| IMPÉRIAL, -ALE, -AUX, adj. et subst. masc. plur. I. − Adjectif A. − Propre à un empereur, à une impératrice, à un empire. 1. [En parlant d'une chose concr. ou abstr.] Impérial et royal; époque impériale. L'amour-propre impérial y trouvant son compte (Maurras, Kiel et Tanger,1914, p. 122) : 1. ... en vertu de la « préférence impériale », les produits du Commonwealth sont moins taxés que les autres à l'entrée en Grande-Bretagne, et réciproquement...
Lesourd, Gérard, Hist. écon.,1966, p. 590. SYNT. Décret, despotisme, gouvernement, pouvoir, régime impérial; globe, manteau, palais, trône impérial; loge, pourpre impériale. ♦ Couronne impériale. Mitre abaissée et surmontée d'un globe et d'une croix, attribut d'un empereur ou d'une impératrice. Sur le velours du socle (...) il y a, en or, un N surmonté de la couronne impériale (Goncourt, Journal,1863, p. 1351). − HÉRALD. Aigle impériale. Aigle propre à différents empires (Saint-Empire, empire de Russie, Premier, Second Empire) et de représentation différente selon le cas, la plus connue étant l'aigle à deux têtes du Saint Empire. Partout on voyait ses armoiries [de Charles-Quint] avec l'aigle impériale (Montherl., Bestiaires,1926, p. 463). − INSTITUTIONS ♦ [du Saint Empire] Chambre impériale. Cour de justice souveraine, instituée par Maximilien 1eret qui eut son siège dans différentes villes. Elle [Spire] a eu la chambre impériale dont Wetzlar a hérité (Hugo, Rhin,1842, p. 302).Ville impériale. Ville libre relevant directement de l'empereur. La commune de Besançon, ville impériale et libre (Barante, Hist. ducs de Bourg., t. 1, 1821-24, p. 342). ♦ [du Premier et du Second Empire] Cour impériale. Cour d'appel. Ce procès est aujourd'hui en Cour Impériale (Goncourt, Journal,1865, p. 131). ♦ Garde* impériale. − Emploi subst. masc. à valeur de neutre : 2. ... non plus seulement tout le romain de Polyeucte, la force romaine, mais tout l'impérial romain, l'empire, la clémence romaine, la paix romaine, la majesté romaine impériale...
Péguy, V.-M., comte Hugo,1910, p. 806. 2. [En parlant d'une pers. ou d'un groupe] a) [S'applique à la pers. même de l'empereur ou de l'impératrice] Sa Majesté impériale. Chez son impérial protecteur et geôlier, le tsar Nicolas (Rolland, Beethoven, t. 1, 1937, p. 51). b) [En parlant d'une pers. autre que l'empereur, d'un groupe de pers.] Qui appartient à un empereur, à une impératrice, à sa famille, à un empire; qui en est partisan. Prince impérial. Quant au latin, les légions impériales avaient laissé dans le sol d'Égypte des fragments de leurs registres (Hist. et ses méth.,1961, p. 505) : 3. Il n'y avait pas une maison, riche ou pauvre, palais ou cabane, où le portrait du marmot impérial ne fût inauguré avec une vénération feinte ou sincère.
Sand, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 345. SYNT. Altesse impériale; couple impérial; famille, maison impériale; armées, troupes impériales. − En partic. Qui concerne une institution ou une personne ♦ du Saint Empire. Il enferme, en des sépulcres brûlans, Frédéric II et le cardinal Ubaldini, idoles du parti impérial (Ozanam, Philos. Dante,1838, p. 276).Les députés impériaux furent jetés par les fenêtres du château de Prague (Du Camp, Hollande,1859, p. 240). ♦ du Premier et du Second Empire. Procureur impérial. Procureur près la cour impériale. Avez-vous la permission du procureur impérial pour faire la réunion que vous tenez ici? (Barrès, Colline insp.,1913, p. 235). B. − P. anal. Qui présente certaines caractéristiques (grandeur, majesté, richesse, supériorité) dignes d'un empereur, d'une impératrice. 1. [En parlant d'une pers., d'une partie du corps, d'un élément du comportement, parfois d'un groupe] Air impérial. Un front impérial d'artiste et de poëte (Gautier, Albertus,1833, p. 153).Le Boucher impérial et péremptoire (Audiberti, Ampélour,1937, p. 101). 2. [En parlant d'un animal ou d'une plante] Allées aux platanes impériaux (Malraux, Espoir,1937, p. 654). 3. [En parlant d'une chose] L'éclat impérial des bâtisses (Rimbaud, Illumin.,1873, p. 279). 4. En partic. [Entre dans la dénomination de certains animaux, de certaines plantes, de certains objets pour en indiquer la supériorité ou le rapport avec un empereur, une impératrice, un empire déterminé] Le carlin est la miniature du dogue, comme le pékinois impérial l'est de l'épagneul (Arts et litt.,1935, p. 44-3).Le jade impérial, très rare, est une variété semi-transparente qui a la qualité de gemme et la nuance de l'émeraude (Metta, Pierres préc.,1960, p. 92). − Spécialement ♦ BOT. Couronne impériale et p. ell. impériale (v. couronne B 1 b). Là fleurissait un pied de couronne impériale (...) avec (...) ses cloches d'un roux de cuivre rouge (Pourrat, Gaspard,1931, p. 102).Prune impériale et p. ell. impériale. Grosse prune longue d'un brun violet. Un demi-cent de grosses prunes, des impériales et des autres (Montherl., Port-Royal,1954, p. 986). ♦ Comble, dôme impérial ou en impériale et p. ell. impérial, impériale. Comble, dôme ayant la forme de deux S qui se rejoignent au sommet, rappelant ainsi la forme d'une couronne impériale, attribut d'un empereur (cf. Adeline, Lex. termes art, 1884). ♦ Eau impériale et p. ell. impériale (vx). Eau-de-vie obtenue par distillation de prunes sur des épices et des herbes aromatiques. (Dict. xixeet xxes.). ♦ Médaille impériale et p. ell. impériale. Médaille frappée sous les empereurs romains. Voir Blanc, Gramm. arts dessin, 1876, p. 472. ♦ Papyrus impérial. Papyrus de qualité supérieure, utilisé sous les empereurs romains. (Dict. xixeet xxes.). ♦ Pierre impériale (vx). Opiat pour les dents. (Dict. xixeet xxes.). ♦ Serge impériale et p. ell. impériale. Serge de laine fine. (Dict. xixeet xxes.). 5. Loc. À l'impériale. À la manière d'un empereur, d'un de ses attributs. Charger une carabine à l'impériale (Hugo, Han d'Isl.,1823, p. 355).Cage d'escalier bien ronde, galbée à l'impériale (Giono, Hussard,1951, p. 349). − En partic. ♦ Barbe à l'impériale et p. ell. impériale. Touffe de poils plus ou moins longue qu'on laisse pousser sous la lèvre inférieure et qui fut particulièrement en vogue sous l'empereur Napoléon III. La moustache et l'impériale retombaient sinistrement en saule pleureur (Gyp, Éduc. prince,1890, p. 287).Emploi adj. Vieux radoteur à barbiche impériale (Romains, Hommes bonne vol.,1932, p. 165). ♦ Garniture à l'impériale et p. ell. impériale. Garniture composée d'ingrédients riches tels que foie gras, truffes (cf. Ac. Gastr. 1962). II. − Subst. masc. plur. A. − Soldats du Saint Empire. Une éclatante victoire du grand Condé à Lens sur les Impériaux unis aux Espagnols (Bainville, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 213). B. − Représentants de l'empereur germanique. Les impériaux proposèrent à telle assemblée, de... (Ac. 1835, 1878). REM. 1. Impérialerie, subst. fém.,péj. Ce qui concerne les époques impériales en France. Les compagnons de Masson subissaient (...) Ney (...) Morny et le reste; mais la vue des coteaux de la Seine (...) distrayait de ces impérialeries (L. Daudet, Fant. et viv.,1914, p. 164). 2. Impérialiser, verbe trans.a) Part. passé. Devenu empereur ou partisan d'un empereur. Vieux menteurs révolutionnaires impérialisés (Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p. 560).MmeMocenigo (...) préparait ses deux petits Doges (...) au service du soldat impérialisé (Chateaubr., Mém., t. 4, 1848, p. 374).b) Emploi pronom. Prendre les manières d'un empereur, devenir partisan de l'empereur, du régime impérial. [La France] s'impérialisa comme aux temps de gloire (Esparbès, Demi-solde,1899, p. 284).Tantôt il [le Roi] s'impérialisait (Arnoux, Juif Errant,1931, p. 92). Prononc. et Orth. : [ε
̃peʀjal], masc. plur. [-o]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1165 emperïaus adj. « d'une qualité ou d'un luxe supérieurs, dignes d'un empereur » ici qualifiant un type de drap richement décoré (B. de Ste-Maure, Troie, 7078 ds T.-L.); b) ca 1200 id. subst. plur. désignant un produit considéré comme supérieur, ici une étoffe de luxe (Escoufle, 2007, ibid.); 2. a) ca 1176 « qui est propre ou appartient à un empereur, un empire » palés imperial (Chr. de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 5080), d'où b) 1remoitié xiiies. subst. emperiaux [les impériaux, partisans ou soldats d'un empereur] (Guillaume de Palerme, 1948 ds T.-L.) et spéc. 1552 les impériaux « partisans ou soldats de l'empereur d'Allemagne » (G. Paradin, Cronique de Savoie, Lyon, J. de Tournes et G. Gazeau, 1552, chap. XIX, p. 389); 3. 1545 subst. « jeu de cartes dans lequel les séries qui l'emportent sont dites impériales », prob. d'apr. l'idée de suprématie plutôt que parce qu'il aurait été le jeu favori de Charles Quint, cf. Dict. des jeux (Farce des cinq sens ds Anc. théâtre fr., t. 3, p. 312); 4. p. anal. de forme avec la couronne des empereurs a) 1566 [lit] à l'impériale « surmonté d'un certain type de dôme » (Inventaire du docteur du Codroy ds Havard) d'où 1589 subst. une impérialle (Inv. de Catherine de Médicis, 392, p. 38 ds Gay); b) 1600 bot. couronne impériale (O. de Serres, Théâtre d'Agriculture, p. 578); c) 1648 subst. fém. « partie supérieure d'une voiture (à l'origine en forme de dôme) » (Sorel, Polyandre, II, 423 ds Brunot t. 3, p. 202) (cf. Nicot 1606, s.v. carroce : une espece de coche à ciel suspendu en impériale); d) 1676 archit. « dôme de forme comparable à celui d'une couronne d'empereur » (Félibien, p. 624); 5. 1830 subst. fém. « petite touffe de barbe sous la lèvre inférieure » remplaçant, après le IerEmpire, l'anc. terme royale (Balzac, Mais. chat, p. 62). Empr. au lat.imperialis « de l'empereur ». Fréq. abs. littér. Impérial : 607. Impériale : 883. Fréq. rel. littér. Impérial : xixes. : a) 782, b) 1 111; xxes. : a) 1 024, b) 701. Impériale : Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 744, b) 1 405; xxes. : a) 1 293, b) 735. DÉR. Impérialement, adv.En empereur, en impératrice; d'une manière impériale. Elle [l'impératrice Catherine II] se vengea impérialement (J. de Maistre, Corresp., t. 10, 1806, p. 173).Brune avec un peigne de cuivre dans les cheveux étagés impérialement (Frapié, Maternelle,1904, p. 110).− [ε
̃peʀjalmɑ
̃]. − 1reattest. ca 1208 emperialment (G. de Villehardouin, Conquête de Constantinople, éd. E. Faral, 182, p. 184); de impérial, suff. -(e)ment2*. BBG. − Dauzat (A.). Notes étymol. Fr. mod. 1943, t. 11, p. 134. - Dub. Pol. 1962, p. 319. - Quem. DDL t. 4. - Rabotin (M.). Le Vocab. pol. et socio-ethnique à Montréal de 1829 à 1842. Bruxelles, 1975, p. 52. - Vardar (B.). Struct. fondamentale du vocab. soc. et pol. en France, de 1815 à 1830. Istanbul, 1973, p. 246. |