| * Dans l'article "INCOMMODE,, adj." INCOMMODE, adj. A. − [En parlant d'une chose] Qui n'est pas commode, qui n'est pas pratique, ne répond pas aux besoins ou aux convenances de quelqu'un. Outil incommode; habit incommode; heure incommode; route incommode. À mesure que l'on s'élève en mathématiques du simple au composé, le même tour de démonstration, par les complications qu'il entraîne, devient de plus en plus incommode ou impraticable (Cournot, Fond. connaiss.,1851, p. 33).Un traitement qu'il eût été difficile et incommode de suivre seul à l'auberge (Tocqueville, Corresp. [avec Gobineau], 1858, p. 296).Si Jacqueline avait cru que sa petite maison lui était assignée pour toute la durée de sa vie, elle l'eût trouvée moins incommode et moins étroite (Rolland, J.-Chr., Amies, 1910, p. 1206). B. − P. ext., littér. ou vieilli (dans la plupart des emplois). 1. [En parlant d'une chose ou d'un animé] Qui met dans un état d'inconfort physique ou de malaise moral; qui gêne, dérange, importune. Attitude, posture incommode; situation incommode; bruit, chaleur incommode; insectes incommodes; voisins incommodes. Je vais faire luire à tes yeux l'incommode et fâcheuse vérité (Restif de La Bret., M. Nicolas,1796, p. 132).Elle eût souhaité pouvoir s'humilier davantage et donner plus de force à sa prière en adoptant quelque position incommode ou pénible, ou par quelque mortification (Hémon, M. Chapdelaine,1916, p. 124): Il trouvait qu'il y avait plus de naturel qu'à Paris; mais, par une conséquence naturelle, les sots étaient bien plus incommodes à Nancy. « Ce qui manque tout à fait à ces gens-ci, même aux meilleurs, se disait Lucien, c'est l'imprévu. »
Stendhal, L. Leuwen, t. 1, 1835, p. 251. ♦ DR. Établissements dangereux, insalubres ou incommodes. Établissements industriels ou commerciaux qui présentent des causes de danger ou des inconvénients, soit pour la sécurité, la salubrité ou la commodité du voisinage, soit pour la santé publique, soit encore pour l'agriculture, et qui de ce fait sont soumis à une législation particulière (d'apr. Réau-Rond. 1951, p. 560, s.v. établissements). La réglementation s'appuie sur une loi de 1917 relative aux procédures d'autorisation sous condition des « établissements dangereux, incommodes et insalubres », ce qui écarte les dangers massifs de proximité mais n'a aucun effet sur la lente diffusion de la pollution (Belorgey, Gouvern. et admin. Fr.,1967, p. 383). − [Suivi d'un compl.] ♦ Incommode à qqn, pour qqn.Il est digne de remarque que les plus laides [des formes] ont été données aux animaux nuisibles ou incommodes à l'homme (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 278).L'un d'eux s'étant enivré, brisa une assiette et devint fort bruyant et singulièrement incommode pour les convives (Mussetds Revue des Deux Mondes,1833, p. 779). ♦ (Chose) incommode à qqc.Qui nuit à quelque chose, qui lui est défavorable, néfaste. Dans un temps où ceux qui vouloient se délivrer d'une règle fâcheuse à l'amour-propre, et incommode aux passions, se contentoient de quelque chose qui ressemble à des raisonnements (Bonald, Législ. primit., t. 2, 1802, p. 128).Je remarque une fois de plus combien la passion véritable est incommode à l'éloquence (Gide, Journal,1905, p. 55). 2. [En parlant d'une pers.] Qui est d'un commerce difficile, d'un caractère peu accommodant, peu conciliant. Personnage incommode; créancier incommode; humeur incommode. L'importun créancier qui aurait pour débiteur un agent du pouvoir, le père intraitable qui lui refuserait la main de sa fille, l'époux incommode qui défendrait contre lui la sagesse de sa femme (Constant, Princ. pol.,1815, p. 150).Chef autoritaire mais humain et généreux, subordonné incommode mais inébranlablement fidèle (De Gaulle, Mém. guerre,1959, p. 158). − [P. méton.] Le mysticisme breton, un peu âpre et incommode, mais pénétré de tendresse (Mounier, Traité caract.,1946, p. 737). Prononc. et Orth. : [ε
̃kɔmɔd]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1534 « pénible à supporter, dommageable » (Rabelais, Gargantua, XXII, éd. R. Calder et M.A. Screech, p. 83); 2. 1546 « fâcheux, ennuyeux » d'une chose (Est., 640b, Vaganay ds Rom. Forsch. t. 37, p. 83); 1588 d'une pers. (Montaigne, Essais, III, XIII, éd. A. Thibaudet, p. 1053) 3. 1547 « peu commode, peu pratique » (J. Martin, trad. de Vitruve, 53b, d'après H. Vaganay, loc. cit.). Empr. au lat. class.incommodus « fâcheux, importun, désagréable (des pers. et des choses) ». Fréq. abs. littér. : 307. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 632, b) 412; xxes. : a) 303, b) 357. DÉR. Incommodément, adv.D'une manière incommode. Celui-ci écrivait, assez incommodément agenouillé devant la table (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 497).Deux bureaux (...) étaient incommodément aménagés en contrebas de la galerie les desservant (Cain,Transform. B. N.,1959,p. 51)− [ε
̃kɔmɔdemɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. − 1reattest. 1505 incommodeement (Lexique de Desdier Christol, 77 rob, R. Arveiller ds Mél. Séguy, p. 68); de incommodé, part. passé adj. de incommoder*, suff. -ment2ou considéré comme dér. de incommode par suffixation anal. [-éement] -ément (cf. Nyrop t. 3, § 608 commodément). |