| INTÉGRITÉ, subst. fém. A. − État d'une chose, d'un tout, qui est entier, qui a toutes ses parties. Intégrité du territoire, de l'empire. Il faudrait non seulement rendre l'intégrité des biens aux émigrés, mais restituer ce qu'on a pris au clergé (Delécluze, Journal,1825, p. 131).L'intégrité territoriale de la Serbie serait respectée (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 394): 1. En admettant le récit de Juvénal sur (...) le fameux turbot (...) de Domitien (...) qu'on dut faire cuire dans son intégrité, il eût fallu pour le cuire un plat d'environ deux mètres.
Al. Brongniart, Arts céram., t. 1, 1844, p. 25. B. − État de ce qui est sain, intact, qui n'a subi aucune altération, aucune atteinte. Intégrité des fonctions. Pour qu'il y ait intégrité dans toutes les fonctions, il faut qu'elle existe dans tous les organes; il faut notamment que le système cérébral et toutes ses dépendances n'aient éprouvé aucune lésion (Cabanis, Rapp. phys. et mor., t. 1, 1808, p. 124).Le libre jeu des organes et l'intégrité des fonctions (...) constituent l'état de santé (Richer, Nouv. anat. artist., t. 2, 1920, p. iii). ♦ En partic. Qui n'a subi aucune atteinte dans son corps. Synon. virginité d'une femme.Ce grand orgueil qu'elle a nourri en secret (...) a-t-il trouvé dans la puérile et brutale révélation de l'intégrité physique ce qui lui manquait pour s'épanouir? (Bernanos, Mouchette,1937, p. 1303). − Au fig. Intégrité de la foi, de la morale, de la conscience. Sa principale sollicitude consiste à maintenir l'intégrité du caractère sacerdotal contre les diverses séductions temporelles (Comte, Catéch. posit.,1852, p. 273).Avec une lenteur affectée, il poursuivit : « Veille bien à garder dans tes mœurs journalières l'intégrité de la chasteté et de la pureté. Prends bien conscience de la démarche que tu fais et retrace dans ta vie ce que tu feras à l'autel... » (Billy, Introïbo,1939, p. 143): 2. ... tous les penseurs chrétiens s'accordent à déclarer que le libre arbitre reste, après la faute originelle, ce qu'il était avant qu'elle eût été commise. Saint Bernard lui-même insiste avec force sur l'« intégrité » du vouloir dans l'état de nature déchue...
Gilson, Espr. philos. médiév.,1932, p. 109. C. − Caractère, qualité d'une personne intègre, incorruptible, dont la conduite et les actes sont irréprochables. Le magistrat le plus austère peut être amené, par son intégrité même, à rendre des arrêts aussi révoltants (...) que ceux du magistrat prévaricateur (France, Opinions J. Coignard,1893, p. 279).La cité est très fière de sa réputation d'intégrité. Ici, la justice est la même pour tous (Morand, Londres,1933, p. 297): 3. Un professeur qui n'agit pas avec intégrité ne doit attendre aucun respect de ses élèves : il y a dans ces jeunes esprits un sentiment du juste qui les fait se révolter contre un maître qui n'accomplit pas ses devoirs.
Champfl., Souffr. profess. Delteil,1855, p. 141. SYNT. Intégrité absolue; atteindre à l'intégrité; intégrité de la doctrine; conserver, défendre, maintenir, respecter l'intégrité. Prononc. et Orth. : [ε
̃tegʀite]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Début du xives. « chasteté, virginité » (Ovide moralisé, éd. C. de Boer, X, 3633); b) 2emoitié du xves. « état d'une chose qui est dans son entier » (Chastellain, Chronique, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 5, p. 391); 2. av. 1465 [date du ms. O 1] « pureté, probité dans la conduite » (J. Robertet, Rondeau à la louange de Ch. d'Orléans ds
Œuvres, éd. M. Zsuppán, p. 87, 2). Empr. au lat.integritas « état d'être intact, totalité, innocence, chasteté, probité », dér. de integer (intègre*). Fréq. abs. littér. : 308. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 408, b) 182; xxes. : a) 388, b) 629. |