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IMPRÉCATION, subst. fém.
A. − ANTIQ. Prière solennelle appelant (sur l'ennemi, le coupable) la colère des divinités infernales (spécialement des furies). Un serment se fait au nom des furies avec des imprécations terribles (Chateaubr., Génie, t. 1, 1803, p. 548) :
1. Chaque armée prononce contre l'armée ennemie une imprécation dans le genre de celle dont Macrobe nous a conservé la formule : « O Dieux, répandez l'effroi, la terreur, le mal parmi nos ennemis. Que ces hommes et quiconque habite leurs champs et leur ville, soient par vous privés de la lumière du soleil. Que cette ville et leurs champs, et leurs têtes et leurs personnes, vous soient dévoués. » Fustel de Coul., Cité antique,1864, p. 263.
P. anal. Malédiction solennelle, proférée contre quelqu'un. Charger (qqn) d'imprécations. Nous avons marqué ce jour pour frapper d'une imprécation irrévocable les mauvais esprits de l'Écosse (Nodier, Trilby,1822, p. 152).
[Dans l'antiq. gréco-latine] Catilina, chargé d'imprécations, fut obligé de sortir du Sénat, où il avait eu l'audace de paraître encore (Michelet, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 228).Ces solitudes retentissent encore des imprécations d'Oreste et des cris de sa mère sous le couteau (Barrès, Voy. Sparte,1906, p. 141).Les imprécations des héros tragiques maudissant leur destin (Camus, Homme rév.,1951, p. 44).
RHÉT. [P. réf. aux héros de l'Antiq.; en gén. au plur.] Ensemble d'invectives et de malédictions, chargées d'exprimer la fureur ou la soif de vengeance à leur paroxysme. Je conçois les imprécations de Camille [chez Corneille] comme une suite de cris rapidement articulés, et j'oserai le dire, monotones (Mérimée, Ét. litt. russe, t. 2, 1868, p. 251).Les « fureurs », les « imprécations », voilà qui, dans Racine, paraît le plus humain (Mauriac, Vie Racine,1928, p. 110).
[Dans la tradition judéo-chrétienne] Un sarcophage chrétien des catacombes de Rome porte une formule d'imprécation dont j'ai appris avec le temps à comprendre le sens terrible (A. France, Bonnard,1881, p. 372) :
2. ... je songe aux deux victimes que ce même grand-prêtre consacrait à certains jours de l'année : l'une que l'on immolait sur l'autel, et l'autre, l'autre, l'émissaire, que l'on expédiait, chargée d'imprécations, dans les ténèbres extérieures. Claudel, Poète regarde Croix,1938, p. 247.
B. − P. ext. Souhait de malheur, adressé à quelqu'un; p. ext. injure. Lancer, proférer, hurler, fulminer des imprécations; éclater, se répandre en imprécations; un flot d'imprécations. Je maudis Arabelle par une seule imprécation qui l'eût tuée si elle l'eût entendue (Balzac, Lys,1836, p. 237).C'est à je ne sais quel Portugais qu'il en a et vers lequel il jette ses imprécations ordurières (Gide, Voy. Congo,1927, p. 701).Seul, Vallès apporte dans la malédiction de l'art un ton d'imprécation qui l'authentifie (Camus, Homme rév.,1951, p. 314).
Imprécation contre (qqn, qqc.).C'était une tempête d'imprécations contre le faisan qui rôtissait, contre les sauces dont l'odeur grasse ravageait leurs estomacs vides (Zola, Germinal,1885, p. 1440).Joséphine, indignée, se répandit en imprécations contre son père (A. France, Dieux ont soif,1912, p. 216).Rien ne lui est plus étranger [à Maurice de Guérin] que les anathèmes et les imprécations de Vigny contre la nature (Mauriac, Journal 3,1940, p. 234).
Imprécation sur (qqn, qqc.).Quelles imprécations sur les théâtres! (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 77).
Prononc. et Orth. : [ε ̃pʀekasjɔ ̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. a) Ca 1355 antiq. « prière solennelle par laquelle on vouait aux dieux infernaux un coupable ou un ennemi » (P. Bersuire, Traduction de Tite-Live, ms. B.N. 20312 ter, fo15 vods Littré); b) 1564 « souhait de malheur contre quelqu'un » (Thierry). Empr. au lat.imprecatio attesté au sens de « malédiction » dès le 1ers. (TLL). Le b. lat. imprecatio « bénédiction » (ibid.) est à l'orig. du m. fr. imprecacion « fait d'appeler la bénédiction de Dieu sur soi-même » (1374, J. Golein, Rationale divinorum officiorum de G. Durant [trad.] ds Gdf.). Fréq. abs. littér. : 296. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 593, b) 373; xxes. : a) 332, b) 353.