| * Dans l'article "IMPRIMER,, verbe trans." IMPRIMER, verbe trans. I. − Imprimer qqc. sur/dans/à qqc. A. − Imprimer qqc. sur qqc. 1. Vx. Presser avec force quelque chose sur quelque chose. Imprimer un baiser sur la joue. Elle lui tendit la main. Oswald la prit, y imprima ses lèvres avec une vive tendresse (Staël, Corinne, t. 1, 1807, p. 145). 2. Faire apparaître, en exerçant une pression, la trace de quelque chose sur quelque chose. − [Le suj. désigne l'agent de l'action] Imprimer un sceau sur de la cire. Oui, reprit le bourreau... On lui imprime d'abord [au sacrilège], avec un fer chaud, une S sur le gras des jambes (Hugo, Han d'Isl.,1823, p. 171) : 1. Tout faisait présumer que ces gouttes de sang venaient de la blessure de l'homme qui avait, un moment, imprimé sa main rouge sur le mur. Il y avait d'autres traces de cette main sur le mur, mais beaucoup moins distinctes.
G. Leroux, Mystère ch. jaune,1907, p. 34. − [Le suj. désigne un inanimé] Son pied (...) imprime fidèlement sa forme sur le sable fin (Baudel., Poèmes prose,1867, p. 117).Ses jarretelles avaient imprimé sur ses cuisses une dentelle rose (Montherl., Songe,1922, p. 44). ♦ Au fig. Le chagrin et la maladie avaient imprimé des traces si profondes sur son visage, qu'elle n'était presque plus jolie (Sand, Indiana,1831, p. 119).Ces griffes légères que la moindre douleur imprime sur un visage mortel (Mauriac, Journal 1,1934, p. 30). − Emploi pronom. Se marquer, par pression, sur quelque chose. Les pas s'impriment sur la poussière. Sur le feutrage mou du sable, chaque goutte s'imprimait avec une netteté délicate (Gracq, Syrtes,1951, p. 20). ♦ P. ext. Synon. de se dessiner, se profiler sur qqc.Un de ces monts ressemblait à la principale pyramide de Saccarah, lorsqu'elle s'imprime au soleil tombant, sur l'horizon de la Libye (Chateaubr., Mém., t. 4, 1848, p. 411). 3. Au fig., littér. Faire paraître la marque de quelque chose sur quelque chose. Sur tes traits, où ton âme imprime sa noblesse (Chénier, Odes,1794, p. 214).La mobilité de ses traits tendait à imprimer sur le visage, à l'état permanent, un sourire professionnel qui ressemblait à un vague rictus (Daniel-Rops, Mort,1934, p. 420). B. − Imprimer qqc. dans, en qqc.; dans, en qqn 1. Rare, littér. Faire apparaître, en exerçant une pression, la marque de quelque chose dans quelque chose (plus ou moins profondément, dans une matière dure ou non). Les doigts de l'homme impriment dans l'airain et dans le marbre la forme immortelle [des dieux grecs] (Taine, Philos. art, t. 2, 1865, p. 346). − Emploi pronom. La sortie s'opérant par intervalles réguliers entre les rangs des gardes de police, les coudes, autour du prince, commençaient à s'imprimer moins profondément dans les poitrines; on se reprenait à respirer (A. France, Île ping.,1908, p. 231). 2. Au fig. a) Vx, PSYCHOL. Laisser une trace psychique dans le cerveau. Relativement aux traces que nos idées et nos pensées impriment dans notre cerveau, qu'importe que ces traces ne puissent être aperçues par aucun de nos sens (Lamarck, Philos. zool., t. 2, 1809, p. 173). b) Faire pénétrer quelque chose dans l'esprit de quelqu'un de manière à y laisser une empreinte durable. Synon. fixer, graver, inculquer.L'art vise à imprimer en nous des sentiments plutôt qu'à les exprimer (Bergson, Essai donn. imm.,1889, p. 25) : 2. − Hé, une bonne calotte n'allait pas le tuer! Souvent, lors d'un bornage, on fait aux enfants la surprise d'une gifle magistrale; c'est pour leur imprimer le souvenir dans la tête.
Pourrat, Gaspard,1931, p. 88. − Emploi pronom. réfl. ♦ [Le suj. désigne une chose] Se fixer dans l'esprit de quelqu'un. Allez vite mourir, le plus vite possible désormais. Que votre visage n'ait pas le temps de s'imprimer en moi. Qu'il s'efface et que je puisse l'oublier (Montherl., Reine morte,1942, II, 2etabl., 5, p. 201).À quoi bon écrire, tout s'imprime en moi et c'est peut-être la pure poésie que de se laisser imprégner et de déchiffrer en soi-même la signature des choses (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 167). ♦ [Le suj. désigne une pers.] Fixer dans son esprit. Sur ces cartes on avait renfermé tout ce qui concerne l'histoire des six premiers siècles (...). Nos écoliers, tout en jouant, s'imprimaient ces choses dans l'esprit (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 3, 1848, p. 519).P. ell. du compl. prép. L'instant qu'elle était nue et mienne se brouillera dans ma mémoire comme un songe, car je vieillis et ne m'imprime plus bien mes bonheurs (Montherl., Songe,1922, p. 205). c) Laisser la marque durable de son influence dans quelque chose. Synon. féconder, imprégner, pénétrer.Cette religion [le christianisme] a plus ou moins imprimé son génie dans toutes les littératures modernes (Fontanes,
Œuvres, t. 2, Litt. et crit., 1821, p. 225).La nation coïncide avec un complexe biologico-culturel imprimé profondément dans la langue et dans la mentalité (Mounier, Traité caract.,1946, p. 622). − Emploi pronom. réfl. La jeunesse est finie dès que ce que je pense s'imprime dans ce que je fais − tandis que ce que je fais s'incruste dans ce que je pense (Valéry, Tel quel I,1941, p. 198). d) Rare, vieilli. Susciter en quelqu'un un sentiment violent, intense. Le seul sentiment que la divinité puisse inspirer aux faibles mortels, c'est la terreur et Michel-Ange semble né pour imprimer cet effroi dans les âmes par le marbre et par les couleurs (Stendhal, Hist. peint. Ital., t. 2, 1817, p. 189). − P. ell. du compl. prép. Ses obligés seraient morts plutôt que de ne pas le lui rendre, tant, malgré son air bonhomme, il imprimait de crainte par un certain regard profond et plein de résolution (Balzac, Goriot,1835, p. 23). Rem. Constr. équivalente avec la prép. à. Une gravité magistrale qui imprima un profond respect au vieux valet de chambre (Id., Peau chagr., 1831, p. 202). C. − Imprimer qqc. à qqc. 1. Faire faire un type de mouvement à quelque chose, donner du mouvement à quelque chose. Synon. communiquer, transmettre.Imprimer un élan, une rotation, des saccades, une secousse, de la vitesse. Il (...) fit un geste énergique pour imprimer au volant un mouvement de rotation (Duhamel, Terre promise,1934, p. 84).Elle avait près d'elle le berceau où dormait la petite Domitienne. Elle lui imprimait du pied une oscillation régulière (Van der Meersch, Empreinte dieu,1936, p. 181) : 3. Paris, l'axe immortel, Paris, l'axe du monde,
Puise ses mouvements dans sa vigueur profonde,
Les communique à tous, les imprime à chacun,
Les impose de force, et n'en reçoit aucun.
Il se meut : tout s'ébranle, et tournoie et circule;
Le cœur du ressort bat, et pousse la bascule...
Vigny, Poèmes ant. et mod.,1837, p. 233. − Emploi pronom. réfl. L'enfant du ciel roidit ses muscles comme un câble (...). Il s'imprime à lui-même un élan circulaire (Lamart., Chute,1838, p. 844). − Loc. fig. Imprimer une direction, une impulsion à qqc. Il n'a pu imprimer aux événements la marche rapide et victorieuse qu'il attendait d'une incontestable supériorité de moyens (Foch, Mém., t. 1, 1929, p. 72). 2. Au fig. a) Vieilli. Déterminer une modification des propriétés sensibles de quelque chose. Synon. donner, entraîner, communiquer.Dans quelques animaux, la liqueur séminale imprime à toutes les autres humeurs une odeur forte (Cabanis, Rapp. phys. et mor., t. 1, 1808, p. 279).La petite déformation musculaire que l'habitude du métier imprime à la cheville d'une danseuse (Bourget, Essais psychol.,1883, p. 182) : 4. ... comme, dans la série des mouvements des corpuscules se précipitant vers des corps distincts, il n'a dû se présenter aucun moyen de régularisation capable d'imprimer la forme circulaire à leurs trajectoires...
H. Poincaré, Hyp. cosmogon.,1911, p. 70. b) Donner à quelque chose une qualité. Synon. conférer.La petite criminalité de ce rendez-vous matinal (...) imprimait à l'amour le plus innocent du monde la vivacité des plaisirs défendus (Balzac, E. Grandet,1834, p. 169) : 5. Toute la discipline de notre grand vers (...) imprime au discours une facilité dont il faut quelque réflexion pour concevoir la science et le travail de transmutations qu'elle a dû coûter.
Valéry, Variété V,1944, p. 195. − Loc. fig. Imprimer à qqc. le cachet, le caractère, la marque, le sceau de qqc., de qqn; imprimer à qqn une tache, un pli. En te suivant au milieu des infidèles, j'imprime à mon caractère une tache ineffaçable (Cottin, Mathilde, t. 2, 1805, p. 238).Le pli que leur imprimait la familiarité de la ville intacte et vermoulue faisait que pour tous le signe gardait autorité, survivait à la chose signifiée (Gracq, Syrtes,1951, p. 317). Rem. Constr. équivalente avec les prép. dans, sur. Le devoir de l'éducateur c'est d'imprimer au plus vite sur une personnalité qui se forme la marque de la civilisation (Barrès, Cahiers, t. 9, 1912, p. 315). Quant à ceux qui, tels Poincaré ou Hilbert, impriment le sceau de leur génie dans presque tous les domaines, ils constituent, même parmi les plus grands, une rarissime exception (Gds cour. pensée math., 1948, p. 35). II. − Dans divers domaines techn. Imprimer qqc. A. − Dans le domaine de l'imprimerie 1. Reproduire des caractères ou des images en utilisant les techniques de l'imprimerie. Presse à imprimer; imprimer un livre, une brochure, un manuscrit; imprimer tant d'exemplaires. − [Le suj. désigne un dispositif techn.] Ces machines (...) comprenaient jusqu'à 4 cylindres, imprimant 4 feuilles recto-verso. Les feuilles étaient conduites avant, pendant et après impression par des cordons (Civilis. écr.,1939, p. 8-10). ♦ INFORMAT. ,,Reproduire automatiquement de l'information à la sortie d'un ordinateur par l'intermédiaire d'une imprimante`` (Le Garff 1975). − [Le suj. désigne une pers.] Ben Yehouda trouva Smolensky dans la chambre misérable, où il imprimait lui-même sur une presse à bras sa revue Haschahar, l'Aurore (Tharaud, An prochain,1924, p. 195) : 6. Marion, formée par Séchard père, façonnait le papier, le trempait, aidait Kolb à l'imprimer, l'étendait, le rognait, et n'en faisait pas moins la cuisine, en allant au marché de grand matin.
Balzac, Illus. perdues,1843, p. 555. − Au part. passé. [Gén. suivi d'un adv., d'un compl. spécifiant un élément du code ling. ou une caractéristique typogr.] Livre imprimé sur velin, en français, en caractères (tels ou tels), en lettres (telles ou telles); mot, texte imprimé; feuille, ligne, page imprimée. La carte des vins, imprimée noir et rouge, sur quinze pages de parchemin sous couverture verte (Hamp, Champagne,1909, p. 228).Des prospectus imprimés fin (Ramuz, A. Pache,1911, p. 159). 2. P. ext. a) (Faire) procéder à toutes les opérations nécessaires à la confection d'un livre, d'un journal (composition, impression, brochage, reliure) en vue de sa publication et de sa diffusion. Synon. éditer, tirer.Pourquoi la N.R.F. n'imprimerait-elle pas Un coup de dés jamais n'abolira le hasard? Vous savez que j'en possède une épreuve (Claudel, Corresp. [avec Gide], 1913, p. 209). − Emploi pronom. réfl. Rue Montmartre, La Presse s'imprime elle-même, avec un matériel qui lui appartient (Morienval, Créateurs gde presse,1934, p. 78). b) Publier, faire paraître (dans un livre, un journal). − [Le compl. d'obj. désigne un type d'écrit] Vigilance n'imprime ni romans ni nouvelles mais seulement des reportages (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 260). − [Le compl. d'obj. désigne un auteur] On imprime Merrill, Regnier, Verhaëren, Jammes, des poètes de valeur certes, mais enfin dont pas un n'aurait pu coller debout ces trois strophes, et on refuse Murmures dans la nuit (Miomandre, Écrit sur eau,1908, p. 156). ♦ Emploi pronom. passif. En dehors des musiciens que l'on joue, des auteurs qui s'impriment, des artistes qui exposent, il y a le monde des inédits (Péladan, Vice supr.,1884, p. 167). − [Le compl. d'obj. désigne une opinion] J'hésiterais à imprimer ceci, mais je puis le dire dans ce journal : il joue avec la grâce, jeu terrible (Green, Journal,1948, p. 144) : 7. Tous les hommes qui osent regarder la vie en face, qu'ils soient moralistes, médecins, éducateurs (ecclésiastiques ou laïcs), psychiatres, vous le diront. Mais ils vous le diront dans le particulier. Ils ne le diront jamais devant une femme, ni en public; ils ne l'imprimeront jamais, ils ont bien trop peur de l'opinion, qui est faite par les femmes.
Montherl., Pitié femmes,1936, p. 1193. ♦ [Constr. avec une prop. complétive] Sachez que, maintenant, nous avons de belles féministes qui impriment tout cru que l'allaitement maternel doit être considéré comme un reste de barbarie... Que vous en semble? (Coppée, Bonne souffr.,1898, p. 130). ♦ Emploi pronom. passif. Elle défend son homme contre les opinions de son milieu, les propos qui s'impriment, les croyances communicables (Valéry, Variété V,1944, p. 108). − Absol. La Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen, en énonçant que tout citoyen peut parler, écrire, imprimer librement, établissait la liberté de la presse (Coston, A.B.C. journ.,1952, p. 11). B. − Spécialement 1. GRAV. Tirer des épreuves d'une estampe. Imprimer en taille douce, imprimer une lithographie. (Dict. xixeet xxes.). Sur les premières presses on ne pouvait pas imprimer de grands formats (Bég.Estampe1977, s.v. presse). 2. INDUSTR. TEXT. Reproduire des motifs, appliquer des couleurs sur une étoffe. La fabrique du Houlme était alors une des plus importantes usines de Rouen, dont le commerce était encore prospère. On n'y fabriquait point les tissus; on les imprimait seulement (Gide, Si le grain,1924, p. 414). 3. PEINT. Recouvrir d'une couche d'impression (v. ce mot I B 5) pour apprêter une toile ou (en peinture de bâtiment) pour protéger ou rendre moins absorbant un support. Il [Murillo] acheta une pièce de toile, la coupa en morceaux qu'il imprima lui-même et peignit dessus des sujets de sainteté (Gautier, Guide Louvre,1872, p. 284).Les moulures [à peindre] ne sont pas enduites, mais imprimées et rebouchées avec soin (Robinot, Vérif., métré et prat. trav. bât., t. 6, 1930, p. 34). 4. PEAUSSERIE. Donner un grain artificiel à la fleur d'une peau au moyen d'une plaque chauffante sous pression (d'apr. Chauss. 1969, Rama 1973). Synon. grainer. REM. Imprimable, adj.Digne d'être imprimé et publié. Je veux ajouter une importante pièce à Amour et à Parallèlement, les pièces très imprimables en dehors du « Manteau », de Femmes, intitulées Filles (Verlaine, Corresp., t. 2, 1892, p. 196). Prononc. et Orth. : [ε
̃pʀime], (il) imprime [ε
̃pʀim]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. A. 1. a) Ca 1355 « faire pénétrer profondément (dans le cœur, l'esprit de quelqu'un) en laissant une marque, une empreinte durable » (Bersuire, Tite-Live, B.N. 20312ter, fo24 rods Gdf. Compl.); b) 1530 emprimer « graver dans l'esprit, le cœur » (Palsgr., p. 536b); 2. 1580 « donner, imposer une certaine marque, un certain caractère » (Montaigne, Essais, I, 11, éd. A. Thibaudet, p. 60); 3. 1660-66 imprimer un mouvement (Bossuet, 1ersermon, Nativité, fragment d'un autre serm. ds Littré). B. 1. 1476 « reproduire (des caractères, des signes graphiques) par la technique de l'imprimerie » (Doc. ds L. Wolf, Buchdruck, p. 205); 2. 1487 « faire, laisser une marque, une empreinte, une trace par pression » (Garbin, Vocabulaire latin-français ds FEW t. 4, 604b); 3. a) 1599 « reproduire des dessins, des couleurs sur un tissu, une étoffe » (Gabrielle d'Estrées ds Havard); b) 1622 « préparer le fond du tableau avec certaines couleurs » (René François, Merveilles de nature, p. 514); c) 1636 « reproduire par la pression d'une surface sur une autre » (Monet). II. Imprimé subst. masc. 1. a) 1532 « ouvrage imprimé » (Marot,
Œuvres, II, 420 ds Quem. DDL t. 12); b) 1689 « tout livre imprimé, par opposition à manuscrit » (Mmede Sévigné, Lettre du 28 janv., éd. L.-J. N. de Monmerqué, t. 8, p. 438); 2. 1856 « caractères imprimés » (Hugo, Contempl., t. 3, p. 40); 3. 1873 « feuille, formulaire imprimé » (Lar. 19e). III. Imprimante subst. fém. 1962 « élément d'un ordinateur, permettant la sortie de résultats imprimés » (Lar. encyclop.). Empr. au lat.imprimere « appuyer sur; faire [une figure] en pressant; laisser une empreinte sur » (v. aussi empreindre). Fréq. abs. littér. : 1 778. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 4 390, b) 2 548; xxes. : a) 1 392, b) 1 612. Bbg. Quem. DDL t. 12. |