| INCLINAISON, subst. fém. A. − État de ce qui est incliné; obliquité d'une ligne, d'un plan par rapport à un autre plan, en particulier celui de l'horizon. Inclinaison insensible, rapide; inclinaison des couches de terrain, des strates géologiques, d'un moteur, des rayons solaires, d'une route, d'une voie ferrée. L'intérieur du cratère, dont l'inclinaison ne dépassait pas trente-cinq à quarante degrés, ne présentait ni difficultés ni obstacles à l'ascension (Verne, Île myst.,1874, p. 93).Toits à forte inclinaison (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum.,1921, p. 123).Comme le plancher a une inclinaison assez forte, le dossier des chaises entre dans le dos (T'Serstevens, Itinér. esp.,1933, p. 205): 1. C'était vraiment une vasque, dont l'œil suivait malgré lui, ininterrompue, la douce inclinaison des berges jusque sous l'eau − des pentes solennelles coupées çà et là de petites murailles de galets.
Gracq, Beau tén.,1945, p. 73. − En partic. Obliquité d'une ligne par rapport à la verticale. Inclinaison d'un mur. Elles valsent (...) avec cette inclinaison délicieuse d'une haute voile de yacht (Colette, Pays et portr.,1954, p. 54). ♦ MAR. Inclinaison d'un navire. Inclinaison mesurée par l'angle que fait le mât avec la verticale. (Ds Will. 1831, Soé-Dup. 1906). − Spécialement 1. ASTRON. Angle que forme le plan de l'orbite d'une planète avec le plan de l'orbite terrestre ou écliptique. L'inclinaison des orbites des satellites, par rapport à leurs planètes (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 363): 2. La position de la planète sur son orbite, son inclinaison sur l'écliptique, sont montrées aussi exactement que par le calcul astronomique par ce fruit que je tire et par ce feu qui s'allume.
Claudel, Art poét.,1907, p. 138. 2. GÉOM. Angle que fait une ligne, une surface avec une autre ligne, une autre surface. Inclinaison d'une ligne, d'un plan, d'une surface. Inclinaison de deux plans l'un sur l'autre (Ac.1835-1935). ♦ BALIST. Donnée déterminant la trajectoire. La table de tir proprement dite [indique], (...) en regard des portées prises comme argument, (...) les inclinaisons, dérivations, hausses et dérives (Ledieu, Cadiat, Nouv. matér. nav.,1890, p. 15).Angle d'inclinaison. Pour pointer une pièce, il faut (...) donner l'angle de direction : c'est le pointage en direction [et] donner l'angle d'inclinaison : c'est le pointage en hauteur (Paloque, Artill.,1909, p. 158). 3. PHYS. Angle que forme la direction du champ magnétique terrestre donnée par l'aiguille aimantée avec l'horizontale. Il fera observer tous les jours (...) la déclinaison et l'inclinaison de l'aiguille aimantée (Voy. La Pérouse,t. 1, 1797, p. 44). ♦ Boussole* d'inclinaison. B. − État du corps, du haut du corps en position inclinée. Il faut dire aussi que c'est le courbement, la courbure, la courbature, l'inclinaison de l'écrivain sur sa table de travail (Péguy, V.-M., comte Hugo,1910, p. 672). − P. ext. et usuel. Mouvement, action de s'incliner. Synon. inclination.Elle esquissa une vague inclinaison de tête (Martin du G., Thib., Consult., 1928, p. 1099).V. évaltonné ex. : 3. Il se tournait vers la droite, machinalement, et il saluait d'une inclinaison du buste. Comme l'enfant de chœur passant devant l'autel, en murmurant : − Bonjour, ma sœur...
Simenon, Vac. Maigret,1948, p. 8. ♦ P. anal. L'obèse patache (...) attelée de six chevaux carillonnants, tourna avec un large orgueil dans une audacieuse inclinaison, au coin de la rue (Jammes, Mém.,1921, p. 120). C. − Au fig. Synon. de inclination (v. ce mot B).Légère inclinaison vers le désir (Senancour, Rêveries,1799, p. 240).N'es-tu porté d'inclinaison pour aucune fille du pays? (Sand, F. le Champi,1848, p. 102): 4. J'ai cinquante ans passés, elle en a dix-huit : voilà ce qu'il y a de paternel entre nous. Ce que j'éprouve pour elle, au fond, c'est tout bêtement une inclinaison sentimentale, une sympathie... amoureuse... Mais oui, pourquoi avoir peur des mots?...
Martin du G., J. Barois,1913, p. 479. Rem. Inclinaison, inclination s'emploient de manière presque indifférenciée pour désigner le mouvement et l'état qui en résulte (v. en partic. incliner ex. 7); les 2/5edes ex. comportent inclination, seul admis pour ce sens par Ac. 1798-1935, les autres inclinaison, qui semble actuellement l'emporter bien que cet emploi soit qualifié d'impropre par les dict. du xxesiècle. Prononc. et Orth. : [ε
̃klinεzɔ
̃] et [-ne-]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. [1661, Huet d'apr. L. Tolmer ds Fr. mod. t. 14, p. 289] 1. 1691 « état de ce qui est incliné » géom. (Ozanam, p. 110 : Inclinaison de deux Plans [...] Inclinaison de deux Lignes); id. dioptrique (ibid., p. 497 : Angle d'Inclinaison d'un Rayon); 1805 anat. (Cuvier, Anat. comp., t. 1, p. 136); 2. 1831 inclinaison de tête « action d'incliner la tête (pour saluer) » (Nodier, Fée Miettes, p. 182). Dér. de incliner*; suff. -aison*. Fréq. abs. littér. : 192. Bbg. Pinchon (J.). Questions de vocab. Fr. Monde. 1968, no59, p. 51. |