| ININTELLIGENCE, subst. fém. Au sing. [Seulement à propos de l'être hum.] A. − [Correspond à intelligence I A 2] Manque d'intelligence. 1. Défaut de développement des facultés intellectuelles; insuffisance de l'aptitude à la connaissance. Épaisse, profonde inintelligence (de qqn); inintelligence naturelle (de qqn); montrer son inintelligence; faire preuve d'inintelligence. La mesure de l'intelligence chez les individus est le doute, l'esprit critique; de l'inintelligence, la crédulité (Goncourt, Journal,1862, p. 1003).S'il disait cela de cette manière brutale, c'était plutôt manque de jugement, inintelligence de petit être incomplet (Loti, Pêch. Isl.,1886, p. 166). − [P. méton.] ♦ [Suivi d'un compl. subst. désignant un produit du travail intellectuel] Inintelligence d'un livre. Mais ce qui me consterne bien davantage, c'est l'inintelligence de certaines « pensées philosophiques » (...). Il en est certaines de si sottes qu'elles font le jeu de l'adversaire (Gide, Journal,1929, p. 917). ♦ Au sing. (avec l'art. indéf.) ou au plur. [Désigne une pers. considérée comme manquant d'intelligence] Moi, je parle en politique qui voit la lutte des esprits de lumière contre la masse obscure des inintelligences en proie aux puissances de mensonge (Clemenceau, Vers réparation,1899, p. 365).[Désigne un acte marqué d'inintelligence] Inintelligences des ignorants. Son jugement sur Molière restera une des taches, une des inintelligences comme des duretés de Bossuet (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 2, 1862, p. 347). 2. [Correspond à intelligence I A 3; suivi d'un compl. subst. désignant l'objet de la connaissance] Inintelligence de qqc.Incapacité (plus ou moins grande) à bien comprendre quelque chose; résultat de cette incapacité. Inintelligence d'une œuvre; lourde inintelligence d'un génie; (complète) inintelligence d'une situation, des faits. Au village, il trouvera la grossièreté, l'ignorance, l'inintelligence des choses fines et belles. Or, Hermann est poli et cultivé (Renan, Avenir sc.,1890, p. 468).L'ignorance du clergé (...), son inintelligence des milieux (...), son incompréhension de l'art, lui ont enlevé toute influence (Huysmans, En route, t. 2, 1895, p. 11). − Plus rare. [Suivi d'un compl. subst. désignant une pers. considérée comme objet de connaissance] Inintelligence de qqn.Inintelligence des autres êtres. Si Ada avait cru établir plus solidement par cet acte sa domination sur Christophe, cela prouvait, une fois de plus, son inintelligence grossière de celui qui l'aimait (Rolland, J.-Chr., Adolesc., 1905, p. 362). B. − [Correspond à intelligence I B] Incapacité (plus ou moins grande) à s'adapter aux exigences de l'action; inhabileté à tirer parti des circonstances; manque d'ingéniosité et d'efficacité dans la conduite de son activité. Je vois lancer une affaire (...), et les bras me tombent de voir l'incurie, l'inintelligence, les distractions, la légèreté avec laquelle tout cela se brasse (Goncourt, Journal,1860, p. 771): Il venait de trahir (...) son complice qui, lui, avait défendu leur position avec un courage de lion, avec une habileté tout d'une pièce. Là où Jacques Collin avait tout sauvé par son audace, Lucien, l'homme d'esprit, avait tout perdu par son inintelligence et par son défaut de réflexion.
Balzac, Splend. et mis.,1846, p. 453. Prononc. et Orth. : [inε
̃tεliʒ
ɑ
̃:s] et [-teli-]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1791, 9 oct. « manque d'intelligence » l'inintelligence des décrets (Réimpression de l'Ancien Moniteur, X, 346b ds Z. fr. Spr. Lit. t. 35, p. 139); 1833 « comportement qui traduit un manque d'intelligence » l'inintelligence des masses (Vigny, Journ. poète, p. 986). Dér. de intelligence*; préf. in-1*. Fréq. abs. littér. : 99. |