| IMPÉRIEUX, -EUSE, adj. A. − [En parlant d'une pers. ou d'un de ses attributs] 1. [En parlant d'une pers.] Qui commande de façon absolue; qui s'impose; autoritaire. Impérieux et violent, sec et impérieux; maître impérieux, femme impérieuse. Il étoit bien certain que cet impérieux despote méditoit une vengeance terrible (Genlis, Chev. Cygne, t. 2, 1795, p. 259) : 1. Il [Chopin] était modeste par principes et doux par habitude, mais il était impérieux par instinct et plein d'un orgueil légitime qui s'ignorait lui-même.
Sand, Hist. vie, t. 4, 1855, p. 468. − En emploi subst. L'avarice (...) est un être second; (...) l'impérieux et le timide, le vaniteux et le cynique sont de même (Alain, Propos,1928, p. 790). ♦ Par personnification. [Rome] c'est une impérieuse qui froisse et rompt en nous ce qu'elle estime indigne (Barrès, Renan,1888, p. 170). 2. [En parlant d'un élément du comportement, d'une partie du corps, d'un mode d'expression] Qui est le fait d'une personne impérieuse, qui en a certaines caractéristiques. Air, geste, regard, ton, visage impérieux; voix impérieuse; coup de sonnette impérieux. Le caractère de sa sœur devenait (...) volontiers capricieux ou impérieux (Sainte-Beuve, Volupté, t. 2, 1834, p. 100).Je le voyais de profil, à côté de moi, pâle et frêle sous ses traits impérieux (Abellio, Pacifiques,1946, p. 63) : 2. Une lettre d'Aline me parvint à midi, lettre impérieuse, menaçante; mais j'étais bien tranquille. Elle avait intérêt à ne pas faire rater mon mariage...
Mauriac, Anges noirs,1936, p. 40. 3. P. anal., littér. Vent impérieux; lumière impérieuse. Impérieux destin, ton ordre est satisfait (Constant, Wallstein,1809, V, 10, p. 167).Entre la mer nonchalante que le soleil décolorait et le bleu impérieux du ciel (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 93). B. − [En parlant d'un inanimé abstr.] Qui est pressant, auquel on ne peut résister, qui s'impose comme logique, nécessaire. Besoin, devoir, sentiment impérieux; conviction, passion, raison impérieuse; circonstances, exigences, habitudes impérieuses. Il y en a eu [des blés] de pillés, d'autres achetés cher par l'impérieuse loi de la disette (Staël, Lettres L. de Narbonne,1793, p. 146).Il éprouvait l'impérieux désir d'une promenade dans la forêt de Compiègne (Proust, Swann,1913, p. 293) : 3. − Madame la comtesse, poursuivit-il, si je me suis introduit chez vous, au milieu de la nuit, comme un voleur, c'est qu'un motif impérieux et sans réplique, une nécessité fatale et indomptable m'y poussaient.
Ponson du Terr., Rocambole, t. 3, 1859, p. 361. − En emploi subst. masc. à valeur de neutre. J'en trouve les théories en vous (...) portées à l'impérieux et à l'exclusif (Sainte-Beuve, Corresp., t. 2, 1836, p. 124). Prononc. et Orth. : [ε
̃perjø], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. [1. Av. 1435 « pressant » (Al. Chartier, ap. Dochez ds Gdf. Compl.)]; 2. a) 1544 « qui commande » (M. Scève, Délie, éd. E. Parturier, CCXL, 6); b) ca 1570 « qui marque le commandement » (Carloix, IX, 50 ds Littré); 1639 (Rotrou, Antigone, I, 2 ds Littré). Empr. au lat.imperiosus « qui commande », dér. de imperium, v. imperium. Fréq. abs. littér. : 1 300. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 435, b) 1 849; xxes. : a) 1 979, b) 2 122. |