| * Dans l'article "INHUMAIN, -AINE,, adj." INHUMAIN, -AINE, adj. A. − Qui n'appartient pas ou qui semble étranger à la nature, aux dimensions de l'être humain. 1. [En parlant d'une pers.] a) Rare, p. antiphrase. Certains écrivains ont placé le travail de l'esprit sur le chemin de ses voluptés. Ils nous proposent des énigmes. Ce sont des êtres inhumains (Valéry, Variété IV,1938, p. 20). b) Littér. (dans le vocab. galant). [En parlant d'une femme] Qui ne répond pas à l'amour qu'on lui porte. Ô beauté inhumaine, mais moins inhumaine encore que tu n'es adorée (Cottin, Mathilde, t. 1, 1805, p. 279). − Emploi subst. Dans l'espoir d'attendrir le cœur de sa belle inhumaine (Jouy, Hermite, t. 4, 1813, p. 43): 1. C'est donc au milieu des bois que peuvent me chercher tes conjectures (...) hasardant des excursions sentimentales et mystérieuses autour de la demeure de mon inhumaine, ni plus ni moins que le comte Almaviva...
Sand, Jacques,1834, p. 168. c) [P. méton.] Un rire aux notes inhumaines, suraigu (Radiguet, Bal,1923, p. 63).Sa belle, sa noble peinture [d'Ingres] est souvent inhumaine et scolaire (Green, Journal,1931, p. 36). 2. [En parlant d'une chose] :
2. Un avion passe. Le bruit inhumain suffit à m'avertir que l'homme qui est là-haut ne vole pas par sa propre force.
Alain, Propos,1934, p. 1195. − Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. Les hommes aussi sécrètent de l'inhumain. Dans certaines heures de lucidité, l'aspect mécanique de leurs gestes, leur pantomime privée de sens rend stupide tout ce qui les entoure (Camus, Sisyphe,1942, p. 29). B. − En partic. Qui manque d'humanité. 1. [En parlant d'une pers.] Cruel, dur, dépourvu de toute disposition à aimer, à aider d'autres hommes. Individu, maître inhumain; mère inhumaine. Des tyrans inhumains (J. de Maistre, Consid. sur Fr.,1796, p. 16).Vous me jugez dur, inhumain, comme sans doute m'a jugé Sevrais (Montherl., Ville dont prince,1951, III, 7, p. 928): 3. madeleine : Vous mentez! Vous mentez! Vous êtes une famille dans la lune, des gens froids, secs, inhumains... et Michel est humain. Vous lui détruisez toutes ses illusions.
Cocteau, Par. terr.,1938, II, 9, p. 257. − [P. méton.] Acte, traitement inhumain. Il serait cruel, inhumain de l'abandonner étant malade! (Restif de La Bret., M. Nicolas,1796, p. 211).L'agonie qu'on lui faisait éprouver était inhumaine, barbare (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 429). 2. [En parlant d'une chose] Qui entrave les besoins, le libre épanouissement de l'homme. Condition, coutume inhumaine; climat, travail inhumain. M. de Pontmartin se reporte à une morale vraiment arriérée, inhumaine et dure (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 2, 1862, p. 21): 4. La chaleur est inhumaine et le chemin dans lequel je m'engage au petit bonheur n'est que cahots. Je fais corps avec ma machine qui geint.
Cendrars, Lotiss. ciel,1949, p. 284. Prononc. et Orth. : [inymε
̃], fém. [-εn]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1373 « (d'une personne ou d'une chose) qui est sans humanité, d'une cruauté excessive » (Recueil de doc. pour servir à l'hist. de Montreuil-sur-Mer. Suppl. au Cartulaire, éd. G. de Lhomel, 1907, p. 96 : inhumaine chose et abominable); 2. 1555 « (d'une femme) qui ne répond pas à l'amour qu'on lui porte » (Ronsard, Continuation des « Amours » éd. P. Laumonier, t. 7, p. 178, 8); 3. 1546 cris inhumains « contraire à la nature de l'homme » (C. Marot, Psaumes de David, XXXVIII, éd. La Haye, 1731, t. 4, p. 282); 1549 [éd. 1561] (Du Bellay, Deffense et illustr. de la lang. fr., I, XI, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 1, p. 28 : parler de la langue vulgaire [leur semble] nommer une langue inhumaine, incapable de toute érudition). Empr. au lat.inhumanus « inhumain, barbare, cruel »; cf. antérieurement, mais rarement, deshumain (xiiie-xives. ds T.-L.). Fréq. abs. littér. : 570. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 488, b) 301; xxes. : a) 402, b) 1 603. DÉR. Inhumainement, adv.D'une manière inhumaine. Elle a sacrifié inhumainement ma sœur, qui est morte sa victime (Restif de La Bret., M. Nicolas,1796, p. 66).− [inymεnmɑ
̃]. − 1reattest. av. 1370 (J. Le Bel, Chron., éd. J. Viard et E. Déprez, t. 2, p. 255); de inhumain, suff. -ment2*. − Fréq. abs. littér. : 18. |