| * Dans l'article "INDICIBLE,, adj." INDICIBLE, adj. [En parlant d'un sentiment, d'une attitude, d'une qualité ou d'un défaut, d'un événement, d'une atmosphère] Qui ne peut être dit, traduit par des mots, à cause de son caractère intense, étrange, extraordinaire. Synon. indéfinissable, indescriptible, ineffable, inexprimable.Angoisse, douleur, effroi, émotion, épouvante, joie, mélancolie, peur, plaisir, supplice indicible; beauté, charme, méchanceté indicible. Une expression indicible de douleur et de regrets (Janin, Âne mort,1829, p. 191).Cet univers indicible où règnent la contradiction, l'antinomie, l'angoisse ou l'impuissance (Camus, Sisyphe,1942, p. 39):1. ... les yeux par instants révulsés, comme quelqu'un qui étouffe, elle se défendait contre la mort avec un courage et une douceur indicibles.
Alain-Fournier, Meaulnes,1913, p. 319. ♦ Rare. C'est indicible. Il n'est pas possible ou pas décent de le rapporter : 2. Ce qu'il a chanté devant les femmes de la société qui étaient là, non, c'est indicible! [it. dans le texte]. Ç'a été, en ces poèmes du jour, les michetons fournisseurs de galette, les joyeux petits marlous donnant de la pantoufle dans les fesses de leurs marmites, des vérolées de Saint-Lazare, dans les médicaments, écrivant à leurs maquereaux... Ç'a été, en ce lyrisme de l'ignoble, des dénonciations infâmes...
Goncourt, Journal,1892, p. 210. − Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre, dans le lang. artistique, philos. Ce qui n'est pas traduisible par des mots. En face de l'indicible qu'il se sent la mission d'exprimer, le peintre dispose donc, tout de même, de signes d'une portée universelle (Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 283).La musique n'exprime rien ou exprime l'inexprimable à l'infini (...). Et tout de même l'indicible n'est-il pas un mystère dicible à l'infini? (Jankél., Je-ne-sais-quoi,1957, p. 44). REM. Indicibilité, subst. fém.Caractère de ce qui est indicible. Faut-il admettre que l'indicible est justement ce qui est traité comme ne pouvant pas reparaître ainsi [dans un autre contexte], comme n'étant absolument pas un contenu? Ceci est plus important, mais il faut s'exprimer autrement, je crois, et dire que, pour qu'on puisse parler d'indicibilité, c'est cette distinction même entre l'éprouvant et l'éprouvé qui ne doit plus être faite. Tout ce qui peut être traité comme contenu est par là même dicible (G. Marcel, Journal,1920, p. 227). Prononc. et Orth. : [ε
̃disibl̥]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1452 adj. « qui ne peut être dit » (Jacques Milet, Epistre adjacent et epillogative ds C. Häpke, Kritische Beiträge zu Milet's dramatische Istoire de la Destruction de Troye la Grant, p. 131). Empr. au b. lat.indicibilis « inexprimable, indicible ». On trouve déjà indisible au xives. (cf. Bl.-W.1-5). Fréq. abs. littér. : 612. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 578, b) 849; xxes. : a) 1 152, b) 961. DÉR. Indiciblement, adv.D'une manière indicible. Il y a des jours où toute mon existence officielle dans ses conditions présentes m'excède indiciblement (Amiel, Journal,1866, p. 280).La vie est grave presque indiciblement (Maeterl., Trésor humbles,1896, p. 234).Ce qui m'inquiétait surtout, c'est que ses pauvres mains perdaient aussi leur sensibilité; je le constatais à maints indices; il lui arrivait de les écorcher sans même s'en apercevoir, et je souffrais indiciblement de ne la voir point éviter le contact des objets poisseux ou souillés (Gide, Et nunc manet,1951, p. 1140).− [ε
̃disibləmɑ
̃]. − 1reattest. 1528 (Gringoire, Chants royaulx, fo4 ds R. Ét. rab., t. 5, p. 166); de indicible, suff. -ment2*. − Fréq. abs. littér. : 46. |