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ILLIMITÉ, -ÉE, adj.
A. − Qui n'a pas de limite(s).
1. Dans le domaine philosophique.Qui ne comporte pas de limites matérielles. Le temps, l'espace sont illimités. Pour le panthéiste, l'esprit est une puissance indéfinie et illimitée : il n'est qu'en se manifestant, mais aucune de ses manifestations ne le contient tout entier (Blondel, Action,1893, p. 17).
2. Dans le domaine mathématique.Synon. infini; anton. borné, fini.À la suite illimitée des nombres entiers, qui augmentent indéfiniment ou, comme on dit aussi, qui tendent vers l'infini, correspondent des inverses qui deviennent de plus en plus petits et qui tendent vers zéro (E. Borel, Paradoxes infini,1946, p. 20).
3. Dans le domaine politique, économique.Qui ne fait pas l'objet de restrictions, de limitations. Pouvoir illimité de (qqn). Vous vantez les avantages de la liberté illimitée de la presse, et moi je me plains de ses excès (Crèvecœur, Voyage, t. 2, 1801, p. 338).Il [le pouvoir héréditaire] est l'état de la société, dans lequel un seul a tous les pouvoirs, et tous les autres n'en ont aucun. (...) il est la vraie monarchie pure, c'est-à-dire illimitée (Destutt de Tr., Comment. sur Espr. des lois,1807, p. 64) :
1. Le principe qui domine notre ordre social n'est-il pas celui de la concurrence illimitée? La concurrence illimitée n'a-t-elle point pour corollaire une production qui s'accroît sans cesse et à l'aventure? Pour trouver à une production dont l'essor est si impétueux et si déréglé des débouchés toujours nouveaux, ne faut-il pas conquérir industriellement le monde et commander aux mers? L. Blanc, Organ. trav.,1845, p. 81.
4. Littér. [En parlant d'un inanimé abstr.] Qui n'est pas déterminé, délimité avec précision. Le mot monde dans la conversation a un sens illimité. Chacun l'augmente ou le diminue à sa fantaisie (Delécluze, Journal,1825, p. 257) :
2. Excellent article de Fouillée sur Auguste Comte (...) : « N'y ayant pas de limite au libre examen, le protestantisme créait une religion illimitée, donc indéfinie, donc indéfinissable, qui ne saurait pas, le jour où le libre examen lui apporterait l'athéisme, si l'athéisme fait partie d'elle-même ou non (...) » Gide, Réflex. litt. et mor.,1897, p. 430.
En partic. [Qualifiant un subst. désignant une visée hum.] Qui ne se satisfait pas d'objets précis. Cette certitude que nous sommes enfermés dans les phénomènes nous donne une résignation, une acceptation. Elle nous interdit les aspirations illimitées et toutes les fausses idées du sublime romantique (Barrès, Voy. Sparte,1906, p. 73) :
3. ... il croyait sentir encore (...) tout le poids énorme de l'océan, impuissant pourtant à rafraîchir l'ardeur de ces désirs illimités, auxquels il ne savait encore donner un nom. Il lui semblait que la terre entière eût pu tenir dans le geste de ses bras ouverts, dans le gouffre sans limites de son cœur aux vigoureux appétits. Gracq, Argol,1938, p. 130.
5. Rare. [En parlant d'un procès concr.] Qui n'a pas de terme (temporel). Ce sophisme universel (...) consiste à prendre un accroissement continu pour un accroissement illimité (Comte, Philos. posit., t. 4, 1839-42, p. 189).La mécanisation et la rationalisation sont les nouveaux messies d'une économie fondée sur les hauts salaires et la consommation de masse, croyant au progrès quasi illimité de la production et au rendement toujours amélioré (Reynaud, Syndic. Fr.,1963, p. 85).
B. − Qui semble ne pas avoir de limite(s).
1. [En parlant d'un inanimé dénombrable] Qui est en si grande quantité ou d'une intensité telle qu'on ne peut le compter ou le calculer. Synon. immense, incalculable, innombrable.Avoir des ressources illimitées. Le rail devait permettre de réaliser les possibilités en quelque sorte illimitées du nouveau monde (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum.,1921, p. 253).Je suis obligé de comparer mon cerveau à un clavier sur lequel un nombre illimité de combinaisons peuvent être exécutées (G. Marcel, Journal,1920, p. 248) :
4. ... pour les armes thermonucléaires, le fait que la réaction de fusion n'est pas une réaction en chaîne et, par conséquent, n'est pas soumise à la limitation de la masse critique, rend théoriquement possible la construction d'armes de puissance illimitée. Goldschmidt, Avent. atom.,1962, p. 177.
2. [En parlant d'un lieu, d'un élément de paysage] Qui s'étend à l'infini. Synon. infini, sans bornes.Espaces, horizons illimités; ciel, désert illimité. Jamais (...) je ne pense au Canada, à ses forêts illimitées, dont les profondes solitudes sont si imposantes (Crèvecœur, Voyage, t. 2, 1801, p. 150) :
5. Léningrad est la plus belle ville du monde. Plate comme l'océan, sans collines ni gratte-ciels, immense, avec des perspectives illimitées, des rues où l'œil se perd en largeur comme en longueur, pavées d'un carrelage en tronçons de bois, un pavé doux et luxueux comme un tapis. Triolet, Prem. accroc,1945, p. 331.
P. anal. Un silence compact, illimité, interrompu par rien, chuintait dans ses oreilles (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 298).
Au fig. La photographie en relief offre un champ illimité d'application dans l'enseignement, les sciences, la reproduction des œuvres d'art (Prinet, Phot.,1945, p. 81).
3. Littér. [En parlant d'un affect] Qui dépasse toute mesure par son intensité. Synon. absolu, infini, sans bornes.Frédéric l'attendait, perdu dans une détresse illimitée (Flaub., Éduc. sent., t. 1, 1869, p. 135).Si vraiment ton amour du peuple va jusqu'à te résigner à ça, toi que je connais, j'aurai pour toi une admiration illimitée. Si tu te révoltes, comme je m'en méfie, je ne t'en voudrai pas d'avoir fait le fier (Rivière, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1906, p. 127).
C. − Dont la limite n'est pas fixée; dont le nombre, le terme, les dimensions ne sont pas arrêtés ou formulés. Être en congé illimité; une grève illimitée. La nomination des pairs de France appartient au roi. Leur nombre est illimité; il peut en varier les dignités, les nommer à vie ou les rendre héréditaires, selon sa volonté (Doc. hist. contemp.,1814, p. 148).Vous aurez le droit d'imprimer à un nombre illimité d'exemplaires et pour un temps illimité cette préface (Hugo, Corresp.,1868, p. 133) :
6. − ... cette lettre ouvre à monsieur le comte de Monte-Cristo un crédit illimité sur ma maison. − Eh bien! monsieur le baron, que voyez-vous d'obscur là-dedans? − Rien, monsieur, seulement le mot illimité [it. ds le texte] (...); mais le sens du mot illimité [it. ds le texte], en matière de finances, est tellement vague... − Qu'il est illimité, n'est-ce pas? dit Monte-Cristo. − C'est justement cela, monsieur, que je voulais dire. Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 683.
Emploi subst. masc. à valeur de neutre, littér. Ce qui est sans limite. Synon. l'infini.Par delà l'intelligence humaine il n'y a plus ni ce qui est grand, ni ce qui est petit, car l'illimité n'est pas sujet à la mesure, l'éternité n'a point de durée, Dieu ne se classe pas en parties (Flaub., Tentation,1849, p. 417).L'âme aspire confusément à l'ineffable; elle a besoin d'illimité; elle a soif du divin (Amiel, Journal,1866, p. 201).
Prononc. : [il(l)imite]. Étymol. et Hist. 1. a) 1611 adj. « qui n'a pas de bornes, de limites; dont on ne distingue pas les limites » (Cotgr.); b) 1849 subst. masc. « l'infini » (Flaub., loc. cit.); 2. 1804 « qui n'est pas limité, dont la grandeur n'est pas fixée » (Code civil, p. 339). Empr. au b. lat.illimitatus « qui n'a pas de limites ». Fréq. abs. littér. : 656. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 822, b) 754; xxes. : a) 1 010, b) 1 076.