| * Dans l'article "HUMECTER,, verbe trans." HUMECTER, verbe trans. I. − Emploi trans. Rendre humide (en imprégnant légèrement et/ou superficiellement). A. − Qqn humecte qqc.1(de, avec qqc.2).[Le compl. prép. désigne ce qui humecte] Humecter un mouchoir de larmes. Je trouvai bientôt du vinaigre, avec lequel j'humectai doucement son front et ses tempes (Toepffer, Nouv. genev.,1839, p. 286).Il humecta légèrement le coton avant de frotter (Romains, Hommes bonne vol., 1932, p. 96).Bébé n'a besoin que de bien peu de chose : lui humecter les lèvres d'eau sucrée (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 320). − En partic., fam. [Le compl. dir. désigne la gorge, le gosier; avec un adj. poss.] Boire. Ils avaient humecté leur gosier de ce bourgogne velouté (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 221). Rem. On relève un emploi avec un suj. désignant un animal. Le serpent qui humecte sa proie de salive (Cocteau, Machine infern., 1934, II, p. 82). B. − Qqc.2humecte qqc.1La rosée humecte l'herbe. Quelques gouttes d'eau viennent abattre un peu la poussière, rafraîchir et humecter l'air (Gide, Retour Tchad,1928, p. 963) : ... la sauce passa. Une sauce héroïque, de vinaigre et de bouillon battus, chargée d'ail et d'oignon hachés : offerte pour humecter le bœuf ou le porc, et « mouiller » la poule et le chapon farcis de mie de pain et d'oie confite.
Pesquidoux, Chez nous,1923, p. 100. − [Le suj. désigne les larmes, la sueur, le compl. une partie du corps] Larmes qui humectent les joues de qqn. Une sueur légère humectait ses poils (Pesquidoux, Chez nous,, 1921, p. 101).Elle maîtrisa d'une petite grimace des lèvres, des pleurs qui vinrent seulement humecter ses beaux yeux bombés (Colette, Seconde,1929, p. 101). ♦ [Avec un suj. désignant ce qui provoque les larmes] L'attendrissement n'humecte pas la paupière (Amiel, Journal,1866, p. 219).Au fig. ou p. métaph. Émouvoir. Quand le jeune homme s'engageait sur ce chemin nouveau de la pitié, il éprouvait (...) une sorte de tendresse désespérée qui lui humectait enfin le cœur (Bourget, Crime am., 1886, p. 285). II. − Emploi pronom. A. − Réfléchi 1. Se mouiller légèrement. Écœurée par ce primitivisme, elle s'humecta, se tamponna un peu d'eau ici et là (Queneau, Zazie,1959, p. 40). 2. Fam. Boire. Il s'était humecté comme un liège, il avait une douceur d'ivresse qui le rendait aimable et pas hargneux (Huysmans, Sœurs Vatard,1879, p. 123). 3. Au fig. [Avec un compl. prép.] Tirer profit de, s'engraisser. De plus habiles (...) s'humectent des sueurs du peuple, disent les écrivains de l'Opposition, toutes les fois que l'écumoire plonge dans l'Impôt, au moyen de cette machine appelée Budget (Balzac, Paysans, 1844, p. 126). B. − Réfl. indir. Qqn s'humecte qqc. (de, avec qqc.).[Le compl. dir. désigne une partie du corps, le compl. prép. ce qui humecte] Rendre humide, mouiller légèrement. S'humecter la bouche, les lèvres. La verveine dont il s'humectait le front, les paupières, le cou, les poignets (Montherl., Songe,1922, p. 11). − En partic., fam. S'humecter le gosier, la dalle. Boire. La salle de café du Vélocipède boulevard Sébastopol, où quelques halliers déjà s'humectaient le tube ingestif avant de charrier leurs légumes (Queneau, Zazie, 1959, p. 165). C. − Passif. Qqc. s'humecte (de qqc.).[Le compl. prép. désigne ce qui humecte] Devenir humide, se mouiller légèrement. Marianna ne put retenir ses pleurs. Andrea fut tellement ému, que ses yeux s'humectèrent légèrement (Balzac, Gambara,1837, p. 76).L'orage était passé; l'atmosphère sèche et lourde s'humectait de la fraîcheur du matin (Sand, Compagn. Tour de Fr., 1840, p. 230). Prononc. et Orth. : [ymεkte], (il) humecte [ymεkt]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1503 humecter (Le Guidon en fr., 41 a, éd. 1534, d'apr. H. Vaganay ds Rom. Forsch. t. 32, p. 78); 1505 humetter (Desdier Christol, trad. de Platina, De honneste volupté, fo80 rob, d'apr. R. Arveiller ds Mél. Séguy, I, p. 68). Empr. au lat.humectare « humecter, mouiller ». Fréq. abs. littér. : 200. DÉR. Humecteur, subst. masc. et adj.a) Subst. masc., technol. Appareil servant à augmenter le degré hygrométrique d'un corps quelconque, de l'atmosphère, par pulvérisation d'eau. (Dict. xixeet xxes.). b) Adj., hapax. Un gérant maigre a succédé à un gras, une caissière oxygénée à une blanchie, l'apéritif violent au fade café-crème humecteur de brioches, le moka à l'apéritif (Arnoux, Paris,1939, p. 104).− [ymεktœ:ʀ]. − 1reattest. 1840 papet. (Ac. Compl. 1842); de humecter, suff. -eur2*. |