| INFIME, adj. A. − 1. Qui est le plus bas, qui occupe le rang le plus bas dans une série, une hiérarchie. Emploi, métier, niveau, place, rang infime; population, secrétaire, subordonné infime. Gouvernement, riches et bourgeois ont intérêt à rendre la classe infime heureuse et à grandir la classe mitoyenne où est la puissance véritable des états (Balzac, Corresp.,1830, p. 474).Un joueur de maisons de jeu infimes (Goncourt, Journal,1890, p. 1168).Leur orgueil était blessé de l'infime condition du marchand ambulant (Rolland, J.-Chr.,1904, p. 88): 1. Tout le monde vend, tout le monde achète. D'infimes trafiquants promènent leur fonds de commerce dans le creux de leur main : trois têtes d'ail, ou une salade, ou un pinceau de thym.
Duhamel, Confess. min.,1920, p. 55. − Emploi subst. Émile Zola (...) a vu, compris et raconté comme personne la misère des infimes (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Mis. hum., 1886, p. 648). 2. P. ext. Qui est très petit dans ses dimensions, son volume, sa quantité, son intensité. Dose, fraction, économie, nombre, parcelle, particule, plaisir, portion, proportion, pourcentage, salaire, somme infime. Des bises cinglantes se mirent à souffler; la neige, divisée par la gelée en infimes paillettes de cristal, pénétrait tout (Pergaud, De Goupil,1910, p. 63).Laure entendit soudain le bruit infime d'un insecte qui travaillait dans la boiserie ou dans la carcasse d'un vieux meuble (Duhamel, Nuit St-Jean,1935, p. 195).Pour réparer encore une fois ses ruines, elle [la France] ne dispose plus que de réserves infimes et d'un crédit terriblement réduit (De Gaulle, Mém. guerre,1959, p. 235). − Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. On peut faire entrer peut-être le tout petit dans l'immense... Mais alors comment réduire l'énorme à l'infime? (Céline, Mort à crédit,1936, p. 451).Retournement de l'infime à l'immense (Teilhard de Ch., Phénom. hum.,1955, p. 39). B. − Au fig. Qui a peu d'importance, de valeur. Elle manifestait pour d'infimes détails une anxiété pénible à voir et qu'on ne lui connaissait pas quand elle allait bien (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 288).Je l'ai mis à la porte. C'était un problème infime. On en fait une affaire d'état (Duhamel, Combat d'ombre,1939, p. 254): 2. Ce qu'il y avait d'étrange, sinon de trouble, dans l'attitude des États-Unis à notre égard, allait être, d'ailleurs, révélé par un incident presque infime en lui-même mais auquel la réaction officielle de Washington conférerait une sérieuse importance.
De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 184. Rem. Littré condamne l'emploi avec « plus » et « moins » étant donné qu'infime est le superl. d'inférieur. Toutefois, comme le terme a pris la valeur d'un positif, on le trouve fréq. avec des degrés de comparaison. Vil troupeau dévoué aux usages les plus infimes (Gautier, Rom. momie, 1858, p. 218). Dieu a placé son espérance, sa pauvre espérance en chacun de nous, dans le plus infime des pécheurs (Péguy, Porche Myst., 1911, p. 242). Prononc. et Orth. : [ε
̃fim]. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. 1. a) 1447 [ms.] fig. (Internele Consolacion, éd. A. Pereire, p. 167 : Sapience celeste foulant toutes choses infimes et basses); b) 1516 « qui est situé au plus bas (d'une série, d'une hiérarchie) » (J. Perréal, Remonstrances de Nature, 1069 ds Roman de la Rose, éd. D.M. Méon, t. 4, p. 167); 2. 1828-29 « tout petit » (Vidocq, Mém., t. 4, p. 74). Empr. au lat.infimus « le plus bas, le dernier; (fig.) le plus humble ». Fréq. abs. littér. : 401. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 159, b) 325; xxes. : a) 812, b) 906. |