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INFLUENT,-ENTE, adj.
A. − [En parlant d'un agent quelconque] Qui agit sur une chose (généralement de façon lente et continue) en la modifiant à long terme. Circonstances influentes. Cette cause [la cause excitatrice des mouvements vitaux] qui, dans les corps vivans, peut donner lieu à la force en question, ne sauroit la produire dans les corps bruts ou sans vie, et ne sauroit animer ces derniers, quoiqu'elle soit influente à l'égard des uns et des autres (Lamarck, Philos. zool., t. 2, 1809, p. 95).Il faut donc, pour parvenir à la vérité, connaître (...) les faits essentiels et véritablement influens (...), être assuré que l'effet qu'on leur attribue vient réellement d'eux (Say, Écon. pol.,1832, p. 10).Un caractère appartenant à une essence est un caractère influent relativement à cette essence c'est-à-dire tel qu'il entraîne, en variant, le changement des autres caractères de l'être considéré (Hamelin, Élém. princ. représ.,1907, p. 215).
B. −
1. Qui agit progressivement sur les dispositions psychiques ou sur les opinions morales, intellectuelles, politiques de telle personne ou collectivité.
a) [En parlant d'une pers.] C'est lui (...) qui a conseillé à l'Empereur Alexandre de marcher sur Paris (...) il était devenu très influent sur le cabinet russe (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 472).Marat, « fanatique désintéressé », a été l'homme le plus influent de la Révolution, celui qui l'a menée du dehors avec le plus de suite parce qu'il avait l'instinct démagogique, c'est-à-dire le don de deviner les passions populaires (Bainville, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 79).Le milieu fraternel est le plus influent, après le milieu parental, dans la formation caractérologique familiale (...). Souvent une fraternité heureuse a sauvé un enfant d'une parenté déplorable (Mounier, Traité caract.,1946, p. 103):
1. Une famille est plus ancienne, plus nombreuse, plus riche, plus brave que les autres : le chef de cette famille devient naturellement plus influent sur la tribu; la tribu elle-même, mieux gouvernée, plus habilement ou plus vaillamment conduite à la guerre, devient dominante sans contestation. Lamart., Voy. Orient, t. 1, 1835, p. 404.
− Emploi subst. Personne influente. Léo, petit, l'influent du meeting (Verlaine, Œuvres posth., t. 3, Prose, 1896, p. 79).
− P. métaph. Sa Majesté la Presse est d'autant plus influente qu'elle n'est pas inerte comme le livre. Le journal a des pieds (...), il pénètre dans le foyer; il est le directeur de conscience de toute la maisonnée (Coston, A.B.C. journ.,1952, p. 75).
b) [En parlant d'une chose] J'exposerai les inconvénients physiques de l'obésité; le soin de soi-même (...) sera peut-être plus influent que la morale, plus persuasif que les sermons, plus puissant que les lois (Brillat-Sav., Physiol. goût,1825, p. 225).Pour avoir de l'influence, il faut arborer un drapeau et être dogmatique (...). Moi, j'aime mieux caresser ma petite pensée et ne pas mentir. Que si (...) une telle manière devient influente, c'est bon; on viendra à moi, mais je ne me mêlerai pas à ces tourbes (Renan, Souv. enf.,1883, p. 409).Seule, quelque amitié influente pouvait lui inoculer l'ardeur perdue (Martin du G., Devenir,1909, p. 140).
2. P. ext. [En parlant d'une pers., d'une collectivité] Qui a le pouvoir (reconnu ou conféré par tel groupe social) de régir l'opinion, de jouer un rôle important dans les affaires publiques. Électeurs, personnages influents. Ce qu'il m'en reviendra! (...) Du crédit, de la considération... On devient un homme influent dans son quartier, dans la ville, dans l'État... On devient quelque chose, enfin (Scribe, Bertrand,1833, II, 1, p. 147).On s'y lie avec des gens célèbres ou influents qui peuvent être utiles. Aujourd'hui, pour réussir, il est nécessaire d'avoir des relations (Balzac, Illus. perdues,1839, p. 310).Écrite par des gens recommandables, par des personnes sérieuses et influentes, par des notabilités conséquentes et de poids (Villiers de L'I.-A., Contes cruels,1883, p. 94):
2. ... c'était le ministre le plus influent et le plus respecté. Il jouissait de cette réputation d'homme religieux et d'homme de bien, si puissante pour celui qui la possède; on vient à cet homme avec la confiance que l'on a pour un père; nulle action ne paraît bonne si elle n'est approuvée de ce personnage saint, investi d'une autorité très supérieure à celle des talents. Chateaubr., Mém., t. 3, 1848, p. 113.
− Emploi subst. Personne influente. J'ai pour professeur un petit homme (...) il est caressant avec les fils des influents (...) mais il n'est pas rosse pour les autres (Vallès, J. Vingtras, Enf., 1879, p. 243).
− P. méton. [En parlant d'une chose] Qui est l'instrument ou la marque de ce pouvoir. Tout va s'arranger. La seule chose réellement influente sera le nom du père Flaubert (...), il faut que le préfet, M. Leroy et M. Franck-Carré écrivent directement au Directeur de la Sûreté générale quelle influence nous avons et combien ce serait irriter la moralité du pays (Flaub., Corresp.,1857, p. 143).Les grandes revues critiques de l'Angleterre, ces organes considérés et influents (Goncourt, Ch. Demailly,1860, p. 122).V. brigueur ex.
Prononc. et Orth. : [ε ̃flyɑ ̃], fém. [-ɑ ̃:t]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1520 « qui a de l'influence » vertu innate et influente (Le Guidon en françoys, 23 b, éd. 1534 ds Rom. Forsch. t. 32, p. 89); 1701 en parlant de pers. (Malouet, Opinions, II, 76 ds DG). Empr. au lat.influens, part. prés. de influere, v. influer. Fréq. abs. littér. : 255. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 622, b) 381; xxes. : a) 289, b) 174. Bbg. Darm. 1877, p. 181.