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INSISTER, verbe trans. indir.
I.
A. − Insister sur qqc.Attacher une importance particulière à quelque chose. Synon. mettre l'accent sur, mettre en valeur, appuyer, faire ressortir, souligner.Vinci insiste sur les irrégularités vivantes et émouvantes de la forme gracile du cou (Gilles de La Tourette, L. de Vinci,1932, p. 125).La série n'est pas entièrement coupée du langage traditionnel : Messiaen, avant que la musique concrète insiste sur la notion d'objet, y est sensible (Schaeffer, Rech. mus. concr.,1952, p. 192).
En partic. Mettre l'accent sur un élément de la chaîne parlée en élevant ou en intensifiant la voix. Il s'exprime avec une énergie contenue (...) en insistant longuement sur certains mots qu'il met exagérément en vedette (Martin du G., J. Barois,1913, p. 220).Enfin, on n'allait pas faire cet affront au nouveau médecin (...). Comme collègue, Barbentane insistait sur les deux l du mot, il s'y opposait catégoriquement (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 49).
B. − En partic.
1. [Dans un monologue adressé ou un dialogue; gén. à la 1repers.]
a) Insister sur qqc.[S'emploie pour mettre en relief un thème, une idée, afin d'attirer l'attention de l'interlocuteur (ou du lecteur) et lui signaler qu'on y attache une grande importance] Insister sur un point, un aspect de qqc. J'insiste là-dessus; on croit trop à l'uniformité chrétienne de certains âges (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 1, 1840, p. 388):
1. L'effort par sympathie accompagne le souffle et suivant la qualité de l'effort à produire une émission préparatoire de souffle rendra facile et spontané cet effort. J'insiste sur le mot spontané, car le souffle rallume la vie, il l'embrasse dans sa substance. Artaud, Théâtre et son double,1938, p. 158.
[Sans compl. introd. par sur] J'insiste jusqu'au rabâchage pour n'avoir point à revenir sur ceci. Ne lisez pas le manuscrit, et renvoyez-le-moi par la poste (Hugo, Corresp.,1865, p. 513).
En partic.
[S'emploie pour signaler que l'on va développer un thème, une idée parce que l'on juge qu'ils méritent un examen détaillé] Qu'on me permette donc d'insister sur le caractère du génie, de pénétrer dans son harmonie intérieure (Michelet, Peuple,1846, p. 251).
[Dans une tournure négative] Mais nous n'insisterons pas, pour le moment, sur ce point : qu'il nous suffise d'avoir montré que, dès l'instant où l'on attribue la moindre homogénéité à la durée, on introduit subrepticement l'espace (Bergson, Essai donn. imm.,1889, p. 87).
[S'emploie pour rappeler un thème ou une idée auxquels on attache une grande importance] Trouvez ici mes respectueux hommages de Balzac. Pardonnez-moi, madame, d'insister sur le tête-à-tête, les dames n'en seront pas exclues (Balzac, Corresp.,1834, p. 581).
b) Absol. [S'emploie pour signaler à son interlocuteur que l'on va continuer la conversation sur un sujet déterminé parce que l'on y attache de l'importance bien que cela puisse l'embarrasser ou l'irriter] Il reprit : « − Excusez-moi d'insister : les rapports secrets que j'ai reçus ne laissent aucun doute sur la nature des relations qu'entretiennent l'un avec l'autre Monsieur Pélisson et Madame Méreau » (France, Orme,1897, p. 167):
2. − Vous ne voulez pas dire, Monsieur Cyrus, repartit Pencroff, qu'on brûlera du diamant en guise de houille dans les foyers des chaudières? − Non, mon ami, répondit Cyrus Smith. − Cependant j'insiste, reprit Gédéon Spilett. Vous ne niez pas qu'un jour le charbon sera entièrement consommé? Verne, Île myst.,1874, p. 317.
En partic.
Je n'insiste(rai) pas/plus. [S'emploie pour signaler à son interlocuteur que l'on désire ne pas prolonger la conversation sur un sujet déterminé, gén. parce que l'on n'a pas réussi à le convaincre] À ces mots, elle se leva, grave, généreuse, résignée, vaincue à son tour. − Mon ami, je n'insiste plus (France, Île ping.,1908, p. 351).
N'insiste(z) pas! [S'emploie pour demander à son interlocuteur de cesser une conversation sur un sujet déterminé, gén. parce que l'on refuse de se laisser convaincre ou que l'on refuse d'accéder à la demande qu'il formule] Jef : Raconte. Personne ne peut mieux te comprendre que moi. Marceline : N'insiste pas! (Achard, J. de la Lune,1929, II, 8, p. 21).
[Employé dans une tournure impers.] « Tu m'entends, Jenny? Je te défends de partir! » − « C'est inutile d'insister, maman... Je te répète... D'ailleurs, au lieu de me désapprouver, tu devrais... » (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 665).
2. [Dans un cont. descriptif]
a) Insister sur qqc.Souligner ou mettre en relief, dans sa parole ou par son comportement langagier, un thème, une idée parce que l'on y attache de l'importance. Insister sur une question, un sujet; insister avec force, longuement, particulièrement. Il me développa mes propres idées sur l'avantage d'élever les enfans (...) loin des yeux de leurs parens et hors des grandes villes. Il insista sur le danger de l'extrême indulgence des pères et mères (Jouy, Hermite, t. 4, 1813, p. 30).Elle insistait sur un point : si Yves faisait son service tout de suite, il fallait qu'il restât à Paris (Drieu La Roch., Rêv. bourg.,1939, p. 293):
3. Haussonville insiste sur le fait que Taine avait souffert après 1852 de la domination cléricale. « Ce qui prouve, dit-il en aparté, qu'il ne faut jamais croire qu'on obtienne de bons résultats par l'oppression. » Tous deux insistent sur l'opiniâtreté, l'obsession de Taine sur ces questions religieuses à la fin. Barrès, Cahiers, t. 10, 1913, p. 146.
En partic.
[Le compl. prép. sur désigne une action] Présenter avec force des arguments en vue d'une action. Quand le premier Caton insistait sur l'expulsion des philosophes, le danger politique inhérent à la contagion métaphysique était sans doute déjà passé (Comte, Philos. posit., t. 5, 1839-42, p. 214).
[P. ell. du compl. prép.] Elle ne marchait pas encore mais, pour une heure − pas plus, avait insisté le médecin − on l'avait installée dans un fauteuil roulant (Simenon, Vac. Maigret,1948, p. 102).
b) Absol. Continuer une conversation sur un sujet déterminé parce que l'on y attache de l'importance, bien que cela puisse embarrasser ou irriter l'interlocuteur. Permettez-moi, monsieur, de venir vous porter ma réponse demain matin. L'invite à sortir était nette. Julius se sentait en trop mauvaise posture pour insister (Gide, Caves,1914, p. 719).
[Dans une tournure négative] :
4. − Dors-tu toute la nuit? J'enrage de rougir davantage en répondant : − Mais oui, monsieur, toute la nuit. Il n'insiste pas et se redresse en me lâchant la taille. Colette, Cl. école,1900, p. 36.
En partic.
[En incise ou pour introduire un discours dir.] Patissot, vivement intéressé, insista : « Serait-il indiscret de vous demander?... − Mon Dieu! Non. Voici mon histoire (...) » (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Dimanches bourg. Paris, 1880, p. 318):
5. − Et qu'est-ce que vous pensez de l'assassinat? − De l'assassinat de cette pauvre mademoiselle? (...) C'que j'en pense? − Oui, ce que vous en pensez. − Rien... et bien des choses... Mais ça ne regarde personne. − Pas même moi? insista Rouletabille. L'aubergiste le regarda de côté, grogna, et dit : − Pas même vous... G. Leroux, Mystère ch. jaune,1907, p. 52.
c) Insister (auprès, près de qqn) pour + inf./prop.Présenter avec force des arguments ou faire pression sur quelqu'un pour qu'il fasse quelque chose. Insister aimablement, gentiment pour faire qqc. Enfin on partit. Il insista pour se mettre à côté du chauffeur (Montherl., Bestiaires,1926, p. 404).J'insistais près du maréchal Haig pour que la marche sur Bray fût poursuivie avec énergie (Foch, Mém., t. 2, 1929, p. 179).
[P. ell. du compl. pour] Je refusai d'abord une invitation de l'archiduchesse de Parme; elle insista, et j'y allai (Chateaubr., Mém., t. 3, 1848, p. 137).
[En incise] :
6. − Enfin, pour finir, conclut le duc, Zénaïde insistait pour qu'Oriane vînt déjeuner, et comme ma femme n'aime pas beaucoup sortir de chez elle, elle résistait (...). « Viens, viens, insistait Zénaïde en vantant les bonnes choses qu'il y aurait à déjeuner (...) » Proust, Guermantes 2,1921, p. 488.
En partic. Inviter (par son comportement) à faire quelque chose. [Elle] me fit signe de sortir; je résistai, elle insista par ses gestes (Genlis, Chev. Cygne, t. 3, 1795, p. 43).Toute la société passe [du salon] dans la salle à manger (...) M. Méchin exige que [Vidocq] (...) passe devant lui, Vidocq insiste d'abord, mais enfin il passe (Raban, Marco Saint-Hilaire, Mém. forçat, t. 2, 1828-29, p. 216).
Rem. Insister pour + un subst. désignant p. ell. ou p. méton. une action. Présenter des arguments en faveur de quelque chose, de quelqu'un. Maurice prétendait que le vert vous siérait mieux; moi, j'ai insisté pour le tissu noir, et je l'ai emporté, sauf du moins votre avis (Gozlan, Notaire, 1836, p. 97).
d) [Sans compl. prép.] Persévérer dans son action, son comportement. Qu'un homme se trompe, passe encore; mais qu'il insiste, c'est preuve de sottise (Cocteau, Antigone,1932, p. 29).Je saisis le bouton de métal et l'appelai légèrement à moi, sans intention aucune, mécaniquement. Puis je ne sais quoi me poussa à insister, à élargir le mince gouffre rectangulaire (Arnoux, Crimes innoc.,1952, p. 225).
[P. méton., le suj. désigne un comportement] Le regard du « satyre » insiste, lubriquement (Colette, Vagab.,1910, p. 290).Elle riait légèrement, avec l'habituelle perfection mondaine de ce rire de perles qui n'insistait jamais (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 76).
Au fig. Une guerre est certainement trop bête, mais cela ne l'empêche pas de durer. La bêtise insiste toujours (Camus, Peste,1947, p. 1245).
II. − Revenir à une place identique ou à une place déterminée par une loi de structure dans un déroulement temporel.
MUS. La phrase [musicale] se tend, insiste, s'exaspère, suivant le principe modulant qui va devenir si cher à M. Fauré (Cortot, Mus. fr. piano,1930, p. 160).Le basson, au moyen d'un thème piu mosso en bémol enchaîne une coda qui insiste, pour amener la conclusion, sur l'élément rythmique et tonal (Chantavoine, Symph. Beethoven,1932, p. 145).
PSYCHANAL. On peut dire que c'est dans la chaîne du signifiant que le sens insiste, mais qu'aucun des éléments de la chaîne ne consiste dans la signification dont il est capable au moment même (J. Lacan, Écrits, Paris, éd. du Seuil, 1966, p. 502).
REM. 1.
Insisté, -ée, part. passé adj.,rare. Synon. affecté, forcé.[Des] poses prétentieuses et insistées (Mounier, Traité caract.,1946, p. 201).
2.
Insistatif, adj.,hapax, synon. de insistant.Il [Eugène Rouart] parle du « caractère insistatif de Si le grain ne meurt... » et de la « politique insistative de Mussolini » (Gide, Journal,1827, p. 829).
Prononc. et Orth. : [ε ̃siste], (il) insiste [ε ̃sist]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1366 soi insister « s'adonner, s'appliquer » (Arch. S 231, pièce 7 ds Gdf.); 2. 1400 « persévérer à demander, presser » (pièces relat. au règne de Ch. VI, t. 1, p. 184 ds Gdf. Compl.); 1553, 10 juil. insistant adj. (Papiers d'Etat du Card. de Granvelle, éd. Ch. Weiss, t. 4, p. 23); 3. 1671 (Pomey : Il faut insister principalement là-dessus). Empr. au lat.insistere proprement « se poser, se placer sur », fig. « se donner, s'appliquer à, s'attacher à; s'arrêter à, sur qqc. ». Fréq. abs. littér. : 3 101. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 142, b) 3 809; xxes. : a) 5 158, b) 6 215.