| * Dans l'article "INSATIABLE,, adj." INSATIABLE, adj. A. − Qui ne peut être assouvi, rassasié. 1. [Le subst. désigne un animal, une pers.] L'insatiable Maltais absorbait tous les jours, après dîner, un énorme plat de noisettes (About, Roi mont.,1857, p. 15).La bousculade des gros buveurs (...) et (...) la rage masticatoire des mangeurs insatiables (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 252). − Emploi subst. Ne fallait-il pas sauver ces insatiables [des hirondelles] au bec large, qui dédaignaient toute proie morte? (Colette, Mais. Cl.,1922, p. 83). 2. [Le subst. désigne une sensation] a) [se rapportant au besoin de boire, de manger] Les glands du Latium engraissèrent les cochons dont la chair a seule apaisé l'insatiable faim des magnanimes neveux de Rémus (France, Pierre bl.,1905, p. 105).Quant au brochet, c'est un terrible dévastateur. Doué d'un appétit insatiable, il dévore toute chair vive qu'il rencontre (Pesquidoux, Chez nous,1923, p. 17): 1. Au physique, cet air vierge et balsamique qui doit ranimer mes forces, raréfier mon sang, désenfumer ma tête fatiguée, me donner une faim insatiable, un repos sans rêves, ne produit point sur moi ces effets...
Chateaubr., Mém., t. 4, 1848, p. 125. b) [se rapportant à un sentiment, une passion violente] La manne du budget a beau être abondante; il n'y en a pas pour toutes les bouches. Et puis nous avons affaire à des appétits insatiables (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 384).Lorsque (...) tu entendras les aboiements des chiens dans la campagne, (...) ne tourne pas en dérision ce qu'ils font : ils ont soif insatiable de l'infini (Lautréam., Chants Maldoror,1869, p. 134): 2. ... la destruction de toute hiérarchie sociale, ne laissant subsister d'autres distinctions que celles de la fortune, produit une cupidité extrême, une soif insatiable de l'or; car, quoi qu'on fasse, les hommes veulent s'élever, c'est-à-dire se classer : et (...) la richesse (...) devient corruptrice au plus haut degré.
Lamennais, Religion,1825, p. 36. B. − Au fig. Qui n'est jamais satisfait, qui n'a jamais assez (de qqc.). 1. [Le subst. désigne une pers.] Les jeunes femmes sont insatiables; tous les soirs en voiture pour le bal, le théâtre, les dîners (Taine, Notes Paris,1867, p. 6).J'ai pu vérifier dans ses ouvrages le profit qu'en tirait Marcel Proust, pour les épisodes ressortissant au snobisme; les anecdotes, il en était insatiable (Blanche, Modèles,1928, p. 120). − Emploi subst. J'ai besoin d'être décoré. − Tu le seras un autre jour. Quel insatiable! Il n'y a pas un an que je t'ai fait capitaine! (About, Roi mont.,1857, p. 150). 2. [Le subst. désigne un sentiment, un désir, une passion] Ambition, convoitise, cupidité insatiable. Il semblait harcelé par une idée fixe, torturé par l'insatiable désir de l'argent, que rien n'endort, que rien n'apaise (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Épingle, 1885, p. 1022).Un extraordinaire, un insatiable besoin d'aimer et d'être aimé, je crois que c'est cela qui a dominé ma vie, qui m'a poussé à écrire (Gide, Journal,1948, p. 330): 3. ... quand il traversait un village sa curiosité devenait insatiable; il aurait voulu tout savoir : ce que mangeaient ces villageois, comment ils votaient, le détail de leurs travaux, la couleur de leurs pensées...
Beauvoir, Mandarins,1954, p. 220. Prononc. et Orth. : [ε
̃sasjabl̥]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1310 (Aimé, Ystoire de li Normant, VI, VIII, éd. V. de Bartholomaeis, p. 266 : par avarice insaciable et desir de avoir). Empr. au lat.insatiabilis « qui ne peut être rassasié, insatiable ». Fréq. abs. littér. : 336. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 558, b) 460; xxes. : a) 494, b) 408. DÉR. Insatiablement, adv.De manière insatiable, sans se lasser. Quand nous reverrons-nous maintenant? Comme j'aurais besoin de parler d'elle, insatiablement! (Flaub., Corresp.,1876, p. 311).Que l'on s'assoie à la terrasse d'un café, il se forme immédiatement autour de vous un demi-cercle d'hommes et de gosses qui vous dévisagent insatiablement (T'Serstevens, Itinér. esp.,1933, p. 26).− [ε
̃sasjabləmɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. − 1reattest. 1450 amasser insaciablement (Livre des Eschez amoureux, fo128 ro, col. 1 ds Romania t. 51, p. 40); de insatiable, suff. -ment2*. − Fréq. abs. littér. : 56. BBG. − Laurent (P.). Contribution à l'hist. du lex. fr. Romania. 1925, t. 51, p. 40. |