| IMPROMPTU, -UE, adj., adv. et subst. masc. I. − Adj. Qui est fait sur-le-champ et sans préparation. Synon. Improvisé.Bal, concert, discours, exposé impromptu; pièce, visite impromptue; vers impromptus. Une discussion aussi vive qu'impromptue sur l'influence aryenne dans les mouvements mexicains (Giraudoux, Siegfried et Lim.,1922, p. 49) : 1. − Peut-être, cher Monsieur Baryton, (...) que ces sortes de vacances impromptues que vous vous disposez à prendre ne formeront-elles en définitive qu'un (...) entr'acte heureux, dans le cours un peu austère certes de votre carrière?
Céline, Voyage,1932, p. 540. − [En parlant d'un repas] Fait rapidement avec ce qui tombe sous la main. Synon. improvisé, qui est à la bonne franquette, à la fortune du pot.À chaque fois qu'ils cambriolent on retrouve dans la cuisine les restes d'un festin impromptu (Gide, Souv. Cour d'ass.,1913, p. 639).Nous aimons (...) les dîners impromptus, parce qu'ils nous réunissent pour une heure ou deux et parce qu'ils ne violent pas la paix de nos demeures (Colette, Naiss. jour,1928, p. 57). II. − Adv., vieilli. Sans préparation, à l'improviste. Arriver, intervenir impromptu; parler, répondre impromptu. Vous ne m'aviez point parlé de ce jeune gentilhomme. − Aussi bien n'y pensais-je guère. Il est venu impromptu (A. France, Rôtisserie,1893, p. 153).Beaucoup eurent la faiblesse de patienter béatement, jusqu'au jour où on les embarqua impromptu nach Deutschland (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 222). III. − Subst. masc. A. − HIST. LITTÉR. 1. Petite pièce de vers du genre épigramme, improvisée ou paraissant l'être. Et mes vers, à propos?... Quand? − À l'instant même, madame, si vous voulez. − Oh! un impromptu alors?... bravo! (Feuillet, Mariage monde,1875, p. 8) : 2. Incapable de sentir la poésie, il demandait hardiment la permission de se promener pendant dix minutes pour faire un impromptu, quelque quatrain plat comme un soufflet, et où la rime remplaçait l'idée.
Balzac, Illus. perdues,1837, p. 49. − P. plaisant. Un impromptu fait à loisir. Un poème bien préparé. Tous les vers excellents sont comme des impromptus faits à loisir (Joubert, Pensées, t. 2, 1824, p. 34). 2. Petite pièce de théâtre composée rapidement et gardant un caractère d'improvisation. L'Impromptu de Versailles (de Molière); l'Impromptu de Paris (de Giraudoux). Écrire un impromptu qui ne sente pas le pensum est difficile (Cocteau, Foyer artistes,1947, p. 41). B. − MUS. Courte composition, généralement pour piano, de forme libre et de caractère improvisé. Les impromptus de Brahms, de Chopin, de Poulenc, de Schubert. Quand je faisais mentalement des réserves sur Fauré, celles-ci portaient sur les Barcarolles, les Nocturnes et les Impromptus (Du Bos, Journal,1928, p. 53). C. − P. ext. Ce qui est fait sans préparation (notamment fête, dîner improvisé). Je voulais voir l'Empereur et surtout les domestiques éteignant les chandelles. C'était un impromptu incognito (Estaunié, Bonne dame,1891, p. 183) : 3. Restez à souper, dit le vicaire, j'ai donné à Rosette la précieuse habitude de toujours préparer ses « impromptus ». Je m'étonnerais qu'elle n'eût pas ce soir quelque poularde glacée.
Giono, Angelo,1958, p. 154. − Loc. adv., littér. ♦ À l'impromptu. À l'improviste. Talleyrand prévoyait à l'avance ses bons mots, que la circonstance lui tirait ensuite à l'impromptu (Sainte-Beuve, Pensées,1868, p. 125).Des visions charnelles vous assaillent; elles jaillissent, à l'impromptu, en éclair (Huysmans, Oblat, t. 1, 1903, p. 157). ♦ D'impromptu. À l'improviste. Je ne savais pas que vous étiez marié. − Vous ne pouviez pas le savoir, je me suis marié d'impromptu, la veille de monter au front (Cendrars, Main coupée,1946, p. 291).Arrivant un samedi soir, très tard, après une longue journée d'automobile, d'impromptu chez des amis (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 320). Prononc. et Orth. : [ε
̃pʀ
ɔ
̃pty]. [-pty] sous l'infl. de l'orth. 1 seul témoin sur 17 ds Martinet-Walter 1973 : [-pʀ
ɔ
̃ty]. Comparez avec promptitude : [prɔ
̃tityd] plus fréquent que [prɔ
̃ptityd]. Ac. 1762 : im-promptu; Ac. 1798-1935 : impromptu. Fér. Crit. t. 2 1787 est favorable à la graph. in-promptu, car il considère le mot comme ,,un assemblage de 2 mots séparés par une division``. Théoriquement le mot est invar. au fém. et au plur. Mais de nombreux aut. le jugeant parfaitement francisé l'accordent en genre et en nombre (cf. Grev. 1964, § 351 et 359 et supra ex.). Étymol. et Hist. A. Subst. 1. a) 1651 « morceau improvisé, fait sur-le-champ » (Loret, La Muse historique, I, 94 d'apr. FEW t. 9, p. 444a); cf. 1652 impromptus, rondeaux (Scarr., D. Japhet d'Arm., I, 3 ds Littré); b) 1669 « tout ce qui se fait sur-le-champ et sans préparation, ce qu'on improvise » (Widerhold Fr.-all.); 2. av. 1849 mus. (Fr. Chopin, Impromptu, dédié à Mlle Caroline de Cobau; deuxième Impromptu en fa mineur ds Lar. 19e, s.v. Chopin); cf. 1911 (Mathis-Lussy, Rythme, p. 6 : l'Impromptu en mi b de Schubert, op. 90). B. Adj. 1673 « qui est fait sans préparation; improvisé » un opéra impromptu (Molière, Malade Imaginaire, II, 5). C. Adv. av. 1755 loc. adv. a l'impromptu « sans préparation » (St-Sim., 392, 60 ds Littré); 1768 adv. (Rousseau, s.v. improviser : Improviser. C'est faire & chanter impromptu des Chansons, Airs & paroles). Empr. à la loc. lat.in promptu « sous les yeux, sous la main » d'où en fr. « sur-le-champ, sans préparation », elle-même composée de in « dans » et de promptu ablatif de promptus « fait d'être à la disposition de », formé sur le supin promptum de promere « tirer, faire sortir, produire »; le sens 2 est prob. empr. à l'all. impromtu (lui-même empr. au fr.), utilisé pour la 1refois comme terme de mus. en 1822 par H. Worzischek pour ses pièces lyriques; la même année paraissaient deux cahiers d'Impromptus de C. M. von Weber; en 1827 l'éditeur viennois Haslinger donnait ce titre à l'opus 90 de Schubert (œuvre dont Chopin s'est inspiré pour composer ses quatre Impromptus); v. E. Thiel, Sachwörterbuch der Musik, p. 208b. Fréq. abs. littér. : 79. Bbg. Gohin 1903, p. 296. |