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IMPOSSIBLE, adj. et subst.
I. − Adjectif
A. − [En parlant de choses]
1. [D'un point de vue objectif] Qui ne peut être ou ne peut se produire; dont l'existence est exclue. Événement impossible. Que deux soit à la fois pair et impair est impossible (Piguet1960) :
1. Elle [une intelligence supérieure] reconnaîtrait peut-être que, pour certains individus et dans certaines circonstances, l'erreur devient physiquement impossible... Cournot, Fond. connaiss.,1851, p. 107.
Loc. impers.
(Il est, c'est) impossible à, (il est) impossible de + inf.Impossible à faire; impossible de le dire. Il serait impossible de rencontrer un philosophe qui déclare : j'étudie la psychologie des grands singes parce que je n'aime pas les hommes (Nizan, Chiens garde,1932, p. 69) :
2. Il ne savait pas, le malheur est impossible à prévoir. Mais il n'aurait pas été étonné qu'un tremblement de terre fît l'affaire. J'ai reconnu que c'était possible et il m'a demandé si ça ne m'inquiétait pas. Camus, Peste,1947, p. 1236.
(Il est, il semble) impossible que; rien d'impossible à ce que + subj.Vieil océan! Vieil océan, il n'y aurait rien d'impossible à ce que tu caches dans ton sein de futures utilités pour l'homme (Lautréam., Chants Maldoror,1869, p. 137) :
3. Très nettement, très rapidement, je compris qu'il était impossible que, dans l'état de nudité, dans l'état de désordre, dans l'état d'amour où nous étions, Georges, moi, et la chambre... Je compris qu'il était impossible que quelqu'un entrât en cet instant, dans la chambre... Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 150.
[Constr. prép. + verbe pronom.]
Impossible à (rare).Un ouvrage de ce genre est presque impossible à se faire lire à cause des notes qui coupent perpétuellement le texte (Constant, Journaux,1804, p. 131).
Impossible de.Impossible de se faire entendre. Impossible de s'en faire écouter, le trait caractéristique du crétin étant de parler sans relâche en admirant les lieux communs qu'il éjacule (Bloy, Journal,1904, p. 238).
Pris absol. Impossible! − Vous rendre Alfred, Monsieur Paturot! Mais vous n'y songez pas. Impossible monsieur, impossible. Jamais, monsieur, jamais. − Mais, monsieur, c'est mon fils (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 420).
[Phrases hist.] Si c'est possible, c'est fait; si c'est impossible, cela se fera. Mot de Calonne à Marie-Antoinette. Impossible n'est pas français. Mot attribué à Napoléon. Et voilà comme, au régiment plus qu'en nul autre lieu du monde, « impossible » n'est pas français (Courteline, Gaîtés esc., Je m'en fous, 1886, I, p. 201).À cœur vaillant, rien d'impossible. Devise de Jacques Cœur.
P. hyperb. Dont la réalité ou le déroulement sont difficilement supportables. Synon. intolérable.Mais en moins de trois jours la vie devint impossible! (Vercel, Cap. Conan,1934, p. 88).
Sans issue, très difficile. On lui parle de la situation impossible qui lui sera faite, quand même il gagnerait son procès, s'il veut se maintenir de force contre les actionnaires (Goncourt, Journal,1862, p. 1045).
2. [D'un point de vue subjectif] Qui ne peut être réalisé ni imaginé. Synon. incroyable.Luxe, mariage, projet, tâche, rêve impossible; impossible amour. Que ce qui serait vraiment d'un prix inestimable, une langue parfaite, ne fût-elle pas universelle, est une chose absolument impossible, parce que la difficulté ne tient pas aux signes, mais à la nature de notre esprit (Destutt de Tr., Idéol. 2,1803, p. 407) :
4. La Princesse Aurore, de Tchaïkovsky présente l'image d'un monde impossible, à la fois enfantin et sensuel, alors que la musique d'Apollon Musagète est si noblement voluptueuse qu'elle en paraît chaste. Green, Journal,1945, p. 30.
P. hyperb. Invraisemblable, extravagant. Synon. absurde, insensé.C'est au Palais-Royal qu'on trouve (...) des femmes dont les visages s'abritent sous des chapeaux impossibles, que surmontent des fleurs fanées ou des plumes fabuleuses (Raban, Myst. Palais-Royal, t. 1, 1845, p. 6) :
5. ... Marianne était occupée à tricoter dans une grande pièce très-propre (...) tapissée d'un papier fond bleu, avec des fleurs impossibles et des oiseaux invraisemblables. Nerval, Fayolle,1855, p. 80.
Rem. L'emploi de impossible au compar. ou au superl. n'est pas rare dans la docum. : Et que créer une science, n'est autre chose qu'en bien faire la langue. C'est-là, je crois, la partie la plus impossible du projet impossible, dont nous nous amusons actuellement à tracer le plan (Destutt de Tr., Idéol. 2, 1803, p. 412).
B. − [En parlant de pers.]
1. Dont le caractère, le comportement, les pratiques sont difficilement supportables. Comme on mangeait (...) très simplement, madame Hugon se lamenta (...) racontant que les bouchers devenaient impossibles (Zola, Nana,1880, p. 1228) :
6. Daudet : Ma seconde maringote serait amusante. Elle contiendrait une collection de domestiques impossibles, terribles, dont les brouilles amèneraient une interruption dans le voyage. Goncourt, Journal,1888, p. 832.
2. Inaccessible, ingouvernable, indomptable. Non seulement vierges, mais filles impossibles, si sveltes, longues, délicates! Elles peuvent rêver, plaire, être aimées, mais concevoir? Non (Michelet, Journal,1857, p. 360).
3. Dont l'existence n'est pas concevable. Pourquoi M. Teste est-il impossible? − C'est son âme que cette question. Elle vous change en M. Teste. Car il n'est point autre que le démon même de la possibilité (Valéry, Soirée avec M. Teste,1895, p. 11).
II. − Substantif
A. − masc. sing. à valeur de neutre
1. Ce qui ne peut être, se produire ou être réalisé; dont l'existence pour la réalisation est exclue. Synon. l'inconnu, le néant.L'homme crie vers l'impossible, la femme souffre tout ce qui est possible (Camus, État de siège,1948, 3epart., p. 286) :
7. C'est pourquoi le peintre est toujours plus près du vrai, s'il sait peindre, que le moraliste ou le romancier, toujours conduit, ou presque toujours, à l'instable ou à l'impossible, parce qu'il ne peint point les passions avec les couleurs de la vie. Alain, Beaux-arts,1920, p. 259.
8. Toute chose change de couleur et de valeur. Il y a de l'impossible et de l'incroyable dans l'air. Nul ne peut fixement et solitairement considérer ce qui existe, et l'avenir immédiat s'est altéré comme par magie. Valéry, Variété IV,1938, p. 69.
Ne pas demander l'impossible. Rester dans les limites du raisonnable :
9. ... mais jamais il ne faisait la moindre allusion, il affectait d'ignorer, avec son fin sourire de viveur sceptique, qui ne demande pas l'impossible, pourvu qu'il ait son heure et que Paris le sache. Zola, Nana,1880, p. 1351.
Faire, tenter l'impossible pour. Aller à la limite de ce qui est possible pour. Ces derniers mois, quel cauchemar! J'ai tenté l'impossible pour vous ouvrir les yeux. Vous ne vouliez rien voir, rien entendre (Cocteau, Par. terr.,1938, II, 9, p. 251).
Proverbe. À l'impossible nul n'est tenu :
10. Z. et moi savons parfaitement que nous ferons tous deux pour le mieux, et c'est le cas où jamais de nous répéter le proverbe « à l'impossible, nul n'est tenu ». Du Bos, Journal,1927, p. 262.
2. Vx. Nom d'une couleur à la mode à la fin du xviiiesiècle :
11. ... chaque femme était obligée de (...) vêtir une lévite blanche avec une ceinture de couleur. Il y en avait six en noir, six en bleu, six en coquelicot, (...) six en impossible. Nerval, Illuminés,1852, p. 384.
3. Loc. adv. Par impossible. En supposant réalisable ce que l'on tient pour impossible ou improbable :
12. Que si, par impossible, on arrivait à donner un sens raisonnable aux écrits des mystiques, il n'y aurait pas lieu de faire grand cas de ces livres, qui se bornent à célébrer la grandeur, la beauté, la bonté de Dieu. Bremond, Hist. sent. relig., t. 4, 1920, p. 545.
B. − fém. plur. Impossibles ou inconcevables. ,,Nom donné aux femmes légèrement vêtues de l'époque Directoire`` (Leloir 1961).
REM.
Impossiblement, adv.D'une façon impossible. Oh! l'île, dans le soir qui tombe, lui apparaît extraordinairement, impossiblement perdue! (Laforgue, Moral. légend.,1887, p. 240).
Prononc. et Orth. : [ε ̃pɔsibl̥]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Adj. 1. Ca 1227 « qui ne peut être, qui ne peut se faire » chose impossible (G. Le Clerc, Besant, éd. P. Ruelle, 948); 1798 impossible! impossible! (Fiévée, Dot Suzette, p. 93); 2. 4equart xives. « très difficile » (J. Froissart, Chron., éd. G. Raynaud, IX, 97 : lieu impossible pour assiéger); 3. a) 1784 « qui dépasse les limites de l'ordinaire, extravagant » (Beaumarchais, Mar. Figaro, préf. : [l'auteur] est-il obligé de tourniller dans des incidents impossibles); b) 1843 « qui semble ne pas pouvoir exister, fantastique, irréel » (Gautier, Tra los montes, p. 118 : On se sent transporté dans un monde inouï, impossible et cependant réel); c) 1862, mars « qui ne peut pas avoir d'issue, de solution » situation impossible (Goncourt, loc. cit.); 4. a) 1828 « qui ne convient pas; qui ne correspond plus à la situation donnée » (Guizot, Hist. civilisation, 3eleçon, p. 20); b) 1857 « insupportable [en parlant d'une personne] » (Renan, Lamennais et ses œuvres posthumes, in R. des deux mondes, 15 août, 781 ds Quem. DDL t. 5). B. Subst. 1. 1553 [date de composition] « ce qui n'est pas possible » (Cl. Marot, Élégies, éd. C. A. Mayer, XIII, 63); 2. 1852 « nom d'une couleur » (Nerval, loc. cit.). Empr. au lat.impossibilis « qui ne peut pas être, qui ne peut pas se faire », en b. lat. au sens actif de « qui ne peut agir », dér. avec le préf. in- à valeur négative de possibilis (possible*). Fréq. abs. littér. : 11 301. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 17 172, b) 17 305; xxes. : a) 14 277, b) 15 549. Bbg. Gohin 1903, p. 296.