| INCRÉDULITÉ, subst. fém. A. − Manque de foi religieuse, doute. Synon. incroyance, irreligion; anton. croyance, dévotion, foi.L'incrédulité protestante (Lamennais, Religion,1826, p. 81).Malgré le développement du rationalisme et de l'incrédulité, il [notre siècle] peut se dire encore le plus religieux de tous (Proudhon, Guerre et Paix,1861, p. 26): 1. ... au point de vue apologétique, on peut très utilement recourir à certains arguments, qui par eux-mêmes ne prouvent pas l'existence de Dieu, mais qui (...) font sentir à celui qui fait parade d'incrédulité que ses prétendues raisons de ne pas croire ne sont pas solides...
Théol. cath.t. 4, 11920, p. 937. − P. méton. Manifestation de ce manque de foi. Ou nous sommes Dieu, ou Dieu n'est pas l'Enfant d'un siècle dont chaque année a mis sur ton front la glace de ses incrédulités, vieillard! voici le résumé de tes sciences et de tes longues réflexions (Balzac, Séraphita,1835, p. 284). B. − État d'esprit, attitude d'une personne qui ne se laisse pas facilement convaincre. Synon. scepticisme, doute; anton. crédulité, naïveté.L'accusation de Rose, qui a circulé, n'a rencontré partout que de l'incrédulité; tout le monde a haussé les épaules... (Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 174).Chaque fois que nous avions essayé d'expliquer les problèmes du monde paysan, nous n'avions rencontré qu'une commisération de façade, ou de l'incrédulité ou de la circonspection (Debatisse, Révol. silenc.,1963, p. 137): 2. La raison et l'incrédulité viennent bien assez vite d'elles-mêmes. Je me rappelle fort bien la première année où le doute m'est venu sur l'existence réelle du Père Noël. J'avais cinq ou six ans, et il me sembla que ce devait être ma mère qui mettait le gâteau dans mon soulier.
Sand, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 156. − P. méton. Manifestation de cette attitude. Malgré mes incrédulités je sens qu'Agnès me serait nécessaire (Chênedollé, Journal,1809, p. 45). Prononc. et Orth. : [ε
̃kʀedylite]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 938-950 encredulitet (Jonas, éd. G. de Poerck, 167), attest. isolée; 1316-28 incredulité (Ovide moralisé, éd. C. de Boer, livre XV, 6303, t. 5, p. 347). Empr. au lat.incredulitas « incrédulité » et en lat. chrét. « incrédulité religieuse ». Fréq. abs. littér. : 356. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 777, b) 460; xxes. : a) 388, b) 370. |