| ÏAMBE, subst. masc. A. − PROSODIE ANC. 1. Pied composé de deux syllabes, une brève et une longue. L'iambe, composé d'une brève et d'une longue, le trochée, composé d'une longue et d'une brève, sont le rythme des pieds humains foulant le sol (Combarieu, Mus.,1910, p. 145). 2. P. ext. ,,Vers dont le second, le quatrième et le sixième pied sont ordinairement des ïambes`` (Littré) et primitivement utilisé dans la poésie satirique; p. méton. poème formé d'ïambes : 1. Cruelle Éris, déesse à chevelure bleue,
Déesse au dard sanglant, déesse au fouet vainqueur,
Change mon encre en fiel; mets autour de mon cœur
L'armure adamantine, et dans mon front évoque,
Mètre de clous armé, l'ïambe d'Archiloque!
Banville, Odes funamb.,1859, p. 101. B. − LITT. FR. [P. réf. aux iambes amers et mordants des poètes anciens] Pièce satirique virulente, composée de vers alternatifs de douze et de huit syllabes, avec croisement de rimes. Les Iambes d'André Chénier. Un jeune homme déclara qu'on devrait faire réciter, dans les rues, les Iambes de Barbier, par des acteurs, pour apprendre simultanément au peuple l'art et la liberté (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Dimanches bourg. Paris, 1880, p. 315) : 2. La Curée a été un pur accident dans la vie d'Auguste Barbier; il n'a fait, dans cette pièce et dans toutes celles d'à côté, qu'imiter et transporter de 93 à 1830 l'ïambe d'André Chénier, avec ses crudités, avec ses ardeurs, empruntant du même coup la forme et le style, y mettant plus de verve que de finesse, grossissant les traits, élargissant et épaississant les teintes...
Sainte-Beuve, Pensées,1869, p. 63. REM. Ïambique, adj.Composé d'ïambes. Vers ïambiques, trimètre ïambique. Cet Hymne [O gloriosa domina] réunit les deux éléments de versification. La forme antique du vers iambique dimètre régulier est observée; mais l'assonance et la rime commencent à s'y mêler (F. Clément, Hist. gén. mus. relig.,1860, p. 278).Emploi subst. Vers ïambique. Il m'envoya à Eton, en Angleterre, où je fabriquai beaucoup de vers grecs, surtout des iambiques (Taine, Notes Paris,1867, p. 13). Prononc. et Orth. : [jɑ
̃:b]. Att. ds Ac. dep. 1694. Ac. 1694-1740 : i-, ensuite ï-. Ac. 1718-98 : ,,ce mot est de trois syllabes``. Étymol. et Hist. [1532 (Rabelais, Pantagruel, chap. 1, éd. V.L. Saulnier, p. 12 : D'aultres croissoyent par les jambes; et a les veoir eussiez dit que c'estoient grues... Et les petits grymaulx les appellent en grammaire Jambus)] 1. 1555 [date de l'éd.] métr. anc. pié Iambe (J. Peletier du Mans, L'Art poétique, préf., éd. A. Boulanger, 1930, p. 229); 1605 ïambe (Vauquelin de La Fresnaye, Art poétique, éd. A. Genty, 1862, p. 86); 2. av. 1589 « vers de six pieds » (A. de Baïf, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 2, p. 221); 3. av. 1794 p. ext. « pièce de vers satirique généralement composée d'un alexandrin et d'un octosyllabe, à rimes croisées » (A. Chénier, Iambes ds
Œuvres, éd. G. Walter, p. 187). Empr. au lat.iambus, gr. ι
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ς « ïambe (sens 1); poème en vers ïambiques; poème satirique (au plur.) ». Fréq. abs. littér. : 33. |