| IMPURETÉ, subst. fém. A. − Caractère de ce qui est impur, souillé, altéré par des éléments étrangers. Anton. pureté.L'on entrevoyait chez lui l'impureté d'un sang fouetté par des efforts contre lesquels regimbe le corps (Balzac, C. Birotteau,1837, p. 77). − Fréq. au plur. Matière, élément (généralement en petite quantité) qui souille, qui altère un corps. Filtrer, éliminer des impuretés. Les laitiers sont des silicates très complexes surnageant la fonte dans le creuset des hauts fourneaux et entraînant les impuretés contenues dans les minerais (Bourde, Trav. publ.,1928, p. 153).Depuis deux siècles, tous les vins du monde déposent ici leurs dernières impuretés, oublient leurs dernières fatigues (Morand, Londres,1933, p. 310).Ce minéral de dureté 8 [la topaze] est incolore à l'état pur; chose étrange, on ignore encore quelle est l'impureté colorante (Metta, Pierres préc.,1960, p. 83) : 1. Pour séparer des grains les diverses impuretés qu'ils renferment le plus souvent (impuretés nocives, impuretés réduisant les qualités de la farine, impuretés pouvant endommager le matériel de mouture) on met en œuvre des procédés de nettoyage appropriés aux caractéristiques qui différencient ces impuretés du grain principal.
Brunerie, Industr. alim.,1949, p. 7. − P. anal. Imperfection, élément indésirable dans un modèle établi, dans un système. Comme les rigueurs de la statique théorique ne sont pas transposables à ce processus historique, il faudra bien admettre des imperfections et des impuretés dans le régime (Perroux, Écon. xxes., 1964, p. 456). ♦ BEAUX-ARTS, LITT. Déviation d'un auteur, d'une production par rapport aux normes reconnues d'un genre, d'un style. J.-E. Laboureur a montré qu'un trait dépouillé, des jeux linéaires pouvaient s'associer très heureusement aux empreintes des mots et que les méfaits de la gravure sur métal sont venus, non du métal même, mais de l'impureté du graveur (Civilis. écr.,1939, p. 30-2). B. − RELIG. État de ce qui est souillé par une chose impure, de ce qui est reconnu impur par une loi religieuse. Tu m'as demandée; je suis venue. Dès que je ne serai plus en état d'impureté, tu pourras me prendre (Maran, Batouala,1921, p. 122).Dans les rites païens, les purifications n'enlèvent au candidat à l'initiation que les souillures matérielles de son impureté cérémonielle; le baptême purifie vraiment l'âme du catéchumène (Théol. cath.t. 14, 11939, p. 563).La crainte de l'impureté et du voisinage de la mort est telle qu'elle détermine de véritables migrations (J. Vuillemin, Essai signif. mort,1949, p. 249). C. − Au fig. Souillure, corruption morale. Que voulez-vous, me dit-il [Louis-Philippe], après avoir déroulé ce rosaire d'impuretés politiques : ce sont les affaires! Après tout, on ne peut en vouloir à personne (Vigny, Mém. inéd.,1863, p. 116).Un jour je me suis aperçu que leur morale était mauvaise et que leurs idées étaient fausses. Ils m'avaient inoculé cette impureté, et de temps en temps il m'en sortait un peu sur le visage (Larbaud, Barnabooth,1913, p. 302).Nous sommes obligés de nous dire qu'une telle atmosphère révolutionnaire n'est pas pure, encore que nous ne puissions exactement désigner ce qui fait son impureté (Guéhenno, Journal « Révol. »,1936, p. 246) : 2. ... si nous ne prenons pas l'offensive contre les ennemis de la volonté, ce sont eux qui se coalisent contre elle. Il faut se battre : celui-là perdra nécessairement la liberté avec la vie, qui fuira le combat. Même chez les meilleurs il y a des trésors de malice, d'impureté et de mesquines passions.
Blondel, Action,1893, p. 192. − En partic. [Pour ce qui touche à la sexualité] Indécence d'un point de vue moral, social ou religieux. Il ne s'habituait pas à cette chair de sa chair, qui lui semblait toujours suer son impureté d'homme. La petite fille surtout le troublait, avec ses grands yeux, au fond desquels s'allumaient déjà des tendresses de femme (Zola, Faute Abbé Mouret,1875, p. 1497).Il y a, dans ce dérèglement des sens et des images, un principe d'impureté. Mon repos même en est corrompu (Duhamel, Journal Salav.,1927, p. 99).Mon fils est un cornichon, mais c'est aussi un tombereau d'impureté. Mon fils est un tas de fumier. Comme moi, d'ailleurs. Comme sa mère (Aymé, Cléramb.,1950, II, 3, p. 94). Prononc. et Orth. : [ε
̃pyʀte]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Fin xives. (Roques t. 2, 5753 : impuritas : inpurtés); 1. av. 1590 l'impureté du sang (Paré, XV, 2 ds Littré); 2. 1611 « état de corruption morale » (Cotgr.); 3. av. 1662 « ce qui est impur » (Pascal, Append. aux Pensées, 53, prophéties, édit. Lahure, 1860 ds Littré); 1683 spéc. « acte déclaré impur par la loi relig. » (Le Maistre de Sacy, Bible, Lévitique, XVI, 16, éd. Paris, Merueis, 1853, p. 115b : il purifie le sanctuaire des impuretés des enfants d'Israël). Empr. au lat.impuritas « impureté » avec infl. morphol. et sém. de pureté*; cf. impurité (1470 [éd. 1537] Discipline d'amour divine, fol. 85b, Vaganay ds R. Ét. rab. t. 9, p. 309; v. aussi Hug.). Fréq. abs. littér. : 190. |