre,1956, p. 217): 2. ... le plus ivre des deux Kurdes se déclara résolu à tuer tout personnage assez imprudent pour lui disputer la main de la protégée du moulla. Mais le canonnier ne se laissa pas intimider et allongea au provocateur un coup de poing en plein visage...
Gobineau, Nouv. asiat.,1876, p. 140. 2. (Lui) imposer respect, considération ou révérence, en usant, volontairement ou non, de divers prestiges attachés à la naissance, à la fortune, au pouvoir, à l'apparence ou à l'ascendant personnel. Intimider qqn par l'élévation de son esprit; être intimidé par un roi. L'action du prince, son accent, ses regards, intimident tous les soldats (Cottin, Mathilde, t. 1, 1805, p. 349).Il a cette assurance spirituelle, railleuse et tranquille, que rien n'intimide, qui intimide facilement, et qui garantit partout (...) une apparence de supériorité (Feuillet, Rom. j. homme pauvre,1858, p. 214).Il n'avait dû qu'à son uniforme, à son bicorne, à son écharpe qui intimidaient les malotrus, de ne pas coucher au violon (Arnoux, Roi,1956, p. 353): 3. Sa ferme contenance intimida les Turcs qui levèrent le siège (...). Le moribond, vainqueur sans avoir combattu, tant son nom imposait aux ennemis, vient d'apprendre leur fuite précipitée.
Grousset, Croisades,1939, p. 139. 3. User d'intimidation (v. ce mot A 2). Partout, il ne s'agit que d'intimider avant de frapper, soit pour éviter de frapper, soit afin de ne frapper qu'efficacement, à coup sûr, comme l'état d'Orange et le Transvaal l'ont suffisamment éprouvé (Maurras, Kiel et Tanger,1914, p. 105). B. − [Avec un sens atténué] Troubler quelqu'un, le remplir de gêne, de confusion. Être intimidé par la présence de qqn. Son air triste et sévère m'intimida, je me troublai, je rougis (Genlis, Chev. Cygne, t. 3, 1795, p. 256).Quand il s'est trouvé devant Bergson, il a été terriblement intimidé. Il en était pâle. Je voyais trembler tous les poils de sa moustache (Duhamel, Désert Bièvres,1937, p. 71).Le plus souvent, un regard appuyé intimide et inhibe (...). Le timide, sous son effet, perd toute contenance motrice et psychique (Mounier, Traité caract.,1946, p. 495): 4. Je fais tout pour établir un plain-pied absolu dans chacune de mes intimités, et je ne l'obtiens jamais tout à fait parce que − et là aussi pour moi il y a un mystère insondable − j'intimide, et nul n'est avec moi tout à fait dans son naturel.
Du Bos, Journal,1927, p. 267. − Être intimidé avec qqn, devant qqn, sous le regard de qqn; être intimidé de + inf. André, pris au dépourvu, intimidé de parler en public (Martin du G., Devenir,1909, p. 71). − Emploi pronom. Se troubler. Malheur au jeune enfant seul, sans ami, sans guide, Qui près de la beauté rougit et s'intimide (Chénier, Épitres,1794, p. 179).Et je la congédie avec un sourire si bienveillant qu'elle s'intimide (Colette, Cl. s'en va,1903, p. 300). REM. Intimidabilité, subst. fém.Aptitude à être intimidé. Le résultat L élevé indique en somme l'intimidabilité du sujet et l'on peut donc espérer que la sanction qui l'a frappé constituera un frein à ses tendances (Delay, Psychol. méd.,1953, p. 127). Prononc. et Orth. : [ε
̃timide], (il) intimide [-mid]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1515 jur. « faire peur à, menacer gravement » (Recueil général des anciennes lois fr., éd. Isambert, t. 12, p. 29); b) 1546 « effrayer » (Rabelais, Tiers Livre, éd. M. A. Screech, XXVII, 24); c) 1580 intimidant « qui fait peur » (La Porte, Epithètes, ds Gdf. Compl.); 2. 1662 « faire perdre son assurance à » (La Rochefoucauld,
Œuvres, éd. D. L. Gilbert et J. Gourdault, t. 2, p. 6). Dér. de timide*; préf. in-2*; dés. -er. DÉR. 1. Intimidable, adj.Que l'on peut intimider, qui est facilement intimidé. Je mets en principe que les enfants (...) sont très facilement intimidables (Frapié, Maternelle,1904, p. 41).− [ε
̃timidabl̥]. − 1reattest. 1845 (Besch. Suppl.); de intimider, suff. -able*. 2. Intimidateur, -trice, subst. masc. et adj.a) Subst. masc., pol. ,,Partisan d'un système d'intimidation`` (Ac. Compl. 1842). b) Adj. Qui intimide, qui est propre à intimider. Propos intimidateurs, mesures, manœuvres intimidatrices (Lar. Lang. fr.). − [ε
̃timidatœ:ʀ], fém. [-tʀis]. − 1resattest. a) subst. av. 1836 « celui qui intimide » (Carrel,
Œuvres, t. 4, p. 417 ds Littré), b) adj. av. 1836 système intimidateur (Id. ibid., p. 350, ibid.); dér. sav. de intimider, suff. -(at)eur2*. |