| INDÉCENT, -ENTE, adj. A. − 1. [En parlant d'un inanimé] Qui est contraire aux convenances, ne respecte pas les règles de la bienséance. Synon. déplacé, impoli, incongru, inconvenant, incorrect, malséant.Il s'oubliait quelquefois et avait besoin de s'observer pour ne pas tomber dans les genres imprudents ou indécents (Stendhal, L. Leuwen, t. 2, 1835, p. 398).Il serait indécent de ne point manifester à son propos les sentiments d'une affliction profonde (Farrère, Homme qui assass.,1907, p. 279).Je trouvais indécent de quitter le pays sans aller d'abord saluer ceux de Cabris, et revoir en particulier Catherine (Gide, Journal,1940, p. 19). 2. [En parlant d'une pers.] Qui manque à la bienséance. Vous êtes indécent (Ac.1935). B. − En partic. [Avec une connotation sexuelle] 1. [En parlant d'un inanimé] Qui est contraire à la pudeur, à la morale, aux bonnes mœurs. Synon. égrillard, grivois, impudique, licencieux, obscène, osé.Un roman du sieur Feydeau tellement lubrique et indécent qu'aucun éditeur n'a consenti à le prendre! (Flaub., Corresp.,1872, p. 55).Toutes les femmes que j'ai eues, reprend Daudet, je les ai eues à ma première rencontre et en leur disant des choses indécentes, énormes, dégoûtantes, priapiques (Goncourt, Journal,1876, p. 1135): ... il n'existe aucun instinct qui fasse naître la honte chez les êtres humains lorsqu'ils ne se couvrent pas le corps. Selon les lieux et les époques, il est indécent ou correct de se vêtir.
Lowie, Anthropol. cult.,1936, p. 85. 2. [En parlant d'une pers.] Qui manque de pudeur. Emploi subst. Je le traitais de gros indécent, il me traita de prude (Sand, Hist. vie, t. 4, 1855, p. 183). C. − P. exagér. [En parlant d'un inanimé] Qui choque par sa démesure. Luxe indécent. Nos quelques pistons et trombones (...) élaboraient la Mascotte devant une assistance sympathique d'abord, puis étonnée, puis moqueuse. Car c'était d'une misère indécente les explosions de cette vingtaine de gars! (Vercel, Cap. Conan,1934, p. 139). Prononc. et Orth. : [ε
̃desɑ
̃], fém. [-ɑ
̃:t]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin xives. indécentes parolles « qui manque de convenance » (Récits d'un bourgeois de Valenciennes, éd. Kervyn de Lettenhove, p. 69); 2. 1618 « qui choque la pudeur » (Cabinet Satyrique, éd. F. Fleuret et L. Perceau, t. 1, p. 205). Empr. au lat.indecens « qui n'est pas convenable ». Fréq. abs. littér. : 243. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 323, b) 349; xxes. : a) 395, b) 331. DÉR. Indécemment, adv.a) D'une manière contraire aux règles de la bienséance. Le père Alexis s'effarait de plus en plus et les autres lui riaient indécemment à la barbe (G. Leroux, Roul. tsar,1912, p. 152).b) D'une manière contraire à la morale, aux bonnes mœurs. Pudibonde avec cela [une institutrice anglaise] ce qui doublait chez Jacqueline le plaisir de se tenir mal en sa présence, voire indécemment (Toulet, Demois. La Mortagne,1920, p. 86).c) P. exagér. D'une manière démesurée, excessive, insolente. Dans le grand silence de cette maison vide, le bruit de notre présence retentissait indécemment, nous effrayait presque (Gide, Isabelle,1911, p. 601).− [ε
̃desamɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. − 1resattest. a) α) 1537 indécentement « d'une manière inconvenante » (P. Saliat, Déclamation contenant la manière de bien instruire les enfans, f. 71 vo),
β) 1595 indecemment « id. » (Montaigne, Essais, éd. A. Thibaudet, I, 30, p. 235); b) 1829 se vêtir indécemment « d'une façon qui choque la pudeur » (Boiste); de indécent, suff. -ment2*. − Fréq. abs. littér. : 14. |