| * Dans l'article "INEXPRIMABLE,, adj." INEXPRIMABLE, adj. A. − Qu'il est impossible ou très difficile d'exprimer, de traduire par le langage. Synon. indicible, ineffable.Il vit apparaître la duchesse Elisabeth revêtue d'habits royaux et resplendissante d'une lumière inexprimable (Montalembert, Ste Élisabeth,1836, p. 284).J'étais baisé par des crocodiles aux baisers cancéreux; et je gisais, confondu avec une foule de choses inexprimables et visqueuses, parmi les boues et les roseaux du Nil (Baudel., Paradis artif.,1860, p. 431).Et alors, le printemps russe!... Le parfum inexprimable de la neige qui fond (Triolet, Prem. accroc.,1945, p. 280): 1. ... je me représentais cette force multiple, généreuse, qui prodiguait la vie, comme le contraire même de cette fatalité démoniaque, implacable, qui me poussait à la ruine et à la mort. C'était une sensation inexprimable, dont les mots que j'essaie d'écrire ne rendent que bien faiblement la puissance bouleversante.
Daniel-Rops, Mort,1934, p. 380. − Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. J'écrivais des silences, des nuits, je notais l'inexprimable. Je fixais des vertiges (Rimbaud, Saison enfer,1873, p. 228).C'est ici qu'interviendrait la musique, pour continuer l'expression de l'inexprimable, pour épandre tout mon triomphe intérieur (Rivière, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1906, p. 341): 2. ... mon âme (...) exprimant ou plutôt balbutiant, comme elle pouvait, les tumultueuses sensations dont elle était pleine, à l'aide du langage insuffisant des hommes : ce langage n'a pas été fait pour exprimer l'inexprimable; signes imparfaits, mots vides...
Lamart., Raphaël,1849, p. 239. B. − Irréductible à toute forme d'expression, du fait de son intensité. Synon. incroyable.Je fus sage jusqu'au moment où je rencontrai celui dont l'amour devait me causer des joies inexprimables (France, Contes Tournebroche,1908, p. 168): 3. Deslauriers touchait à son vieux rêve : une rédaction en chef, c'est-à-dire au bonheur inexprimable de diriger les autres, de tailler en plein dans leurs articles, d'en commander, d'en refuser.
Flaub., Éduc. sent., t. 1, 1869, p. 227. SYNT. Inexprimable douceur, douleur, malaise, tristesse; angoisse, anxiété, charme, confusion, dégoût, douceur, émotion, plaisir, tendresse, trouble inexprimable. Prononc. et Orth. : [inεkspʀimabl̥], [-ne-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1579 « qu'on ne peut exprimer par la parole » (H. Estienne, Précellence du langage françois, éd. E. Huguet, p. 103); 1690 « au-delà de toute expression » joyes ... inexprimables (Fur.). Dér. de exprimable*; préf. in-1*. Fréq. abs. littér. : 829. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 549, b) 1 301; xxes. : a) 1 116, b) 833. DÉR. Inexprimablement, adv.D'une manière inexprimable. Quelque chose d'inexprimablement triste, quelque chose d'indiciblement pesant tombait du plafond sur ces deux êtres (Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 33).− [inεkspʀimabləmɑ
̃], [-ne-]. − 1reattest. 1821 des vers inexprimablement beaux (J. de Maistre, Soirées St-Pétersb., t. 2, p. 228); de inexprimable, suff. -ment2*. BBG. − Ritter (E.). Les Quatre dict. fr. B. de l'Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, p. 443. |