| * Dans l'article "IMPRATICABLE,, adj." IMPRATICABLE, adj. A. − Littéraire 1. [En parlant d'une action ou d'un programme éventuel, d'un désir] Impossible à réaliser, à exécuter. Projet, dessein, désir impraticable. Il ne faut pas s'accoutumer à des plaisirs impraticables, quand on a autour de soi mille exigences (Flaub., MmeBovary, t. 2, 1857, p. 76).Nous entrons dans une époque où le libéralisme va devenir la plus suspecte et la plus impraticable des vertus (Gide, Journal,1940, p. 58).Que deviendrons-nous quand tous se détourneront d'une religion rendue impraticable? (Montherl., Port-Royal,1954, p. 1035). − Emploi subst. masc. à valeur de neutre. Ici on pouvait se croire tout à fait en présence de l'impraticable. Il semblait que Gilliatt fut au pied de ce mur : l'impossible. Que faire? (Hugo, Travaill. mer,1866, p. 289). 2. [En parlant d'une pers.] Rare. Dont le commerce est difficile, voire impossible. C'est en tant que femme qu'elle se défie d'elle : « Elle a besoin d'être aimée en femme .» Lambert hésita : « Mais sur ce plan aussi elle est impraticable... » (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 352). B. − Usuel. [En parlant d'un espace, du sol] 1. [En raison de la nature de l'espace, du sol] Impossible ou très difficile à traverser, à parcourir. Route, chemin, accès, terrain impraticable. Le carrosse s'enfonçait dans des boues impraticables, ou s'arrêtait devant des ruisseaux grossis (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 1, 1840, p. 201) : Le chemin de Grand'Fons, qui remontait vers la route, était un ruisseau l'hiver et, l'été, un ravin impraticable, coupé de trous et de grosses racines, qui montait dans l'ombre entre de grandes haies d'arbres.
Alain-Fournier, Meaulnes,1913, p. 218. − Impraticable à.Un sentier tortueux y conduisait − impraticable à toute voiture (Gracq, Argol,1938, p. 21). 2. [En raison de l'encombrement] Impossible ou très difficile d'accès. On dîna dans le salon, la salle à manger étant impraticable (A. France, Pt Pierre,1918, p. 173).Les cars de Quillan étaient devenus impraticables, encombrés jusque sur le toit par les Belges que l'on commençait à démobiliser (Gide, Journal,1940, p. 44). Prononc. et Orth. : [ε
̃pʀatikabl̥]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1627 impratiquable a « qui ne se laisse pas influencer par » (Rodulphus Magister [Rodolphe Le Maistre], trad. Tacite, Delb., Rec. ds DG); 1680, 21 févr. hiver impraticable (Sévigné, Lettres, éd. Gérard-Gailly, t. 2, p. 613); id., 15 juin chemins impraticables (Id., ibid., p. 747); av. 1704 sainteté impraticable (Bourdaloue, Sainteté, 2eAvent, p. 314 ds Littré). Dér. de praticable*; préf. in-1*. Fréq. abs. littér. : 228. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 483, b) 412; xxes. : a) 169, b) 233. DÉR. Impraticabilité, subst. fém.,rare. Caractère de ce qui est impraticable. Le socialisme, livré à lui-même, périrait bientôt par la contradiction, le ridicule et l'impraticabilité de ses utopies (Proudhon, Confess. révol.,1849, p. 210).Un enseignement à tirer de ces dix-huit dernières années, c'est la persistance des tendances de famille, et l'impraticabilité de la greffe spirituelle à froid (Amiel, Journal,1866, p. 181).− [ε
̃pʀatikabilite]. − 1resattest. 1791 impraticabilité d'une loi (Mirabeau, Coll., t. V, p. 40 ds Littré), 1794 impraticabilité des chemins vicinaux (Délib. Cons. gén. du district ds Brunot t. 9, p. 1143, note 7); de impraticable, suff. -ité*. BBG. − Gohin 1903, p. 230. |