| IMITATIF, -IVE, adj. A. − [Correspond à imiter I A 1] 1. [En parlant d'un comportement, d'un geste] Qui imite. Il n'y a guère de cérémonies où quelque geste imitatif ne nous soit signalé (Durkheim, Formes élém. vie relig.,1912, p. 504).Magie imitative et contagieuse. − L'une de ces notions très répandues est la conviction qu'on peut parvenir à ses fins en imitant l'événement souhaité (Lowie, Anthropol. cult.,1936, p. 325). 2. [En parlant d'un objet concret] Rare. Les brachmanes de l'Inde exprimaient la même idée cosmogonique par une statue imitative du monde (Dupuis, Orig. cultes,1796, p. 82). 3. Qui suscite l'imitation. Léonide rit plus fort. La colère est imitative, comme toutes les excitations nerveuses. Attaqué avec l'arme du rire, Maurice rit aussi (Gozlan, Notaire,1836, p. 165). 4. [En parlant d'un animé] Vx. Qui a la faculté, l'habitude d'imiter. Le singe est un animal imitatif (Littré). Synon. imitateur. B. − [Correspond à imiter I B 3; en parlant d'un comportement] Qui imite consciemment ou non quelqu'un d'exemplaire par son savoir, sa force, son âge. Les Kamtschadales ont l'esprit imitatif, ils adoptent presque tous les usages de leurs vainqueurs (Voy. La Pérouse,t. 3, 1797, p. 147).Il y entre une grande part de manie imitative [dans la passion linguistique] (Larbaud, Vice impuni,1941, p. 10). − [P. allus. aux jeux d'imitation] :
1. Par exemple, dans le jeu de l'épervier pratiqué dans le sud-ouest de la France, les enfants doivent passer d'une extrémité de la cour à l'autre sans se faire prendre par celui qui « fait » l'épervier et qui évolue au centre de la cour. Mais, malgré ses origines imitatives évidentes, ce jeu n'est plus qu'un jeu traditionnel réglé. Nos enfants ne pensent point qu'ils « font » des passereaux poursuivis par un rapace...
Jeux et sports,1967, p. 85. C. − BEAUX-ARTS. [Correspond à imiter I C 1] Qui cherche à imiter la nature. La peinture n'est pas plus une représentation de la vie que ne l'est la musique, même quand, par une hérésie foncière, elle se prétend « imitative » (Mauclair, De Watteau à Whistler,1905, p. 77).[L'impressionnisme] récupère, lui aussi, cette vertu positive, agissante, cette volonté de création qu'ignore le réalisme stérilement imitatif, donc négatif, où se complaisent les publics abâtardis (Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 142). − MUS. M. Pector venait de lancer les premières notes du Duel, qui est un morceau imitatif du temps du Directoire. Au début on entendait une sorte de querelle entre deux individus. Le basson, avec sa voix grave, semblait une sorte de personnage grave qui a été insulté dans un endroit public par un être d'un caractère léger et pointu, représenté par la petite flûte (Champfl.Bourgeois Molinch.,1855, p. 53).Il n'est même pas rare que la musique décrive par le bruit imitatif (Alain, Beaux-arts,1920, p. 132).[La musique] cherchera à reproduire les bruits naturels et deviendra ainsi une musique imitative ou descriptive (La Laurencie, Éc. fr. violon,1924, p. 189). ♦ Harmonie imitative. Le critique [A.B. Marx] prête (...) à Beethoven, non plus seulement un programme spirituel, mais un parti pris de recherche descriptive, voire d'harmonie imitative (le grincement des archets!) [dans son quatuor op. 132] (Marliave, Quat. Beethoven,1925, p. 363).L'idée d'un concert et d'une harmonie imitative, qu'il [le chanteur] puise dans le chant des oiseaux! (La Hêtraie, Chasse, vén., fauconn.,1945, p. 147). − Emploi subst. neutre : 2. ... tout a contribué à altérer le titre des termes d'abord représentatifs, à les faire passer insensiblement, et par un effet même de l'habitude, du propre au figuré, du sensible à l'abstrait, de l'imitatif à l'arbitraire...
Maine de Biran, Influence habit.,1803, p. 144. − LING. (Expression, mot, vocable) imitatif/ive. Qui reproduit les impressions auditives de la réalité. La dent se casse, le crac! de l'enfant associe l'idée de cette cassure au bruit imitatif; ce bruit figure seul dans la parole (Bally, Lang. et vie,1952, p. 83).Quand le langage est imitatif, on l'appelle onomatopée, sans beaucoup songer à détacher celui qui reste interjection (cocorico! pif, paf, pouf!) de celui qui change de nature (un cocorico assourdi, le glouglou du flacon) (J. Pohl, Six esquisses ds Fr. mod. t. 35, 1967, pp. 13-14). Prononc. et Orth. : [imitatif], fém. [-i:v]. Att. ds Ac. dep. 1978. Étymol. et Hist. 1466 « qui imite » (P. Michaud, Doctrinal, éd. Th. Walton, XXXIV, 220); 1761 (J.-J. Rousseau, Nouv. Héloïse, 1repart., lettre XLVIII, éd. B. Gagnebin et M. Raymond, p. 132 : ... l'harmonie... n'est qu'un accessoire éloigné de la musique imitative; il n'y a dans l'harmonie proprement dite aucun principe d'imitation); 1771 harmonie imitative (Trév. : l'harmonie imitative est une convenance, une proportion que le son des mots doit avoir avec les pensées pour contenter l'âme. Racine [texte non identifié]). Empr. au b. lat.imitativus « qui reproduit, imite; qu'on fait par imitation ». Fréq. abs. littér. : 55. |