| INTERLOPE, subst. masc. et adj. A. − Vx, subst. masc. 1. ,,Navire marchand qui trafiquait en fraude dans les pays de la concession d'une compagnie de commerce, dans les colonies où les navires étrangers n'étaient pas admis, ou dans les ports en état de blocus`` (Ac. 1835-1935; dict. xixeet xxes.). − Emploi adj. Vaisseau interlope (Ac. 1835, 1878; dict. xixeet xxes.). 2. P. ext. Commerce frauduleux. Synon. contrebande.Les Espagnols (...) autorisent par leur silence l'interlope pour les choses que leur commerce n'est pas en état de fournir (Baudry des Loz., Voy. Louisiane,1802, p. 215).Il s'y ajoutait « l'interlope », c'est-à-dire la contrebande dans l'Amérique espagnole et le Brésil (Lefebvre, Révol. fr.,1963, p. 28). − Emploi adj. Commerce interlope. Commerce qui se fait en fraude. Le commerce interlope et la contrebande peuvent seuls mettre des bornes aux énormes abus des compagnies privilégiées (Say, Écon. pol.,1832, p. 204). B. − Adj., au fig. Qui est d'aspect équivoque, dont l'honnêteté ou l'honorabilité sont douteuses. Synon. douteux, louche, suspect; anton. digne, honnête, honorable, respectable.Un restaurant interlope avec ses bols de riz au lait et ses crêmes tremblantes (Huysmans, Marthe,1876, p. 128).Des amateurs, d'anciens sportifs tombés dans la canaille, tout ce monde interlope qui gravite autour des salles de lutte et de boxe, lui conseillèrent de boxer (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 169). ♦ Maison interlope. ,,Maison où se réunit une société équivoque et fort mêlée, et où l'on joue clandestinement`` (Ac. 1878, 1935; dict. xixeet xxes.). − Littér., emploi subst. Il y a Théophile Gautier et ses filles, Peyrat, sa femme et sa fille, Gaiffe, et un de ces interlopes quelconques, qui semble toujours faire le quatorzième de la société (Goncourt, Journal, t. 2, p. 20 ds Rob. Suppl. 1970). Prononc. et Orth. : [ε
̃tε
ʀlɔp]. Att. ds Ac. dep. 1740. Étymol. et Hist. 1. 1685 vaisseau interlope « navire marchand qui trafique en fraude dans des pays concédés à une compagnie de commerce » (La Courbe, p. 121 d'apr. Flutre ds R. Ling. rom. t. 25, p. 281); 1687 (Miege ds Boulan, p. 110 : To interlope − faire le métier d'Interlope, trafiquer par mer au préjudice des droits et privilèges d'une compagnie); 2. 1755 « commerce maritime, frauduleux » (Mirabeau, Ami des hommes, t. 3, p. 262); 3. a) 1755 « celui qui vit du commerce frauduleux » (Id., ibid., p. 382 : un tas d'interlopes et de fainéants); b) 1772 au fig. (Voltaire, Lettre à Marmontel ds Littré : qu'on ait soutenu les feuilles des Desfontaines et des Fréron, parce qu'elles sont satiriques; je me suis toujours déclaré l'implacable ennemi de ces interlopes qui sont l'opprobre de la littérature); 4. 1841 « louche, douteux » monde interlope (Balzac, La fausse maîtresse, Œuvres, II, 42 ds Rob.). Empr. à l'angl.interloper (ca 1590 ds NED), lui-même dér. du verbe to interlope (1603, ibid.) composé de inter- (correspondant au fr. inter-*) et de lope, qui serait une forme dial. de to leap « courir, sauter » issu du vieil angl. (cf. le correspondant néerl. loopen « courir »); to interlope signifiant « courir entre deux parties et recueillir l'avantage que l'une devrait prendre sur l'autre », d'où « s'introduire, trafiquer dans un domaine réservé à d'autres ». Fréq. abs. littér. : 36. Bbg. Bonn. 1920, p. 77. - Boulan 1934, p. 110. - Flutre (L.F.). Termes commerciaux des xviieet xviiies. R. Ling. rom. 1961, t. 25, p. 280. - Klein Vie paris. 1976, p. 33. |