| INFAILLIBLE, adj. A. − [En parlant de la nature d'une pers. ou d'une chose] 1. [D'une pers. physique ou morale] Qui ne peut se tromper. Le directeur ne se trompe jamais. Si cela lui arrive, c'est parce que tout le monde se trompe. Personnellement, il reste infaillible (Renard, Journal,1907, p. 1135): 1. albert : Vous ne savez pas ce que vous dites... Je connais mon métier, n'est-ce pas?... Irrévocablement perdue!...
jeanne : Mais vous n'êtes pas infaillible!... Vous parlez comme un dieu!... Imaginez que cette fille guérisse de sa maladie de poitrine, et reste avec une horrible plaie, fatalement mortelle, infligée par vous?
Curel, Nouv. idole,1899, I, 4, p. 174. − RELIG. Le Pape est infaillible en matière de doctrine (cf. infaillibilité A 1 relig.). Rien de plus absurde que de nier l'infaillibilité du Pape et de soutenir en même temps l'infaillibilité de l'Église, qui ne peut être infaillible que par le Pape (Lamennais, Religion,1826, p. 63). 2. [D'une chose] a) Qui ne peut manquer de se produire. Synon. immanquable : 2. Je relève pourtant cette phrase : « ... Parmi les plus mortelles douleurs, on est encore capable de joie »; et : « ... Entreprise... dont le succès paraît infaillible, tant le concert en est juste ». Abus de citations flasques.
Gide, Voy. Congo,1927, p. 699. b) Qui ne peut induire en erreur. Un infaillible instinct a toujours comparé la mort à un sommeil sans rêves (Ménard, Rêv. païen myst.,1876, p. 203). B. − [En parlant de la mise en application de certaines règles, lois, techniques] Dont le résultat est absolument sûr. Recette infaillible : 3. la sorcière : Mélisse, menthe, sauge, romarin, thym, safran, écorce de citron, pâtes d'amande... Attention, attention, ces remèdes sont infaillibles!
Camus, État de siège,1948, 1repart., p. 208. REM. Infaillibiliser (s'), verbe pronom.,hapax. Rendre infaillible. Remarquons cependant que, dans le cas de très grands ensembles (tels que celui, justement, représenté par la masse humaine) le processus tend à « s'infaillibiliser », les chances de succès croissant du côté hasard, et les chances de refus ou d'erreur diminuant du côté libertés, avec la multiplication des éléments engagés (Teilhard de Ch., Phénom. hum.,1955, p. 342). Prononc. et Orth. : [ε
̃fajibl̥]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Av. 1442 « qui ne peut se tromper » savoir infallible ([P. de Nesson, Vigiles des morts] Vat. Chr. 1683, fo10b ds Gdf. Compl.); av. 1695 (Lettre de Luxembourg à Louvois ds R. des Deux-Mondes, 1erfévr. 1862, p. 630 : ... le choix du roi que je tiens pour plus infaillible que le pape); 2. a) 3equart xves. « qui ne peut faire défaut, tromper » (G. Chastellain, Exposition sur Vérité mal prise, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 6, p. 313 : Dieu infaillible et irremuable); b) 1669 infaillible remède (Molière, Tartuffe, II, 3). Empr. au b. lat.infallibilis « qui ne peut pas se tromper », dér. de fallere « tromper, manquer à sa parole, faire défaut », spéc. en parlant de l'Église et du pape, Breviarium romanum ds Blaise Latin. Med. Aev. Fréq. abs. littér. : 766. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 395, b) 897; xxes. : a) 1 053, b) 952. Bbg. Quem. DDL t. 13. - Roques (G.). La Lexicogr. et l'alchim. R. Ling. rom. 1974, t. 38, p. 455. |